Mise en garde de Kofi Annan au Conseil de sécurité sur les risques de détérioration en R.D. du Congo
En préalable à la réunion du Conseil de sécurité consacrée au renouvellement du mandat de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC), le Secrétaire général avait adressé une lettre au Conseil insistant sur la gravité de la situation et les risques sérieux de détérioration si un niveau suffisant de sécurité n'était pas maintenu dans l'Ituri, la province du Nord-Est du pays qui a connu une récente flambée de violence.
« Je veux saisir cette occasion pour souligner l'importance d'un déploiement, à Bunia et dans l'Ituri, d'un contingent des Nations Unies de la taille d'une brigade, selon le schéma décrit dans mon rapport », écrit Kofi Annan dans une lettre datée du 24 juin et rendue publique aujourd'hui.
Des affrontements entre milices rivales pour le contrôle de Bunia, la principale ville de l'Ituri, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC), ont éclaté début mai et fait plusieurs centaines de morts, dont un grand nombre tué dans des circonstances atroces, et des milliers de réfugiés. Le Conseil de sécurité a décidé, le 30 mai dernier, d'autoriser l'envoi, jusqu'au 1er septembre prochain, d'une Force multilatérale intérimaire d'urgence (FMIU) conduite par la France pour rétablir la sécurité dans la ville.
Dans son rapport spécial du 27 mai sur la situation en RDC, le Secrétaire général demandait que, dans le cadre d'un mandat de la MONUC renforcé, soit déployée à Bunia et dans l'Ituri une brigade pouvant comporter jusqu'à 3 800 éléments qui prendrait la relève de la Force.
Le mandat de la MONUC expirant lundi prochain, le Conseil a décidé, hier, de le prolonger d'un mois dans sa configuration actuelle.
Dans la lettre qu'il lui a adressée, Kofi Annan faisait observer que le déploiement de la Force multinationale intérimaire « avait eu pour effet de stabiliser la situation dans la ville en proie aux combats. »
« Toutefois, poursuivait-il, il est clair que le calme à Bunia est fragile. De violents combats et une crise humanitaire majeure se poursuivent ailleurs dans l'Ituri. (...) Autrement dit, la situation peut se détériorer sérieusement, surtout s'il n'y a pas continuité, à un niveau approprié, de la sécurité dans l'Ituri. »
« Comme les membres du Conseil le savent parfaitement, le déploiement de la Force est un pis-aller temporaire. Ils comprendront que prolonger son mandat n'est ni une option ni une solution », poursuivait Kofi Annan.
« Il est par conséquent impératif de faire tout ce qui est possible pour éviter une vacance dans le dispositif de sécurité à Bunia comme dans l'Ituri, après le retrait prévu de la FMIU » concluait le Secrétaire général qui ajoutait qu'il « serait crucial que la communauté internationale manifeste sa solidarité avec la souffrance du peuple congolais et que le Conseil de sécurité considère favorablement l'augmentation proposée de la capacité de la MONUC de mener à bien ses missions dans l'Ituri. »