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En désignant les mouvements qui utilisent des enfants soldats, Kofi Annan fournit au Conseil de sécurité les moyens de l'action, affirme un responsable de l'ONU

En désignant les mouvements qui utilisent des enfants soldats, Kofi Annan fournit au Conseil de sécurité les moyens de l'action, affirme un responsable de l'ONU

Olara Otunnu
Devant le Conseil de sécurité, réuni ce matin pour débattre de la question des enfants dans les conflits armés, un haut responsable de l'ONU dans ce domaine a souligné que le rapport du Secrétaire général, qui fournit une liste nominative des mouvements armés qui recrutent ou utilisent des enfants, fournissait également au Conseil les moyens de l'action, lui demandant de prendre les mesures suffisantes pour que l'on entre enfin dans « l'ère de l'application ».

Pour le Secrétaire général adjoint et Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Olara Otunnu, qui s'exprimait ce matin devant le Conseil de sécurité, malgré les progrès réalisés dans ce domaine notamment en termes de prise de conscience et de prise en compte de la question des enfants placés dans des situations de conflits, la situation de ces enfants restent en général « grave et inacceptable » et les parties engagées dans des conflits « continuent de violer les droits des enfants en toute impunité. »

« Le Conseil de sécurité se doit d'ouvrir la voie en prenant des mesures créant la 'masse critique' permettant de faire entrer les enfants exposés à la guerre dans l'ère de l'application » de ces mesures, a déclaré M. Otunnu. Pour ce faire, il s'est appuyé sur les recommandations présentées par le Secrétaire général dans son rapport sur la question, notamment celle concernant la mise au point d'un mécanisme systématique et coordonné de surveillance et de communication de l'information qui permettrait disposer de rapports périodiques objectifs et fiables sur les violations commises à l'encontre d'enfants par des parties à un conflit.

Dans chaque pays, la responsabilité de telles activités « reviendrait principalement aux missions de la paix de l'ONU et à ses équipes pays coordonnées par le Représentant spécial du Secrétaire général ou le résident coordonnateur», a ajouté M. Otunnu.

Rappelant que les enfants pris dans les conflits armés sont tués, mutilés, violés, kidnappés, qu'ils sont inaccessibles à l'aide humanitaire, privés de leurs droits sur les ressources naturelles de leur pays et qu'ils sont enrôlés comme enfants soldats, le Représentant spécial a déclaré que « ces enfants recherchaient la protection du Conseil de sécurité.»

« C'est pour cela que j'insiste pour que tout projet de surveillance et de communication expose au grand jour les activités nocives exercées contre les enfants », a-t-il indiqué, soulignant que l'annexe 1 du rapport du Secrétaire général liste quelque 32 parties à six situations différentes qui figurent à l'ordre du jour du Conseil tandis que l'annexe 2 est composée de 22 parties impliquées dans 9 situations qui ne figurent pas à cet ordre du jour.

« Vous avez devant vous toute l'information nécessaire à l'action », a ajouté M. Otunnu qui poursuivi en affirmant que « il faudrait demander aux parties figurant sur la liste de préparer, dans des délais relativement courts et avec l'aide des équipes de l'ONU sur le terrain, des plans assortis de calendriers qui prévoit de mettre un terme à la pratique et au recrutement des enfants soldats. »

« Le problème est immense », a renchéri la directrice exécutive de l'UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, Carol Bellamy. « Par exemple au Libéria, on estime à 15 000 le nombre des enfants soldats. Une enquête récente en Sierra Leone a montré que dans 17% des foyers déplacés, on faisait état d'abus sexuels incluant le viol, la torture, l'esclavage sexuel. »

« Du Congo au Libéria, du Sri Lanka en Colombie, des fillettes et des garçons continuent d'endurer la brutalité de la guerre. Quand la vie et les droits des enfants sont en jeu, nous n'avons pas le droit de rester silencieux », a-t-elle déclaré.

Mme Bellamy a évoqué les rangées et les rangées de lits occupés dans les hôpitaux de la République démocratique du Congo (RDC) par des fillettes et des femmes qui sont soignées pour des blessures graves qui sont les conséquences de viols.

Elle a aussi énuméré les actions menées par l'UNICEF pour aider les enfants en Afghanistan, au Libéria, en RDC et a indiqué qu'à l'occasion de ce débat du Conseil de sécurité, l'agence et la « Coalition to Stop the Use of Child Soldiers » publiaient un Guide qui fournit toutes les informations nécessaires aux défenseurs des droits des enfants pour agir au niveau local, national et international.