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Le chef des réfugiés à l'ONU recommande une gestion collective de l'asile en Europe et critique à nouveau le projet de directive européenne

Le chef des réfugiés à l'ONU recommande une gestion collective de l'asile en Europe et critique à nouveau le projet de directive européenne

Le Haut Commissaire pour les réfugiés, Ruud Lubbers
Le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés a prévenu aujourd'hui les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne qu'ils risquaient de se retrouver submergés par les demandeurs d'asile à la suite de l'élargissement de l'UE et a notamment proposé de créer une Agence européenne de l'asile qui gèrerait collectivement les demandes et répartirait le poids de l'accueil des réfugiés. Il a également exprimé les inquiétudes que continue d'entretenir le HCR à l'égard du projet de directive de l'Union sur les procédures d'asile.

Le Haut Commissaire pour les réfugiés, Ruud Lubbers, qui s'adressait aujourd'hui aux ministres européens lors d'une réunion à Dublin, a souligné que la nouvelle législation harmonisée de l'Union élargie risquait de créer un afflux de demandeurs d'asile susceptible de submerger des systèmes nationaux aux ressources déjà insuffisantes.

« Cela serait particulièrement ironique au moment où le nombre des demandeurs d'asile diminue », a souligné le Haut Commissaire qui a mis en garde contre le danger de voir les procédures harmonisées « tout simplement s'effondrer dans les nouveaux Etats frontières, en créant plus de mouvements illicites -et non moins- entre les Etats de l'UE. »

Ruud Lubbers a présenté aux ministres un document de 7 pages détaillant les mesures qu'il proposait pour éviter ce problème tout en maximisant le processus harmonisé d'asile de l'Union. « Ce dispositif inclut des mesures visant à réduire le recours abusif au système sans accentuer la spirale descendante d'une législation de l'asile toujours plus restrictive », indique un communiqué du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) publié aujourd'hui.

Au nombre des mesures proposées, figure la création de centres de réception de l'UE où les demandes seraient traitées par des équipes expérimentées aidées d'interprètes. Il y est prévu un système de répartition du poids que constituent ceux qui seraient reconnus comme réfugiés entre les différents pays de l'UE « au lieu de les laisser s'installer dans une poignée de pays. »

Ruud Lubbers suggère également la mise en place d'un système collectif européen de renvoi des demandeurs d'asile qui n'auraient pas été reconnus comme réfugiés ou qui auraient besoin d'une autre forme de protection internationale.

Ce système s'appuierait sur des accords de réadmission négociés par l'UE dans son ensemble avec les pays d'origine et impliquerait la création d'une Agence européenne de l'asile.

« En somme, a déclaré Ruud Lubbers, le HCR propose d'évoluer vers une gestion centralisée de certaines catégories de demandeurs d'asile au lieu de maintenir la détermination du statut au niveau national. »

Cela présente selon lui l'avantage de permettre des économies d'échelle, le partage de l'expertise, d'éviter les duplications de procédures et des mouvements incontrôlés de population.

« L'UE ne peut plus se permettre de voir le problème à travers le petit bout de sa lorgnette », a-t-il affirmé. « Les demandeurs d'asile viennent de pays et de régions en proie à des troubles. Il faut leur prêter plus d'attention et les aider. »

Le Haut Commissaire a conclu sur ce sujet en souhaitant que la première phase de l'harmonisation de la législation européenne soit finalisée d'ici à la mi-année.

Il a toutefois profité de cette réunion pour exprimer les problèmes que le HCR voyait dans la version actuelle du projet de directive européenne sur les procédures d'asile.

Il a notamment souligné que le projet actuel ne comportait pas moins de 23 catégories pour lesquelles un appel opposé à un refus n'aurait pas d'effet suspensif et a indiqué que, du point de vue de l'agence, ces catégories allaient bien au-delà des circonstances limitées qui permettent de faire exception au droit de base qui permet de demeurer dans le pays en attendant le résultat d'un appel.