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Kofi Annan à l'Assemblée générale : appel pressant à la réforme et à une réflexion sur le recours préventif à la force

Kofi Annan à l'Assemblée générale : appel pressant à la réforme et à une réflexion sur le recours préventif à la force

Kofi Annan
Dans son adresse à l'Assemblée générale ce matin, Kofi Annan, soulignant le caractère exceptionnel de la période actuelle après qu'une succession d'événements ait remis en cause les institutions internationales, a appelé l'Assemblée générale à engager de toute urgence les réformes indispensables et à se poser des questions fondamentales telles que celle du recours préventif à la force.

Dans son adresse à l'Assemblée générale ce matin, Kofi Annan, soulignant le caractère exceptionnel de la période actuelle après qu'une succession d'événements ait remis en cause les institutions internationales, a appelé l'Assemblée générale à engager de toute urgence les réformes indispensables et à se poser des questions fondamentales telles que celle du recours préventif à la force.

« Nous sommes à la croisée des chemins », à un moment qui est « peut-être tout aussi crucial qu'en 1945 », a déclaré ce matin Kofi Annan, s'adressant aux chefs d'Etat et de gouvernement rassemblés pour la journée d'ouverture du débat général de l'Assemblée générale de l'ONU. En commençant son allocution, le Secrétaire général avait souligné : « Les Nations Unies, c'est vous. Les membres du personnel qui ont été tués et blessés au cours de l'attaque contre notre siège à Bagdad étaient des membres de votre personnel. »

« On voit maintenant très clairement qu'un monde où des millions de personnes subissent une oppression brutale et vivent dans la misère ne sera jamais tout à fait sûr, même pour ses habitants les plus privilégiés », a poursuivi Kofi Annan, après avoir évoqué les événements récents au Moyen-Orient et en Afrique et notamment les attaques terroristes contre le siège de l'ONU à Bagdad.

Le Secrétaire général a exprimé sa préoccupation à l'égard de la politique d'attaques préemptives adoptée par certains Etats pour parer à la menace posée par les armes de destruction massive. « Cette logique constitue un défi fondamental aux principes sur lesquels, même si cela ne l'a été que d'une manière imparfaite, la paix et la stabilité mondiales ont été fondées depuis 58 ans », a-t-il indiqué.

« Ce qui m'inquiète c'est que, si cette logique était adoptée, elle pourrait créer des précédents conduisant à la multiplication de l'usage unilatéral de la force, avec ou sans justification crédible », a-t-il ajouté.

Rappelant que, lors de son récent rapport sur la mise en oeuvre de la Déclaration du millénaire, il avait attiré l'attention sur la nécessité de regagner la confiance des Etats et de l'opinion publique mondiale, notamment en améliorant sa représentativité, Kofi Annan a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas "craindre de nous interroger sur la pertinence et l'efficacité des règles et instruments dont nous disposons."

« Le Conseil doit se demander comment il réagira face à la possibilité que des États fassent usage de la force de manière préemptive pour répondre à des menaces qu'ils auront perçues », a-t-il déclaré ajoutant qu'il était également nécessaire que le Conseil commence à réfléchir à la façon de répondre aux menaces de génocides ou d'autres atteintes massives aux droits de l'homme.

« Une fois encore, cette année, notre réponse collective aux événements de ce type, en République démocratique du Congo ou au Libéria, a été hésitante et tardive », a-t-il souligné.

A propos de l'élargissement du Conseil de sécurité, à l'ordre du jour de l'Assemblée pendant plus 10 ans, Kofi Annan a « respectueusement suggéré » aux leaders politiques présents « que, aux yeux de leurs peuples, le fait qu'un accord soit difficile à trouver, n'excuse pas votre incapacité à le réaliser. »

« Si vous voulez que les décisions du Conseil commandent davantage de respect, surtout dans le monde en développement, il vous faut aborder la question de sa composition en en appréciant mieux l'urgence », a-t-il déclaré.

Rappelant également ses suggestions d'étendre la réforme à l'Assemblée « qui a besoin d'être renforcée » et au Conseil de tutelle dont « le rôle pourrait être revu », il a indiqué qu'il allait créer un Groupe de haut niveau composé de personnalités éminentes, chargé d'étudier les questions qui mettent en jeu la paix et la sécurité, les réponses à apporter, le fonctionnement des principaux organes de l'ONU et leurs interactions. Le Groupe devra également formuler des recommandations sur une réforme de l'ONU qui aboutirait à son renforcement et présenter son rapport d'ici au début de la prochaine session de l'Assemblée en septembre prochain.

« Les Nations Unies sont loin d'être un instrument parfait mais c'est un instrument précieux », a-t-il souligné.

« L'histoire est un juge impitoyable », avait-il déclaré auparavant. « Elle ne nous pardonnera pas si nous laissons passer ce moment. »