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Technologie ou pas, 121 millions d'enfants ne voient jamais une salle de classe, déclare la chef de l'UNICEF à Genève

Technologie ou pas, 121 millions d'enfants ne voient jamais une salle de classe, déclare la chef de l'UNICEF à Genève

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La directrice de l'agence de l'ONU pour les enfants, qui lançait officiellement, aujourd'hui le rapport de l'UNICEF sur la situation des enfants dans le monde au Sommet mondial sur la société de l'information à Genève, a déclaré que 121 millions d'enfants dans le monde, dont une majorité de filles, ne voyaient jamais une salle de classe et que toute la technologie du monde ne remplacerait pas ce qu'ils sont en train de perdre.

« Les progrès de la technologie de l'information depuis 25 ans sont véritablement étonnants, a déclaré la directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Carol Bellamy. Et pourtant chaque année, plus de 121 millions d'enfants ne voient jamais une salle de classe. Toute la technologie du monde ne remplacera pas ce que ces enfants sont en train de perdre. Pour garantir une éducation de base de qualité à chaque enfant, nous n'avons pas besoin d'une révolution, nous devons juste prendre nos responsabilités. »

Pour l'UNICEF, c'est aux millions de filles délaissées chaque année qu'il faut s'intéresser en tout premier lieu. L'agence fait valoir que les taux d'analphabétisme restent beaucoup plus élevés chez les femmes que chez les hommes et que le nombre de filles non scolarisées dépasse chaque année de neuf millions au moins le nombre de garçons qui ne vont pas à l'école.

Ces statistiques ont des conséquences à long terme non seulement pour les filles et les femmes, mais aussi pour leurs enfants et leurs familles, indique un a href="http://www.unicef.org/french/newsline/pr/2003/03pr100sowc04-fr.html">communiqué de l'UNICEF. Si l'on n'accélère pas la scolarisation des filles dans les deux années à venir, les objectifs mondiaux visant à réduire la pauvreté et améliorer la condition humaine resteront hors d'atteinte.

A l'inverse, elle estime que les ajustements à apporter aux stratégies de développement pour scolariser les filles permettraient de progresser beaucoup plus rapidement vers l'ensemble des objectifs de développement 2015 de la Déclaration du Millénaire.

Selon le rapport sur "La situation des enfants dans le monde", fleuron des publications de l'UNICEF lancé officiellement aujourd'hui, à quelques exceptions près, les pays industrialisés et les institutions financières n'ont pas rempli leurs engagements en matière de financement de l'éducation.

« En réalité, en dépit des promesses faites en 1990 par les pays donateurs qui s'engageaient à fournir des fonds supplémentaires pour l'éducation et de leur engagement, en 1996, de garantir l'éducation primaire pour tous d'ici à 2015, le montant total de l'aide aux pays en développement a diminué pendant les années 1990, et le déclin des fonds bilatéraux en faveur de l'éducation a été encore plus spectaculaire », constate le rapport.

C'est l'Afrique subsaharienne qui a le plus besoin d'aide : le nombre de filles non scolarisées y est passé de 20 millions en 1990 à 24 millions en 2002. Quatre-vingt-trois pour cent de toutes les filles non scolarisées vivent en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud, en Asie de l'Est et dans le Pacifique, précise également le rapport.

Il affirme que les démarches classiques en faveur de l'éducation pour tous n'ont pas donné de bons résultats parce qu'elles supposaient que les initiatives générales de scolarisation des enfants profiteraient tout autant aux filles qu'aux garçons, sans prendre en compte les obstacles spécifiques auxquels les filles sont confrontées.

Le rapport propose un plan d'action et exhorte les agences chargées du développement, les Etats, les familles et les communautés à concentrer et intensifier leurs efforts visant à éliminer les obstacles qui empêchent la scolarisation des filles.

Au nombre des mesures proposées figurent l'inclusion de l'éducation en tant qu'élément essentiel des plans de développement, l'abolition de tous les frais de scolarité et l'accroissement de l'aide internationale en faveur de l'éducation.