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Burundi : la misère risque de mettre en péril les progrès politiques, avertit Kofi Annan

Burundi : la misère risque de mettre en péril les progrès politiques, avertit Kofi Annan

Dans son dernier rapport, le Secrétaire général répertorie les progrès enregistrés au Burundi et dans la région au cours de l'année écoulée mais avertit que ces gains politiques pourraient être remis en cause par la misère à laquelle est confrontée une grande partie de la population.

Les plus importants des progrès réalisés, indique-t-il, sont la signature de l'accord de cessez-le-feu du 2 décembre 2002, la passation pacifique des pouvoirs à la tête de l'État le 1er mai 2003, le déploiement de la Mission africaine au Burundi (MIAB) et la création de la Commission mixte de cessez-le-feu (CMC), la signature, les 8 octobre et 2 novembre 2003, respectivement, des accords de Pretoria sur le partage des pouvoirs politiques, de défense et de sécurité entre le Gouvernement de transition et le Conseil national pour la défense de la démocratie/Force pour la défense de la démocratie (CNDD/FDD) de Pierre Nkurunziza et la signature, le 16 novembre, d'un document relatif à l'application de l'accord global de cessez-le-feu.

Au plan socio-économique en revanche, la misère qui continue de frapper la population burundaise constitue un grave sujet de préoccupation, souligne Kofi Annan qui avertit que « les signes de paix prometteurs qui ont commencé à s'esquisser risquent de s'évanouir s'ils ne s'accompagnent pas d'améliorations des conditions de vie de la population » qui pourrait ainsi jouir des « dividendes de la paix ».

Le rapport fait état de l'accroissement démographique sans précédent qu'a connu le Burundi où la population est passée, sur un territoire exigu, de 2 millions d'habitants en 1950 à 6,9 millions aujourd'hui. Avec 228 habitants au kilomètre carré, le Burundi présente la plus forte densité démographique d'Afrique continentale après le Rwanda, ce qui se traduit par une pénurie grave de terres agricoles.

La situation régnant dans le pays a encore accru le nombre d'habitants vivant dans des conditions d'extrême vulnérabilité, indique par ailleurs le rapport. La mission d'évaluation des récoltes du Programme alimentaire mondial de l'ONU, le PAM, a constaté que 965 000 personnes vulnérables (13,8 % de la population) avaient besoin d'aide alimentaire et d'aide à l'agriculture, et que 595 000 d'entre elles faisaient face à une sérieuse crise vivrière.

Le rapport souligne également que, si l'insécurité constante est l'une des limites auxquelles se heurte l'aide humanitaire, « la faiblesse de la réaction des donateurs en est une autre ». Sur les 72 millions de dollars d'aide non-alimentaire demandés dans l'Appel global pour 2003, 21 millions de dollars (29,7 %) seulement ont été reçus jusqu'à présent.

Le Secrétaire général appelle par conséquent la communauté des donateurs à accélérer le versement des contributions annoncées à Paris et à Genève et à se montrer généreux lors de la table ronde des partenaires qui sera organisée à Bruxelles au début de 2004. Il les encourage également à renforcer leur appui aux activités d'aide humanitaire au Burundi, en particulier dans le cadre de l'Appel global inter-institutions pour 2004 lancé le 19 novembre dernier.

Le Secrétaire général énumère également les problèmes qui restent à régler. Supervision de l'application de l'Accord d'Arusha par la Commission mixte de cessez-le-feu, rapatriement des réfugiés, préparatifs et tenue d'élections, adoption d'une constitution pour la période suivant la transition et d'un code électoral devront être accomplis au cours de l'année à venir.