L'Afghanistan prêt à ouvrir 4 600 centres d'inscription électorale malgré une sécurité toujours aléatoire

Alors que des explosions qui n'ont pas fait de victimes se sont produites la semaine dernière à Kunduz et à Kandahar, l'Afghanistan s'apprête à entrer dans la phase II de sa campagne d'inscription électorale et à ouvrir pour cela 4 600 sites d'inscriptions dans 31 provinces, indique la Mission de l'ONU dans le pays.

Un engin explosif artisanal a été déclenché le 22 avril le long du mur d'un entrepôt loué par le Gouvernement au Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) et géré par un partenaire de l'agence, a indiqué hier le porte-parole de la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan, la MANUA, David Singh.

Les résultats de l'enquête préliminaire montre que l'explosion a été probablement causée par les tirs d'une pièce d'artillerie, les dégâts entraînés, qui sont minimes, excluant l'hypothèse d'une grenade ou d'une attaque au mortier, a-t-il indiqué, précisant par ailleurs que l'entrepôt était gardé 24 heures sur 24.

Le même jour, à près de 5 heures du matin et à environ 200 m de l'entrée des Douanes sur la route de l'aéroport de Kandahar, un engin a explosé au moment où un individu qui n'a pas été identifié était en train de l'installer ou de l'armer. L'homme est mort sur le coup. Aucune autre victime et aucun dommage de biens appartenant à l'ONU n'on été enregistrés, indique David Singh.

Le matin du même jour à 9 h 10, un véhicule de l'ONU transportant deux collaborateurs locaux de l'Organisation se dirigeait vers l'aéroport suivi d'un convoi de deux voitures portant le sigle de l'ONU. A environ cinq km après l'entrée des Douanes, donc toujours à peu près au même endroit, le véhicule est passé sur un aqueduc flanqué de part et d'autres de tonneaux peints en rouge et blanc, utilisés comme signaux routiers. Lorsque le véhicule s'est trouvé à moins d'un mètre du dernier tonneau, celui-ci a explosé, envoyant le véhicule 2 à 3 m en arrière. Aucun membre du personnel n'a été blessé et le véhicule a même pu redémarrer. L'ensemble du convoi est cependant retourné au Siège de l'ONU.

L'enquête a indiqué que, dans la mesure où le tonneau était visible jusqu'à 1000 m de l'endroit où il se trouvait, l'explosif qui avait été placé à l'intérieur, avait probablement été actionné à distance.

En réponse aux questions des journalistes présents, le porte-parole de la MANUA a précisé que toutes les opérations de l'ONU avaient été provisoirement suspendues dans la région de Kandahar y compris la gestion des sites d'inscription électorale. L'équipe provinciale de reconstruction continue ses patrouilles dans la ville et des points de contrôle supplémentaires ont été installés par le Gouvernement, a-t-il ajouté, précisant que toutes ces mesures étaient temporaires, ne dureraient que pendant l'enquête et que le personnel international ou local de l'ONU n'avait pas été évacué.

En ce qui concerne la mise en place de bureaux d'inscription électorale dans de nouveaux sites, le porte-parole a également indiqué, en réponse à une question de la presse, que les secteurs considérés insuffisamment sûrs sont Tirin Kot (Uruzgan), Qalat (Zabul), Sharan (Paktika) et Paroon (Nouristan). Des évaluations sont en cours dans ces secteurs et l'on étudie l'envoi de la Force internationale d'assistance à la sécurité.

En ce qui concerne l'incident à Kunduz, il a précisé qu'il y a déjà eu un autre incident du même type en 2003. En revanche, il a démenti qu'il y ait eu des coups de feu tirés sur les bureaux du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) à Kandahar.

« La question de la sécurité est devenue prééminente quand une de nos collègues du HCR a été assassinée. Ce qui semble émerger, c'est que la différence entre les objectifs militaires et non-militaires s'amoindrit. Mais nous n'avons pas atteint le point où nous envisageons l'évacuation. Nous suspendons nos opérations quand de tels incidents se produisent et les reprenons quand nous avons le sentiment que la sécurité est meilleure .Pour le moment, un de nos principaux objectifs est de nous assurer que le processus électoral se poursuive. Les Afghans doivent pouvoir exercer leur droit de vote en toute sécurité de même que notre personnel doit pouvoir les aider en toute sécurité », a-t-il déclaré.

« La solution immédiate à ce problème, celle que nous réclamons depuis plus de 18 mois est l'augmentation du personnel de sécurité en dehors de Kaboul ce qui signifie l'accroissement des forces internationales de l'OTAN. La solution à long terme est le développement de l'armée et de la police afghanes », a ajouté David Singh.

La dernière fois que toutes les opérations de l'ONU ont été suspendues est lorsque le Ministre de l'aviation a été tué à Hérat, a-t-il précisé en réponse à une question.

Le porte-parole de la MANUA a par ailleurs indiqué que 4 600 sites d'inscription électorale étaient sur le point d'ouvrir dans 31 provinces et que, dans chacun de ces centres, des coordonnateurs de terrain étaient en train de former le personnel. Chaque site comprendra deux bureaux d'inscription, l'un pour les femmes, l'autre pour les hommes. Au total, 36 800 personnes seront recrutées pour l'ouverture de cette seconde phase d'inscription qui commencera le 1er mai.