Le rapport de l'ONU sur les événements survenus à Djénine et dans d'autres villes palestiniennes, maintenant disponible
À la suite d'une demande formulée par l'Assemblée générale, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a publié aujourd'hui un rapport sur les événements relatifs aux incursions israéliennes survenues plus tôt cette année à Djénine et dans d'autres villes palestiniennes, dans ce qui s'est avéré l'intervention militaire israélienne la plus importante depuis une décennie.
Couvrant une période qui va du début mars au 7 mai 2002, le rapport présente la situation générale en Israël et dans le territoire palestinien occupé, en décrivant les responsabilités des deux parties en matière de sécurité, d'aide humanitaire et de droits de l'homme. Le document retrace brièvement la montée de la violence depuis septembre 2001, qui, au 7 mai 2002, avait déjà causé la mort de 441 Israéliens et de 1 539 Palestiniens.
“Même si certains faits sont contestés, je pense qu'il est clair que la population palestinienne a souffert, et souffre encore, de très graves conséquences humanitaires”, a déclaré M. Annan, en réponse à la question d'un journaliste ce matin, à son arrivée au siège de l'ONU, à New York. “J'espère que les deux parties seront à même de tirer des leçons de cet épisode tragique et vont prendre des mesures pour en finir avec ce cycle de violence qui tue des civils innocents des deux côtés,” a-t-il ajouté.
Le rapport souligne que les conséquences de l'opération “bouclier défensif” ont continué de se faire sentir bien après qu'elle ait officiellement pris fin, le 21 avril. Les combats qui ont eu lieu dans le cadre de l'opération se sont en grande partie déroulés dans des zones à forte concentration de civils ? du fait surtout que les groupes palestiniens armés que les forces israéliennes recherchaient avaient placé leurs combattants et leurs installations au milieu des civils ? et, dans beaucoup de cas, un armement lourd a été utilisé, signale le rapport. La population des villes a donc été durement touchée et continue de subir de grandes privations.
Le rapport indique que, d'après le Gouvernement israélien, plusieurs des villes servaient de base à des groupes palestiniens armés impliqués dans des actes de terrorisme dirigés contre Israël. Il signale également que les groupes palestiniens armés auraient piégé un grand nombre d'habitations civiles, actes qui visaient le personnel des Forces de défense israéliennes, mais qui mettaient aussi des civils en danger. Le document fait état de déclarations dans lesquelles l'Autorité palestinienne aurait reconnu qu'un certain nombre de combattants palestiniens avaient résisté à l'offensive militaire israélienne.
Par ailleurs, le rapport fait référence à des allégations de l'Autorité palestinienne et d'organisations de défense des droits de l'homme selon lesquelles, au cours de leurs opérations, les Forces de défense israéliennes se seraient livrées à des exécutions illégales, auraient utilisé des boucliers humains, fait un usage disproportionné de la force, procédé à des arrestations arbitraires et commis des actes de torture, et auraient empêché certaines personnes de recevoir des soins médicaux. Le rapport fait remarquer que plus de 2 800 logements de réfugiés ont été endommagés et 878 maisons, détruites au cours de la période considérée, laissant plus de 17 000 personnes sans abri ou dont le logement doit être remis en état.
Pour ce qui est du bilan des victimes, le rapport indique que les Forces de défense israéliennes ont perdu 30 soldats au cours de l'opération “bouclier défensif”. Durant la période couverte par le rapport, Israël a également subi 16 attentats terroristes à la bombe, dont la grande majorité étaient des attentats-suicide. Plus de cent personnes ont été tuées et un grand nombre d'autres blessées au cours de ces attentats.
Du côté palestinien, 497 personnes ont été tuées et 1 447 blessées au cours de la réoccupation de zones palestiniennes par les Forces de défense israéliennes, du 1er mars au 7 mai 2002 et juste après. Selon la plupart des estimations, entre 70 et 80 Palestiniens, dont environ 50 civils, auraient été tués à Naplouse, où les Forces israéliennes ont perdu quatre hommes. Dans le camp de Djénine, lorsque les forces israéliennes se sont retirées et que le couvre-feu a été levé, le 18 avril, au moins 52 Palestiniens, dont la moitié étaient peut-être des civils, et 23 soldats israéliens, ont trouvé la mort. Les allégations faites par les responsables de l'Autorité palestinienne à la mi-avril, selon lesquelles 500 personnes, voire plus, avaient été tuées dans le camp de Djénine n'ont pas été confirmées par les éléments de preuve apparus ultérieurement.
Pour ce qui concerne l'impact général des événements faisant l'objet du rapport, celui-ci conclut qu'ils ont entraîné une intensification des souffrances subies par la population civile dans le territoire palestinien occupé. Il y a eu un arrêt quasi complet de toutes les activités productives dans les principaux centres de production manufacturière, de construction, de commerce et de services privés et publics de Cisjordanie, ce qui a accentué la baisse brutale du niveau de vie au cours des 18 derniers mois. Mais il est clair, ajoute le rapport, que, pendant cette période, la population israélienne a aussi connu de grandes souffrances résultant du terrorisme, et que l'économie israélienne a été durement touchée.
Ce rapport fait suite au démantèlement de la mission que le secrétaire général de l'ONU s'était proposé d'envoyer dans le camp de réfugiés palestiniens de Djénine, sur la rive occidentale du Jourdain, pour enquêter sur les événements qui s'y sont déroulés. Faute d'une visite sur les lieux, le document repose, sur « les ressources et l'information disponibles », et notamment sur des documents qui sont dans le domaine public, ainsi que sur des informations communiquées par des organisations non gouvernementales, ayant les perspectives les plus diverses.
Le rapport ainsi qu'un communiqué de presse présentent les grandes lignes des conclusions qui ont été rendues publiques ce matin.