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Droits de l'homme au Myanmar : le Rapporteur de l'ONU parle de régression

Droits de l'homme au Myanmar : le Rapporteur de l'ONU parle de régression

Conférence de presse de Paulo Sergio Pinheiro
La situation des droits de l'homme au Myanmar a régressé au cours des dix derniers mois, a indiqué aujourd'hui le Rapporteur spécial de l'ONU qui présentait son rapport devant la Commission sociale de l'Assemblée générale.

Paulo Sergio Pinheiro, le Rapporteur spécial pour les droits de l'homme au Myanmar, qui présentait son rapport à la Commission sociale de l'Assemblée générale aujourd'hui, a estimé qu'entre mars et novembre, dates de ses deux dernières visites dans le pays, les droits de l'homme dans le pays avaient subi des « reculs importants. »

Il a indiqué avoir eu des preuves directes de l'implication d'agents de l'Etat dans les événements qui se sont produits en mai dernier à Depayin et ont conduit à la mise en détention de membres et de sympathisants de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et de sa Secrétaire générale, le Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi.

« Ce qui s'est passé à Depayin a des implications politiques profondes et constitue une régression dans le domaine des droits de l'homme », a-t-il déclaré après avoir indiqué qu'il s'était entretenu avec des victimes et des témoins, dont Aung San Suu Kyi elle-même, ainsi qu'avec les autorités.

Des témoins appartenant à la LND ont affirmé qu'il s'agissait d'une embuscade du gouvernement alors que les autorités assuraient avoir été prises par surprise par l'événement et estimaient que si le NLD avait pris les mesures de sécurité nécessaire, rien ne se serait produit.

M. Pinheiro a indiqué avoir obtenu des informations selon lesquelles 109 personnes sur les 153 arrêtées dans le cadre des incidents de Depayin avaient été remises en liberté mais, selon des informations ultérieures, 250 nouvelles arrestations auraient ensuite eu lieu.

Il a réclamé la remise en liberté sans condition de tous ceux qui avaient été détenus ou placés en résidence surveillée, le lancement d'une enquête exhaustive et transparente sur les événements du 30 mai et l'indemnisation des blessés ou des familles de ceux qui ont été tués, quatre au total selon les informations recueillies par M. Pinheiro.

Même si Aung San Suu Kyi n'est plus détenue, sa ligne téléphonique reste coupée et les restrictions appliquées au nom de la sécurité demeurent. « Ses conditions de vie sont celles d'une personne placée dans une maison d'arrêt », a affirmé le Rapporteur spécial, ajoutant qu'elle lui avait indiqué qu'elle n'accepterait d'être libérée que lorsque tous ceux arrêtés depuis le 30 mai le seraient également.

Il a indiqué par ailleurs que les autorités avaient accepté ses propositions concernant la prise en compte des droits de l'homme et des libertés individuelles dès le début de la transition devant permettre de passer d'un gouvernement militaire à un gouvernement civil mais qu'aucune de ses recommandations n'avait pas encore été mise en application.

« Je veux souligner les mots 'pas encore' », a-t-il déclaré un peu plus tard dans la journée, lors d'une rencontre avec la presse.

Le représentant du Myanmar est intervenu au cours de la séance de la Commission sociale, aujourd'hui, pour expliquer que son gouvernement avait pris la décision de placer les dirigeants politiques sous protection afin de prévenir toute reprise des hostilités et a assuré que la « Feuille de route » de la transition démocratique était pleinement soutenue par les nations de l'Asie du Sud-Est.

Le 30 mai dernier, le convoi transportant Aung San Suu Kyi ainsi que des militants et sympathisants du LND, avait été attaqué à son arrivée à Depayin par des manifestants favorables au Gouvernement. La Secrétaire générale du NLD et nombre de ses membres avaient alors été placés en détention qualifiée de « détention de protection » par les autorités.