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Pour extirper les racines du mal terroriste, Kofi Annan croit en la promotion d'une vision convaincante du monde

Pour extirper les racines du mal terroriste, Kofi Annan croit en la promotion d'une vision convaincante du monde

En réponse au "fléau" du terrorisme, Kofi Annan a appelé à faire preuve à la fois d'inflexibilité et de sang-froid, à ne pas céder à l'émotion et à ne pas se limiter au recours à la force mais à gagner les coeurs en présentant une vision du monde plus convaincante que la leur.

S'adressant à la Conférence intitulée "Combattre le terrorisme pour l'humanité : Conférence sur les racines du mal", Kofi Annan a affirmé que "dans la lutte contre le terrorisme, les idées comptaient pour beaucoup."

"Nous devons présenter une conception du monde plus convaincante que celle de certains terroristes qui, pour extrême qu'elle soit, ne manque pas d'impressionner", a déclaré le Secrétaire général de l'ONU. "Pour lutter contre le terrorisme, il ne suffit pas de lutter contre les terroristes. Il faut aussi gagner les coeurs et les esprits."

"Pour ce faire, nous devons nous efforcer de régler les différends politiques, présenter et mettre en oeuvre un programme pour la paix et pour le développement, et promouvoir les droits de l'homme", a-t-il indiqué, ajoutant qu'une telle entreprise ne pouvait être menée à bien qu'ensemble, par l'intermédiaire des institutions multilatérales, principalement l'Organisation des Nations Unies.

Il a mis en garde contre une vision de la lutte contre le terrorisme qui se réduirait au recours à la force. C'est selon lui, "se bercer d'illusions que de croire que la force militaire peut à elle seule avoir raison du terrorisme." Même si "le recours à la force est parfois la seule façon de neutraliser des groupes terroristes", "il y a bien d'autres choses à faire pour éliminer le terrorisme", a-t-il affirmé.

Réfutant également les analyses qui assimileraient systématiquement des terroristes à "des déséquilibrés" ou en feraient des individus prenant des décisions "sans rapport avec la situation politique, sociale et économique dans laquelle ils se trouvent", il a de la même rejeté l'idée qu'ils ne sont que le produit de leur environnement.

"Le phénomène est bien plus complexe que cela", a-t-il déclaré.

Le Secrétaire général a également mis en garde contre les décisions prises sous l'emprise de l'émotion. Affirmant que "le fléau du terrorisme appelle une réaction inflexible", il n'en juge pas moins que "cette réaction ne peut être émotionnelle" mais au contraire réfléchie.

Il a fait remarquer que "les experts qui se sont réunis à Oslo en juin pour préparer les débats d'aujourd'hui ont souligné, à juste titre, que les terroristes sont souvent des êtres rationnels et décidés qui élaborent des plans précis pour parvenir à des fins politiques."

"Le fait que quelques individus malfaisants tuent au nom d'une cause ne rend pas cette cause moins juste, pas plus qu'il ne nous dispense de l'obligation de répondre à des griefs légitimes", a-t-il également fait observer.

Au contraire, a déclaré Kofi Annan, "le terrorisme ne sera vaincu que si nous faisons le nécessaire pour régler les différends politiques et les conflits qui font qu'ils trouvent des adeptes. Si nous n'agissons pas dans ce sens, nous aurons fait, nous-mêmes, le jeu des terroristes que nous voulons neutraliser."