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Elections en RCA : Guterres souligne la responsabilité historique de tous les acteurs

Electeurs dans un bureau de vote lors du scrutin de 2015 en République centrafricaine (photo d'archives).
Photo: MINUSCA
Electeurs dans un bureau de vote lors du scrutin de 2015 en République centrafricaine (photo d'archives).

Elections en RCA : Guterres souligne la responsabilité historique de tous les acteurs

Paix et sécurité

Le chef de l’ONU a souligné, jeudi, la « responsabilité historique » des Centrafricains à mener à bien les élections et appelé la communauté internationale à poursuivre son appui aux différents scrutins, notamment sur le plan financier.

La République centrafricaine (RCA) doit organiser le 27 décembre des élections présidentielle et législatives. Des élections locales doivent également se tenir en 2021.

« La période à venir sera décisive pour le pays », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, lors d’une réunion de haut-niveau sur la RCA. « Les élections présidentielle, législatives et locales représentent une opportunité unique pour la réconciliation nationale et la consolidation de la paix ainsi que de l’ordre constitutionnel et des acquis démocratiques du pays », a-t-il ajouté. 

Pour le Secrétaire général, ces élections constituent également une étape cruciale pour la continuité du processus politique entamé le 6 février 2019 avec la signature par le gouvernement centrafricain et plusieurs groupes armés d’un Accord politique pour la paix et la réconciliation : «  seul cadre viable pour une paix durable dans le pays ».

M. Guterres a salué le soutien apporté par certains groupes armés à son appel au cessez-le-feu, qu’il a réitéré la semaine dernière à l’ouverture du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies. « J’espère que l’engagement à cet égard de la part des principaux groupes armés en RCA contribuera à consolider les acquis de l’Accord de paix », a-t-il dit. 

Le chef de l’ONU estime que les autorités centrafricaines ainsi que toutes les parties prenantes nationales ont « une responsabilité historique dans le bon déroulement de ces élections », rappelant qu’elles doivent être libres, transparentes, sécurisées, inclusives et dans les délais constitutionnels. Il a appelé toutes les parties prenantes centrafricaines à privilégier le dialogue national et la recherche de consensus, dans un esprit de respect et de tolérance entre les différentes ethnies et religions.

« Le peuple centrafricain dans toutes ses composantes, et notamment les femmes, les jeunes, les déplacés et réfugiés, doit être au cœur des efforts de consolidation de la démocratie et par conséquent de ce processus électoral », a ajouté le Secrétaire général, précisant que l’ensemble des Centrafricains, y compris ceux qui sont réfugiés dans les pays voisins, doivent bénéficier des retombées positives des efforts de paix et de démocratie.

Il a également appelé la communauté internationale à rester mobilisée pour soutenir ce processus électoral de manière coordonnée avec un appui technique mais aussi financier, l’organisation des élections souffrant d’un déficit budgétaire.

Accord politique : des progrès mais toujours de nombreuses violations

M. Guterres a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord politique en RCA, notamment en matière de réformes législatives, dans le domaine du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration (DDR), ainsi que dans l’extension de l’autorité de l’État à travers le pays. « Il est important de poursuivre et de consolider ces efforts avec l’ensemble des protagonistes », a-t-il dit.

Malgré la pandémie de Covid-19, les mécanismes de mise en œuvre de l'accord ont permis un « dialogue constructif » entre le gouvernement centrafricain, les groupes armés, les partis politiques et les représentants de la société civile. La situation sécuritaire s’est également améliorée dans certaines zones du pays, grâce à l’engagement politique et constant de la mission des Nations Unies en RCA (MINUSCA) en soutien des efforts des autorités centrafricaines.

Mais le chef de l’ONU demeure préoccupé par le nombre important de violations des droits humains et de l’Accord, insistant sur le fait que les engagements pris par tous les signataires doivent être respectés. Il a fermement condamné toutes les attaques ciblant les civils, les travailleurs humanitaires et les casques bleus. 

« Ces attaques, qui peuvent constituer des crimes de guerre, doivent immédiatement cesser, et j’appelle les autorités à redoubler d’efforts pour traduire leurs auteurs en justice et garantir la protection des civils et renforcer les mesures pour répondre à la violence dirigée contre les femmes », a-t-il dit. 

Subvenir aux besoins humanitaires et de développement des Centrafricains

Le respect de l’accord politique est crucial mais ne suffira pas pour établir une paix durable en RCA. Le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’obtenir « de réelles avancées en matière de développement ». Les besoins humanitaires se sont accentués en raison de la pandémie et n’ont pas permis de progrès dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).

« Les dividendes de la paix doivent profiter à tous les Centrafricains, notamment les plus vulnérables et ceux qui sont historiquement marginalisés », a souligné M. Guterres, précisant que des avancées en matière de développement permettront de réduire les besoins humanitaires.

« Malheureusement, et comme les années précédentes, la communauté humanitaire a reçu moins de la moitié des fonds nécessaires pour subvenir aux besoins des 2,6 millions de Centrafricains en situation précaire », a-t-il déploré. 

Le Secrétaire général a appelé les pays donateurs à renforcer « de manière significative » leur coopération avec la République centrafricaine dans les domaines économique et humanitaire.