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Jacques Chirac en faveur d'un transfert des pouvoirs administratifs et économiques aux autorités iraquiennes actuelles

Jacques Chirac en faveur d'un transfert des pouvoirs administratifs et économiques aux autorités iraquiennes actuelles

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Le Président de la France a prôné un transfert de souveraineté progressif des responsabilités administratives et économiques aux institutions iraquiennes actuelles sous l'égide de l'ONU et "selon un calendrier réaliste". Il a également appelé à un renforcement du Conseil de sécurité "à qui il appartient d'autoriser le recours à la force."

"Il n'y a pas d'alternative aux Nations Unies", a affirmé d'emblée Jacques Chirac lors de son intervention, ce matin, dans le cadre du débat général de l'Assemblée générale de l'ONU.

"Le multilatéralisme est moderne", a-t-il poursuivi avant d'en venir à la question de l'Iraq. Dans ce domaine, M. Chirac a prôné un transfert de la souveraineté aux Iraquiens, transfert, selon lui, "indispensable à la stabilité et à la reconstruction."

Pour le Président français, "c'est à l'ONU qu'il revient d'accompagner le transfert progressif des responsabilités administratives et économiques aux institutions iraquiennes actuelles et d'aider à l'élaboration d'une constitution par les Iraquiens et à la tenue d'élections." Ce transfert, a précisé Jacques Chirac, doit s'effectuer "selon un calendrier réaliste."

A propos de la lutte contre le terrorisme international, il a indiqué que "le 11 septembre a ancré notre détermination."

"Nous combattons le terrorisme international par les armes", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "cela n'est pas suffisant" et qu'il "renaîtra ... si nous ignorons qu'il tire prétexte des conflits non résolus et des déséquilibres du monde."

A propos de la prolifération des armes de destruction, Jacques Chirac a réclamé une action collective qui exigerait de la Corée du Nord le démantèlement complet, vérifiable et irréversible de son programme militaire et qui exigerait également de l'Iran qu'il signe et mette en oeuvre sans condition et sans délai un accord de garanties renforcé avec l'AIEA", l'Agence internationale de l'énergie atomique de l'ONU.

"Les Nations Unies doivent évoluer", a également déclaré le chef de l'Etat français, soulignant que, grâce au Secrétaire général, "des pistes nouvelles nous sont proposées." Après avoir désigné "la faiblesse actuelle" de l'Assemblée générale où doit pourtant "s'organiser le débat et se forger le consensus", il a appelé à son sujet à substituer "à une culture de l'affrontement", une "culture de l'action."

Se déclarant favorable à l'élargissement du Conseil de sécurité, il a indiqué que "la France pensait naturellement à l'Allemagne et au Japon mais aussi à quelques grands pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine" et qu'il faudrait "d'autres membres élus pour améliorer encore la représentativité du Conseil."

Il a également défendu l'idée du renforcement de l'autorité du Conseil. "C'est à lui qu'il appartient d'encadrer le recours à la force", a-t-il déclaré, ajoutant que "nul ne saurait s'arroger le droit de l'utiliser unilatéralement et préventivement." Cela implique que "confrontés à des menaces accrues, les Etats doivent pouvoir être assurés que le Conseil dispose de moyens d'évaluation et d'action collective et qu'il a la volonté d'intervenir", a poursuivi Jacques Chirac.

Après avoir exprimé son attachement au principe de la souveraineté des Etats, il s'est prononcé en faveur d'une limitation de ce droit "en cas de violations graves des droits de l'homme et du droit humanitaire" et a appelé le Conseil de sécurité à s'engager dans cette voie. Notant que "la répression des crimes contre l'humanité devenait plus efficace avec l'établissement de la Cour pénale internationale", dont il a précisé qu'elle avait "vocation universelle", il a estimé que le Haut Commissariat aux droits de l'homme devait être renforcé, "sous l'égide d'une commission à la hauteur de ses devoirs et de sa mission."

Il a par ailleurs proposé que soit créé "une nouvelle enceinte politique qui soit représentative de l'état du monde dans sa diversité" de façon à répondre au besoin d'une "gouvernance économique, sociale et environnementale plus forte."

Au nom de la nécessité d'un "indispensable accroissement des moyens français", le Président Chirac a indiqué que la France souhaitait voir s'inverser la tendance à l'augmentation des contributions volontaires, qu'elle s'était fixée d'atteindre d'ici à 2012 l'objectif des 0,7% d'aide publique au développement et qu'elle appuie l'idée "innovante" d'une Facilité financière internationale. Il a demandé également qu'une réflexion soit engagée sur la mise en place de prélèvements internationaux de solidarité, qui seraient une taxation sur les richesses engendrées par la mondialisation.

Plus tard dans la matinée, Jacques Chirac a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a notamment déclaré que les "prétendues oppositions entre les Etats-Unis et la France" avaient largement à voir avec "l'effet de loupe" provoqué par les médias contemporains.