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Haïti : situation apaisée à Port-au-Prince et vide sécuritaire partout ailleurs

Haïti : situation apaisée à Port-au-Prince et vide sécuritaire partout ailleurs

Jan Egeland au Conseil de sécurité
Ce qu'il faut comprendre, a déclaré le Coordonnateur des Nations Unies pour les secours d'urgence, au Conseil de sécurité ce matin, c'est que le traumatisme créé par les événements de ces dernières semaines s'inscrit dans ce qui était déjà une situation d'urgence 'silencieuse' » et que l'action ne peut se substituer aux mesures à long terme prenant en compte la façon de gouverner et la pauvreté.

Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur de l'ONU pour les secours d'urgence, qui faisait le point sur la situation en Haïti devant le Conseil de sécurité ce matin, a décrit ce qu'il entendait par situation d'urgence silencieuse, décrivant un pays où 42% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où seulement 20% des adultes ont un travail régulier, où 40% de la population n'a accès à aucune sorte de services de santé et où on enregistre le plus fort taux de mortalité maternel de tout l'hémisphère occidental.

« Un enfant sur dix meurt avant 5 ans et la moitié des enfants en âge scolaire ne vont pas à l'école », a encore précisé Jan Egeland, ajoutant que les événements récents n'ont fait qu'exacerber l'extrême pauvreté et la vulnérabilité du pays.

Que ce soit en matière de services de santé, de sécurité alimentaire ou d'éducation, les besoins atteignent un stade critique, a-t-il indiqué, précisant que, pendant plusieurs semaines, les agences humanitaires n'ont pu avoir accès à la population qui bénéficie habituellement de leur aide.

Jan Egeland a insisté sur le fait que l'élément déterminant dans la reprise des activités humanitaires était le rétablissement rapide de l'ordre et du droit de telle sorte que l'accès à toutes les régions du pays soit de nouveau possible et sûr.

« Nous avons maintenu en place 45% de nos employés internationaux à Port-au-Prince après avoir évacué vers Saint-Domingue tout le personnel qui n'était pas indispensable », a-t-il expliqué, précisant toutefois qu'au cours des trois derniers jour la situation s'était globalement améliorée, même si elle restait instable, notamment à Port-au-Prince où le couvre-feu est maintenu et où le pillage et les coups de feu diminuent.

En dehors de la capitale, le vide prévaut en matière de sécurité, a ajouté M. Egeland. Par exemple, à Fort Liberté, ce sont des prisonniers récemment remis en liberté qui ont pris en charge la sécurité du secteur.

Il a souligné la rapidité de réaction des Nations Unies comme de la communauté internationale. « En tant que coordinateur des secours d'urgence », il a indiqué avoir chargé de la coordination humanitaire pour Haïti, le Résident-Coordinateur de l'ONU et représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Adama Guindo qui a mis en place un groupe de coordination incluant l'ONU et les organisation non gouvernementales (ONG).

« L'UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance), le PAM (Programme alimentaire mondial de l'ONU), le PNUD et mon propre Bureau de la coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA ) ont déployé du personnel d'urgence et se tiennent prêts à en déployer d'autre dès que la sécurité le permettra », a précisé M. Egeland.

Il a également indiqué que le PAM avait repris ses distributions de vivres à Port-au-Prince, qu'un vol de l'UNICEF transportant 30 tonnes de matériel médical, éducatif et sanitaire était arrivé dans la capitale mercredi et que l'agence avait commencé la distribution avec l'aide d'ONG partenaires de fournitures médicales aux hôpitaux et centres de santé. L'UNICEF et l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) ont entreposé des ressources en République dominicaine en prévision d'opérations d'acheminement transfrontalières.

Si la situation le permet, nous ouvrirons des corridors humanitaires et cinq centres de secours régionaux à Cap Haïtien, Gonaïves, Hinche, Fort Liberté et Les Cayes, a ajouté M. Egeland qui a précisé mettre également la dernière main à un Appel Eclair qui sera lancé la semaine prochaine à Port-au-Prince et New York.

En conclusion, le Coordonnateur a fait observer que les activités humanitaires n'étaient jamais que des mesures à court terme et qu'elles devaient être accompagnées de mesures à long terme qui prennent en compte la gouvernance et la pauvreté.