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Burundi : une situation politique prometteuse mais des problèmes d'accès à la terre et d'autosuffisance alimentaire

Burundi : une situation politique prometteuse mais des problèmes d'accès à la terre et d'autosuffisance alimentaire

Au sortir de dix ans de conflit, le Burundi se trouve dans une situation apaisée sur 95% de son territoire, tout en étant confronté aux problèmes des pays en sortie de crises, doit aussi faire face à un problème d'accès à la terre lié à la surpopulation et à la nécessité de parvenir à l'autosuffisance alimentaire, indique un rapport de l'ONU publié aujourd'hui qui insiste pour qu'une assistance internationale soutenue vienne appuyer « une situation politique qui n'a jamais été aussi prometteuse. »

Il a fallu dix ans au Burundi et trois accords successifs s'échelonnant entre 2000 et 2003 pour faire baisser de façon substantielle le niveau de violence, 95% du territoire échappant désormais aux hostilités, indique le Groupe consultatif spécial chargé par le Conseil économique et social de l'ONU (ECOSOC) d'étudier les besoins du pays au plan humanitaire et économique.

« Le retour de la paix a mis en lumière l'ampleur des difficultés auxquelles le Gouvernement de transition doit faire face», souligne le Groupe consultatif dont le rapport a été rendu public aujourd'hui.

Pays à forte densité de population, le Burundi compte aussi la proportion de personnes déplacées la plus élevée d'Afrique. Il est classé parmi les pays les moins avancés et recense plus de 90 % de sa population dans les zones rurales.

Du fait de la baisse des prix du café, qui représente 85 % des exportations du pays, les recettes en devises du Burundi ont diminué de plus de 60 %. 89,2 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour et 58,4 %, avec moins de 1 dollar par jour. Selon les estimations de la Banque mondiale, l'économie s'est contractée de 25 % au cours des cinq dernières années.

La communauté internationale a commencé à répondre aux besoins du Burundi, indique le rapport. Dans le cadre d'une procédure d'appel global pour 2004, l'équipe pays des Nations Unies et ses partenaires ont requis une enveloppe de plus 71 millions de dollars, qui devrait permettre de venir en aide aux plus vulnérables et aussi de jeter les bases du développement et de la réconciliation. En 2003, un appel similaire avait permis de recueillir 21 millions de dollars. Un accord triennal consenti par le Fonds monétaire international devrait déboucher sur un allégement de la dette du pays en 2005.

« En attendant le déploiement d'une force de maintien de la paix », le Groupe consultatif spécial insiste sur la nécessité de poursuivre l'appui à la Mission africaine au Burundi, la MIAB, qui, selon lui, revêt une importance cruciale au moment où le pays s'achemine vers les élections prévues en octobre prochain.

Outre les problèmes classiques qui se posent dans les pays en situation d'après conflit, notamment le désarmement et la réintégration des combattants ainsi que la violence contre les femmes, le banditisme et la corruption qui subsistent dans certaines parties du pays, le Groupe attire l'attention sur un problème spécifique au Burundi, compte tenu de la densité de population déjà élevée et de la nécessité de réinstaller de nombreux rapatriés et sinistrés, celui de l'accès à la terre. Il recommande au Gouvernement de s'attaquer à ce problème et recommande de recourir au Bashingantahe (Conseils de sages intervenant au niveau communal ou provincial).

Le Groupe estime que la sécurité alimentaire demeure l'un des grands défis du pays et qu'il faut réduire progressivement la dépendance à l'égard de l'aide alimentaire par la promotion de l'autosuffisance au niveau communautaire. Il engage les autorités burundaises à redoubler d'efforts pour remettre en état le secteur agricole et demande aux organisations internationales, en particulier la FAO et le PAM, ainsi qu'aux donateurs, de continuer d'épauler concrètement l'action du Gouvernement dans ce domaine.

Néanmoins, malgré l'ampleur des difficultés, le rapport conclut que « la situation politique au Burundi n'a jamais été aussi prometteuse » mais qu'elle pourrait se trouver compromise si un appui international soutenu ne lui était pas apporté.