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Le Kosovo est en 2004 à la croisée des chemins et lui seul peut décider de la voie à choisir, a déclaré l'Envoyé de l'ONU

Le Kosovo est en 2004 à la croisée des chemins et lui seul peut décider de la voie à choisir, a déclaré l'Envoyé de l'ONU

Intervention de Harri Holkeri à la réception
« Le Kosovo ne peut demeurer dans un vide politique. Nous sommes encore ici pour aider le Kosovo non pour le gêner. Notre but est de finir le travail entrepris pour trouver une solution à son futur statut et nous en aller », a déclaré aujourd'hui, à l'occasion de ses voeux de Nouvel An, le Représentant spécial de l'ONU.

« Mais d'abord, il faut adhérer aux normes et les mettre en oeuvre », a ajouté Harri Holkeri, le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU et chef de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).

Les tâches qui attendent les Institutions provisoires du Kosovo et la MINUK en 2004 ne manquent pas. Outre l'application des normes, Harri Holkeri a cité la tenue d'élections parlementaires équitables, la poursuite du dialogue entre Pristina et Belgrade, le retour et la réinstallation en toute sécurité des personnes déplacées, la poursuite de la privatisation, la mise en place d'une économie de marché.

Il a ajouté qu'il importait également de garantir l'état de droit, de promouvoir la multiethnicité à tous les niveaux, d'instaurer un environnement sûr pour tous les citoyens du Kosovo et de rester vigilants à l'égard de la menace posée par l'extrémisme et le terrorisme.

« Le Kosovo peut être un endroit plus sûr qu'il ne l'était il y a un an. Il est certainement beaucoup plus sûr qu'il ne l'était il y a deux ans », a-t-il déclaré. « Toutefois les tirs en provenance d'un véhicule qui se sont produits samedi soir près de Lipljan et les affrontements entre villageois serbes et albanais qu'ils ont provoqués dimanche montrent à quel point la colère, la frustration et l'intolérance bouillonnent et sont encore prêtes à refaire surface », a ajouté M. Holkeri.

« De même, la célébration pacifique du Noël orthodoxe à Decani, la semaine dernière, a été assombrie par des boules de neige quelque peu « alourdies » visant un bus de pèlerins. Le résultat ? Une série de protestations, une couverture médiatique très négative et un débat au Conseil de sécurité », a regretté le Représentant spécial.

Il a dépeint « nos relations avec les Serbes du Kosovo » comme « demeurant fragiles » « tout autant influencées par ce type de 'boules de neige' que par l'incertitude concernant le futur gouvernement à Belgrade, l'insécurité des personnes de retour ou les querelles parlementaires. »

Il a en revanche estimé que « nos relations avec la communauté majoritaire albanaise étaient bonnes, même si nous ne voyons pas toujours les choses de la même façon. Ce que le Président de l'Assemblée, Nexhat Daci, appelle la politique du mahalla, c'est-à-dire celle qui donne la priorité à l'intérêt local ou à celle du parti, est encore très présente au Kosovo », a-t-il fait observer.

Or « tout cela n'a rien d'un jeu, c'est au contraire très sérieux et aura des conséquences à long terme, a poursuivi M. Holkeri. Ne pensez surtout pas que tout ce qu'il faut faire, est être patient et que tout s'arrangera d'ici à la mi-2005. »

« Ce n'est pas ainsi que cela va se passer, a-t-il affirmé. Le Kosovo doit choisir maintenir entre la voie déjà prise par les nouvelles démocraties de l'Europe centrale et orientale, qui, quinze ans après des révolutions largement pacifiques ayant mis fin au totalitarisme, sont sur le point de rejoindre l'Union européenne. »

« Ou alors, a-t-il poursuivi, il peut choisir une autre voie, celle du conflit perpétuel, de la corruption et de la criminalité organisée. »

« Le choix est celui du Kosovo et il doit être pris en conscience », a conclu le Représentant spécial.