Kofi Annan met en garde les pays ibéro-américains contre les risques qu'ils encourent à ne pas régler les problèmes sociaux
Au Sommet ibéro-américain de Santa Cruz en Bolivie, Kofi Annan a retracé les succès de l'Amérique latine mais aussi son incapacité à « apporter à la vie quotidienne de ses populations les améliorations qu'elles espéraient » et a mis en garde les gouvernements contre les risques encourus à laisser grandir le mécontentement populaire.
« En vingt ans d'efforts pour adapter vos économies au nouveau marché mondial, vous avez réussi à combattre l'inflation, augmenter et diversifier vos exportations et attirer des montants significatifs d'investissements étrangers directs. Mais vous n'avez pas réussi, pour la plupart, tout au long de ces années, à apporter à la vie de vos populations les améliorations qu'elles espéraient », a déclaré aujourd'hui Kofi Annan devant les dirigeants des pays hispanophones et lusophones réunis à Santa Cruz en Bolivie.
Si l'Amérique latine a progressé au regard de certains objectifs de la Déclaration du millénaire, la nombre des pauvres a progressé atteignant 43% de la population alors que 10% des foyers se partagent 50% du revenu national, a souligné le Secrétaire général de l'ONU.
« C'est grave en soi mais aussi pour votre stabilité », a-t-il prévenu. « Pays après pays, et tout récemment ici en Bolivie, les tensions sociales ont créé des troubles politiques. Ces crises se sont réglées de façon constitutionnelle sans retour au pouvoir militaire, vos populations ont fait preuve d'une foi obstinée dans la démocratie mais vous ne pouvez pas tenir cela pour indéfiniment acquis. »
« La dépense publique doit être réaffectée en faveur des pauvres, la corruption et les abus de pouvoir éliminés », a déclaré Kofi Annan. La plupart de vos pays appartiennent à la catégorie des pays à revenus moyens. Ne vous contentez pas des objectifs de développement du Millénaire, visez plus haut, ne vous contentez pas de diminuer de moitié la pauvreté, éradiquez-là, a lancé le Secrétaire général.
Il a engagé les participants au Sommet à continuer à travailler en commun pour affirmer les intérêts des pays en développement comme ils l'ont fait à Cancun, pendant les négociations de l'Organisation mondiale du commerce, tout en continuant à travailler avec la communauté internationale à améliorer les perspectives pour l'ensemble de la région.