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Sur les rives de la Mer morte, Kofi Annan défend sa "vision d'un futur partagé"

Sur les rives de la Mer morte, Kofi Annan défend sa "vision d'un futur partagé"

Kofi Annan
Au bord de la Mer morte en Jordanie, devant le Forum économique mondial, Kofi Annan a plaidé en faveur d'un monde qui se tiendrait par la main par-dessus les barrières de la culture et de la religion, « où l'idéalisme ne serait plus moqué » mais respecté, où les décisions d'intérêt mondial seraient prises dans des institutions mondiales, en tout premier lieu l'ONU, même si cela suppose d'y apporter des changements, et où les Etats membres « respecteraient les vues de chacun et s'efforceraient de parvenir à un accord. »

Au bord de la Mer morte en Jordanie, devant le Forum économique mondial, Kofi Annan a plaidé en faveur d'un monde qui se tiendrait par la main par-dessus les barrières de la culture et de la religion, "où l'idéalisme ne serait plus moqué" mais respecté, où les décisions d'intérêt mondial seraient prises dans des institutions mondiales, en tout premier lieu l'ONU, même si cela suppose d'y apporter des changements, et où les Etats membres "respecteraient les vues de chacun et s'efforceraient de parvenir à un accord."

"Même les pierres ici nous parlent de la naissance et de la chute des empires", a souligné Kofi Annan évoquant pour les participants du Forum économique mondial la région dans laquelle il se déroule. Dans "ce berceau de la civilisation devenu le creuset des conflits les plus âpres", a-t-il poursuivi, "nous avons assisté aux grandes souffrances infligées aux Arabes et aux Israéliens, pour la plupart des civils innocents."

Précisant qu'il incluait dans ces souffrances les Iraquiens qui ont subi "des conflits, des sanctions et des atteintes indescriptibles aux droits de l'homme" et qui "continuent actuellement à souffrir", le Secrétaire général, se référant à la résolution 1483 du Conseil de sécurité qui réclame que soit rapidement donnée aux Iraquiens la possibilité de se gouverner eux-même, a affirmé que, "si nous parvenons à leur permettre cela, cette grande nation pourra regarder en arrière et voir 2003 comme un tournant positif."

"La même chose vaut pour les Israéliens et les Palestiniens ", a-t-il affirmé.

Kofi Annan s'est alors référé aux enseignements du XXème siècle desquels il a dégagé deux modèles. Celui de la première moitié du siècle où "l'horreur est venue s'ajouter à l'horreur jusqu'à ce que nous arrivions à l'Holocauste et Hiroshima" et celui de la seconde moitié où s'"il y a eu des atrocités et même une répétition du génocide", il y a eu aussi "d'incroyables progrès."

"L'économie mondiale s'est non seulement relevée de la dévastation de 1945 mais elle s'est développée comme jamais auparavant", a déclaré le Secrétaire général de l'ONU. "Même dans le monde en développement, l'éducation, les soins de santé primaire se sont améliorés, la mortalité infantile a diminué; les peuples ont secoué le joug du colonialisme. »

Pour Kofi Annan, tout cela ne s'est pas produit par hasard mais "parce qu'un groupe de leaders, doté d'une vision à long terme, était déterminé à faire en sorte que cette seconde moitié du XXème siècle soit différente de la première."

"C'était un monde dans lequel les peuples des différentes nations et cultures allaient les uns vers les autres non pour se considérer comme des sujets de peur et de suspicion mais comme des partenaires potentiels capables d'échanger des biens et des idées pour leur bénéfice mutuel. C'était un monde de toujours plus grande ouverture et de liberté croissante, de confiance mutuelle grandissante et, surtout, c'était un monde d'espoir", a-t-il déclaré.

Kofi Annan a lancé aujourd'hui une mise en garde. Si le monde choisit la première moitié du XXème siècle comme modèle, "il deviendra encore plus violent, plus intolérant et plus destructeur", a-t-il affirmé, ajoutant que ce n'était pas là sa "vision d'un futur partagé".

"Je vois l'humanité bâtissant sur les réalisations de la seconde moitié du XXème siècle, les adaptant et les faisant progresser. Je vois des êtres humains se souciant les uns des autres et des Etats partageant la responsabilité de la sécurité et du bien-être de tous les peuples où qu'ils vivent", a-t-il déclaré

"L'idéalisme ne sera plus moqué et qualifié de naïf mais respecté et pris sérieusement", a-t-il ajouté.

Kofi Annan a affirmé aussi la nécessité de "prendre les décisions qui affectent l'intérêt mondial dans le cadre d'institutions mondiales, en tout premier lieu les Nations Unies." "Les Etats membres y respecteraient les vues de chacun et s'efforceraient de parvenir à un accord. Ils reconnaîtraient la nécessité de changer, y compris nos institutions, quand de nouveaux défis appellent de nouvelles réponses", a-t-il indiqué.

Revenant aux attaques terroristes du 11 septembre, il a affirmé que le défi "fondamental" qu'avaient posé ces agressions, concernait « notre humanité commune, notre foi dans la diversité en tant que source de richesse et d'inspiration et non de peur."

"Elles nous ont mis au défi de mieux nous comprendre et de nous prendre par la main par-dessus les barrières culturelles et religieuses.(...) Permettons à nos enfants quand ils regarderont en arrière de dire qu'aujourd'hui sur les rives de la Mer morte, nous sommes entrés dans une terre de vie, une terre d'espoir », a-t-il conclu.