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Côte d'Ivoire : le chef du maintien de la paix à l'ONU réclame des actes concrets en faveur de la paix

Côte d'Ivoire : le chef du maintien de la paix à l'ONU réclame des actes concrets en faveur de la paix

Jean-Marie Guéhenno
Entre les casques bleus et la force Licorne, il y aura bientôt près de 11 000 hommes déployés en Côte d'Ivoire, a déclaré le chef du maintien de la paix de l'ONU. A cet effort de la communauté internationale, les parties ivoiriennes doivent répondre par un engagement réel en faveur du processus de paix.

Pour le Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, Jean-Marie Guéhenno, qui s'exprimait d'Abidjan où il achevait hier sa mission en Côte d'Ivoire, il est « essentiel que dans les prochaines semaines, les propos encourageants que nous avons entendus ces derniers jours se traduisent par des actes concrets. »

Quinze jours après la mise en place de l'ONUCI, l'Opération de maintien de la paix des Nations Unies en Côte d'Ivoire, la présence du chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, à la tête d'une délégation de haut niveau montre l'importance que la Communauté internationale attache à la poursuite du processus de paix en Côte d'Ivoire, fait-il observer dans un communiqué diffusé par la Mission de l'ONU dans le pays.

« C'est aussi une manifestation d'inquiétude », selon Jean-Marie Guéhenno qui a souligné qu'alors que des investissements massifs étaient prévus en Côte d'Ivoire, non seulement en termes de maintien de la paix mais aussi en matière d'aide financière, chiffrée « en centaines de millions de dollars », apportée par la Banque mondiale et l'Union européenne, il est important que le contrat passé entre la communauté internationale et la Côte d'Ivoire soit respecté.

« La base de ce contrat, ce sont les Accords de Linas-Marcoussis, instrument qui doit conduire à l'organisation d'élections crédibles et transparentes d'ici à la fin de 2005. Quinze mois après la signature de ces Accords, il est urgent de rattraper le temps perdu », a déclaré le Secrétaire général adjoint qui a insisté sur l'urgence qu'il y avait à « rattraper le temps perdu. »

« Il faut que le Gouvernement gouverne, sous la direction du Premier Ministre et la responsabilité du Chef de l'Etat, que les ministres retrouvent leur place à la table du Conseil des Ministres et prennent toute leur part du travail gouvernemental, il faut que les textes législatifs prévus par les Accords de Linas-Marcoussis soient adoptés sans délai », a-t-il déclaré.

Il a qualifié d'inacceptable le recours à la violence verbale et physique et souligné le rôle que les médias peuvent jouer « si leur message cesse d'inciter à la violence et de susciter la peur. »

« S'agissant de la sécurité physique des personnes, tout soutien à des groupes armés ou à des milices est inacceptable », a indiqué M. Guéhenno.

Il a insisté également sur fait que le processus de Désarmement, de Démobilisation et de Réinsertion (DDR) devait commencer sans tarder et a fait remarquer que des moyens financiers importants avaient été dégagés qui risquaient d'être perdus si les retards ne sont pas rattrapés.

« Sur ce point comme sur les autres, la logique des préalables conduit à l'impasse. (...) L'inaction des uns ne sera jamais à nos yeux une excuse pour l'inaction des autres. Nous attendons des responsables ivoiriens qu'ils relancent une dynamique positive », a ajouté M. Guéhenno.

« La Communauté internationale est attentive, a-t-il poursuivi et à mon retour à New York, je ferai un rapport au Conseil de sécurité. Il est donc essentiel que dans les prochaines semaines, les propos encourageants que nous avons entendus ces derniers jours se traduisent par des actes concrets.

Un processus de paix se construit par la volonté des groupes politiques (...) C'est à l'aune de leurs actes que la Communauté internationale déterminera la conduite à tenir, afin que la Côte d'Ivoire ne rate pas son rendez-vous avec la paix.

La délégation conduite par M. Guéhenno comprennait les représentants de trois pays membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, France et Royaume-Uni), le Secrétaire exécutif de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) et le représentant de 1'Union Africaine.