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Conseil de sécurité : le représentant de l'Union européenne appuie le renforcement de la Mission de l'ONU en R.D. du Congo

Conseil de sécurité : le représentant de l'Union européenne appuie le renforcement de la Mission de l'ONU en R.D. du Congo

Intervention de Jean-Marie Guéhenno au Conseil de sécurité
Devant le Conseil de sécurité réuni aujourd'hui pour débattre de la situation en République démocratique du Congo (RDC), l'envoyé de l'Union européenne, Javier Solana, a appuyé l'augmentation des effectifs de la Mission de l'ONU en RDC ainsi que le renforcement de son mandat et a affirmé la détermination de l'Union de soutenir le processus de paix et la reconstruction du pays pour laquelle elle a adopté un programme de 205 millions d'euros.

« Le déploiement de la force multinationale par l'Union européenne, sa première opération en dehors de l'Europe, a envoyé à tous les intéressés le signal fort que le monde ne tolèrerait pas que ceux qui cherchent à saboter le processus de paix continue leur entreprise de destruction dans une course au pouvoir qui coûte des milliers de vies humaines », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno, devant le Conseil de sécurité réuni pour une séance consacrée à la situation en RDC.

Décrivant la situation à Bunia, la ville du Nord-Est du pays où la Force multinationale intérimaire d'urgence (FMIU) a été envoyée par l'UE pour stabiliser la situation après que de violents combats entre milices rivales aient fait des centaines de victimes, M. Guéhenno l'a qualifiée de « calme mais tendue ».

Il a indiqué que la FMIU avait dû lancer, le 11 juillet, une opération militaire contre l'Union des patriotes congolais, la milice héma, dirigée par Thomas Lubanga, qui avait pris le contrôle de la ville avant l'arrivée de la Force. « Cette action de la FMIU répondait aux tentatives incessantes de l'UPC de démontrer son autorité et de saboter la politique de 'zone sans armes' mis en place par la Force », a précisé M. Guéhenno.

Le responsable de l'ONU a décrit les initiatives prises pour « normaliser la vie à Bunia » notamment en rendant opérationnelle l'Administration intérimaire de l'Ituri (AII).

« Toutefois, les ambitions qui continuent à animer M. Thomas Lubanga qui cherche à élargir son autorité et celle de l'UPC en dehors du contexte de l'AII reste une source de préoccupations », a-t-il déclaré.

L'ancien Représentant spécial du Secrétaire général pour la RDC, Amos Namanga Ngongi, a insisté pour sa part sur l'importance que revêtait la prestation de serments des quatre Vice-Présidents dont le chef du MLC, Jean-Pierre Bemba, et celui du Rassemblement Congolais pour la démocratie ? Goma (RCD-G), Azarias Ruberwa.

C'est d'autant plus remarquable, a souligné M. Ngongi, que des « manoeuvres » récentes du RCD-G ont « amené à se poser des questions sur son engagement. »

Pour l'ancien Représentant spécial pour la RDC dont le mandat s'est achevé à la fin juin, cet épisode « historique » est aussi un succès pour les Nations Unies. Il a toutefois prévenu que « la voie vers la paix et la réconciliation ne s'arrêtait pas là » et que « la mise en place du gouvernement ouvrait seulement un nouveau chapitre. »

« Le processus de paix en RDC a été dès le début caractérisé par une anomalie à savoir la coexistence de l'option politique et de l'option militaire », a affirmé à son tour Javier Solana, le Haut Représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure et de sécurité commune. « D'un côté les parties hostiles négocient et signent des accords de cessez-le-feu, de l'autre ces mêmes parties poursuivent leurs opérations militaires sur le terrain. »

« L'escalade de la crise en Ituri a fourni à ces forces une nouvelle occasion de mettre en danger le processus de paix ; la prise de Bunia par l'UPC, la réaction du gouvernement de Kinshasa qui a stationné des unités des Forces armées congolaises à Béni pour déloger l'UPC de Bunia et l'offensive lancée par le RCD sur Beni qui faisait courir le risque d'une intervention de l'Ouganda et du Rwanda, tout cela conduisait inévitablement à saper les accords de Sun City », a déclaré le Représentant européen.

M. Solana s'est félicité des résultats obtenus par la FMIU à Bunia. « J'ai constaté par moi-même l'amélioration lors de ma visite à Bunia », a-t-il indiqué, citant « les sourires des enfants dans les camps malgré les conditions précaires, les remerciements chaleureux de l'Administration intérimaire et la gratitude des organisations non gouvernementales. »

« Nous devons préserver ce que la force de l'Union européenne a réalisé », a-t-il déclaré avant d'appuyer la proposition du Secrétaire général de renforcer la MONUC et de la doter des pouvoirs autorisés par le Chapitre VII de la Charte de l'ONU qui autorise le recours à la force armée en cas de menace à la paix ou d'actes d'agression.

M. Solana a assuré le Conseil de la détermination de l'Union européenne d'aider le processus par tous les moyens à sa disposition ce qui « inclut un appui technique et financier à l'Administration intérimaire de l'Ituri et à la Commission de pacification de l'Ituri » comme au processus de désarmement et de réintégration des combattants. Il a annoncé l'adoption d'un programme de soutien stratégique à la reconstruction et au développement de la RDC de 205 millions d'euros.

image Reportage de la Radio ONU (audio)