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L'Afghanistan au Conseil de sécurité : les inscriptions bientôt en phase II et Herat qui sombre dans la violence

L'Afghanistan au Conseil de sécurité : les inscriptions bientôt en phase II et Herat qui sombre dans la violence

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Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU a décrit devant le Conseil de sécurité ce matin, les nouveaux défis électoraux que posaient la constitution dont s'est dotée l'Afghanistan, les problèmes créés par une croissance économique à 30% et cité les affrontements à Herat comme preuve supplémentaire que le problème de l'insécurité n'était pas résolu.

En créant une Assemblée composéed'une Chambre haute et d'une Chambre basse, la nouvelle constitution afghane posent des problèmes électoraux supplémentaires, a exposé ce matin le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hédi Annabi au Conseil de sécurité .

L'élection de la Chambre haute, la Meshrano Jirga ou Conseil des Anciens, pose des problèmes particulièrement difficiles. Deux tiers des représentants doivent être élus par des conseils provinciaux ou des conseils de district ce qui veut dire que ces conseils eux-même doivent être élus, a expliqué M. Annabi qui ajouté que « gérer simultanément des élections à des niveaux différents constituait une tâche énorme. »

Une autre difficulté réside dans le fait qu'il n'existe pas de chiffres crédibles sur la population de l'ensemble des provinces et que les frontières de certains districts font l'objet de disputes. Même si l'attention à Kaboul est concentrée sur cette question, « nous espérons que des décisions seront prises très vite sur le calendrier et la séquence des élections », a indiqué M. Annabi.

« M. Brahimi avait l'habitude de dire qu'il faut se hâter avec lenteur et qu'on ne tient pas des élections comme l'on fait du café instantané et c'est particulièrement vrai dans le cas de ces élections qu'il est important d'organiser en restant autant que possible dans le cadre fixé à Bonn tout en organisant les choses de telles sortes qu'elles soient perçues comme étant justes et équitables », a-t-il ajouté.

En revanche, il a indiqué que la première phase des inscriptions électorales, menées, comme l'indique le rapport du Secrétaire général, dans les huit principales villes du pays jusqu'en avril, se déroulaient « plus ou moins comme prévu ». Les chiffres d'hier donnaient 1, 56 millions d'inscrits sur un potentiel d'électeurs estimés dans ces villes à 1, 9 millions, a-t-il précisé.

Il a également indiqué que les préparatifs étaient en cours en ce qui concerne le lancement de la phase II pendant laquelle l'objectif était d'inscrire, sur une période d'un mois commençant le 1er mai, les électeurs restants estimés être 8 millions.

« A condition toutefois que la sécurité le permette », a précisé le Sous-Secrétaire général qui s'est félicité de la requête du Président Karzai demandant à l'OTAN de fournir des troupes supplémentaires pendant la période électorale.

Il a cité en exemple le cas d'Herat considéré jusqu'alors comme un des secteurs les plus stables d'Afghanistan et qui vient d'être le théâtre d'une véritable bataille rangée entre les forces loyales au Gouverneur provincial et celles du général nommé par Kaboul.

L'explosion de violence a commencé, a-t-il indiqué, par un accident de la circulation transformée par la rumeur en tentative d'assassinat du Gouverneur. Son fils, le Ministre de l'aviation et du tourisme, entendant cela, a cherché à pénétrer en voiture de force dans la résidence du général commandant le secteur.

Dans l'échange de coups de feu qui a suivi, le Ministre mais aussi les chefs des services de renseignement et de la lutte anti-drogue ont été tués ce qui a, à son tour, déclenché une bataille de six heures à l'artillerie lourde dans la ville.

M. Annabi voit dans cette explosion de violence à Herat la preuve qu'il ne faut pas négliger le problème de la sécurité. La Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a plaidé pour que 100% des armes lourdes soient collectées et mises en sécurité et que 40% des milices soient démobilisées d'ici aux élections. « Sans ces mesures, le choix politique véritable que requiert une élection crédible est tout simplement impossible », a-t-il souligné.

Il a également expliqué que l'un des problèmes auxquels était confronté le pays et qui préoccupe le gouvernement, est liée à la croissance économique de l'Afghanistan, estimée à 30% en 2002 et à 20% en 2003, ce qui a entraîné des déplacements de population des zones rurales vers les villes, accentuant les tensions urbaines.

Il a conclu en évoquant l'occasion que fournissait la rencontre de Berlin la semaine prochaine pendant laquelle la communauté internationale aura, selon lui, à mener une réflexion sur les moyens de satisfaire à la lettre et à l'esprit de l'Accord de Bonn.