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Il faut le soutien de tous au retrait des colons décidé par Ariel Sharon, déclare un responsable de l'ONU au Conseil de sécurité

Il faut le soutien de tous au retrait des colons décidé par Ariel Sharon, déclare un responsable de l'ONU au Conseil de sécurité

Intervention de Terje Roed-Larsen au Conseil
Le retrait des colons de Gaza décidé pour la première fois par un Premier Ministre israélien doit, si cette décision est suivie d'effet, être considéré comme un pas en avant dans l'application de la Feuille de route et sa mise en œuvre doit faire l'objet d'une coopération des Palestiniens et de la communauté internationale, a indiqué ce matin un responsable de l'ONU devant le Conseil de sécurité.

« Aucun Premier Ministre israélien avant lui n'avait eu l'audace et la vision de dire qu'il allait retirer les colons et lancer un plan de mise en œuvre » de cette décision, a déclaré ce matin Terje Roed-Larsen, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant spécial du Secrétaire général sur la situation au Moyen-Orient, devant le Conseil de sécurité. Il a affirmé qu'il s'agissait « d'une mesure audacieuse nécessaire à la restauration de la confiance entre les deux parties et à la réalisation de toutes les dispositions prévues par la Feuille de route. »

« Le Premier Ministre Qurie [palestinien] a fait de même récemment après avoir rencontré le Président égyptien, Hosni Mubarak, en indiquant qu'il acceptait de considérer cette mesure comme la première étape d'un retrait plus large », a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il s'attendait à en savoir plus prochainement sur les modalités opérationnelles du plan de M. Sharon.

Le Coordonnateur spécial a précisé « qu'au cours des dernières semaines, des responsables de poids à la fois israéliens et palestiniens se sont rencontrés » et espère qu'« une première rencontre entre les Premiers ministres, M. Qurie et M. Sharon aura lieu à la première occasion. »

Si cela se produit, a poursuivi Terje Roed-Larsen, « il se pourrait que nous assistions aux préalables d'actions audacieuses qui nous permettraient de nous acheminer vers la paix. » Cependant, a-t-il souligné, « il est peu probable que, dans la pratique, le retrait sans heurts de milliers de colons puisse avoir lieu sans la coopération de l'Autorité palestinienne et l'assistance de la communauté internationale. »

« Sans une telle coopération et une telle assistance, le retrait pourrait facilement renforcer les éléments les plus radicaux, affaiblir l'Autorité palestinienne et entraîner encore plus de violence. [...] Dans la pratique, un retrait doit être négocié entre les deux parties ou par l'entremise d'une troisième partie », a mis en garde Terje Roed-Larsen.

Il a toutefois tempéré « cette vision prudemment positive de la situation » par la description de la sombre réalité à laquelle étaient confrontés « Palestiniens et Israéliens. »

« Nous nous trouvons toujours dans une impasse caractérisée par la persistance de la violence et le manque de progrès constructifs de la Feuille de route, une occupation israélienne fermement établie et peu de tentatives de réforme de la part des Palestiniens », a-t-il déclaré, ajoutant que « l'annonce du retrait de Gaza s'était produite dans le contexte d'une reprise récente de la violence » entraînant la mort de 11 Israéliens et de 65 Palestiniens depuis sa dernière intervention devant le Conseil le 16 janvier.

Au plan économique, la situation reste sombre en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, le chômage y est élevé et la pauvreté généralisée, a également indiqué M. Terje Roed-Larsen. Il a précisé toutefois que la Banque mondiale et le FMI [Fonds monétaire international] ainsi que le ministère palestinien des Finances avaient noté une stabilisation économique en 2003. L'économie de la Cisjordanie a progressé de 4,5%, croissance accompagnée de création d'emplois.

« Même si cela semble prometteur », a ajouté le Coordonnateur spécial, il faut lire ces chiffres dans le contexte d'une économie qui s'était « sérieusement contractée. »

Il a également évoqué la frustration des donateurs, générée par le détournement de fonds destinés au développement et qui servent à répondre aux besoins humanitaires. Ce phénomène a causé une diminution des fonds versés à l'Autorité palestinienne qui l'a conduite au bord de la faillite, « une catastrophe potentielle car le versement des salaires par l'Autorité constitue une des maigres ressources des familles palestiniennes », a-t- indiqué.

A propos de la requête pour avis consultatif effectuée par l'Assemblée générale auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), M. Roed-Larsen a indiqué que le 12 février, Israël avait décidé de ne pas participer aux audiences. Il a toutefois précisé que, dans le même temps, le Gouvernement d'Israël avait modifié le tracé de la clôture, la rapprochant de la démarcation entre Israël d'une part et la Cisjordanie et Gaza d'autre part dénommée Ligne verte.

« La litanie des informations négatives associées à l'annonce positive de M. Sharon sur le retrait de Gaza met en évidence l'importance de relancer le processus de paix via la Feuille de route », a déclaré le Coordonnateur spécial, ajoutant qu'il faudra « s'assurer cette fois que cette relance ne subisse pas le sort de la première tentative de mise en oeuvre de la Feuille de route. »

Il a jugé indispensable que le Quatuor reprenne contact avec les parties et revitalise ces efforts. « Les parties ont montré qu'elles ne pouvaient ramener la paix par elles-mêmes. Elles ont trop peu confiance l'une envers l'autre pour pouvoir travailler ensemble sans aide internationale », a-t-il affirmé.

Se référant aux récentes découvertes d'explosifs du côté israélien de la Ligne bleue [ligne de retrait des forces israéliennes du Liban] et à l'attaque du Hezbollah le 19 janvier sur les Forces de défense israéliennes, M. Roed-Larsen a demandé au Gouvernement du Liban qu'il exerce un contrôle complet dans le Sud du Liban afin d'y assurer la paix et la sécurité internationales.

La Feuille de route est le plan de paix soutenu par les Etats-Unis, l'ONU, la Russie et l'Union européenne, les quatre entités désignées par le terme de Quatuor qui recherchent un règlement permanent du conflit israélo-palestinien, réclamant à chaque partie de prendre une série de mesures qui aboutirait à la création d'un Etat palestinien coexistant pacifiquement avec Israël.