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L’ONU appelle à protéger les droits des migrants, victimes de préjugés, de discriminations et de violences

A Berlin, un couple parmi des migrants attendant d'être enregistrés comme demandeurs d'asile (archive)
Photo UNICEF/Ashley Gibertson VII
A Berlin, un couple parmi des migrants attendant d'être enregistrés comme demandeurs d'asile (archive)

L’ONU appelle à protéger les droits des migrants, victimes de préjugés, de discriminations et de violences

Migrants et réfugiés

A l’occasion de Journée internationale des migrants (18 décembre), les Nations Unies appellent à dissiper les préjugés à l’encontre des 272 millions de migrants à travers le monde et à sensibiliser l’opinion à leurs contributions dans les domaines économique, culturel et social, au profit tant de leur pays d’origine que de leur pays de destination.

« Tous les migrants ont droit à une égale protection de tous leurs droits fondamentaux », a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message pour la Journée. Des droits qui sont consacrés dans le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières adopté par plus de 160 Etats en 2018.

« Malgré cela, les migrants sont souvent la cible de discours fallacieux et hostiles », a déploré le Secrétaire général. « Nous les voyons souvent subir des épreuves indicibles en raison de politiques fondées sur la peur et non sur les faits », a-t-il dit.

Tous les migrants ont droit à une égale protection de tous leurs droits fondamentaux - António Guterres, Secrétaire général de l’ONU

« Même si ces sentiments représentent rarement l’opinion générale sur la migration, quelques-uns essaient de nous diviser et de réduire au silence les opinions plus modérées », a regretté Michelle Bachelet, la Haut- Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Mme Bachelet, qui a connu l’exile durant la dictature du général Pinochet au Chili, a régulièrement fait part de sa préoccupation concernant les propos, attitudes et comportements qui « rejettent, déshumanisent, excluent et attaquent les migrants ».

Même constat de la part de la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay qui relève que les migrants et réfugiés sont toujours victimes de préjugés, de discriminations, de violences, alors même qu'ils sont très souvent une source de dynamisme économique et d’innovation. « Fraternité, solidarité, dignité, humanité : ces valeurs, pour les migrants et les réfugiés, représentent plus que des incantations abstraites ; elles représentent la promesse d’un futur plus désirable – un futur qu'il est de notre devoir de leur offrir », a rappelé Mme Azoulay.

Afin de favoriser l’inclusion des migrants dans les sociétés, l'UNESCO agit à travers son programme d’Éducation à la citoyenneté mondiale, pour vaincre les discours racistes et de haine qui, trop souvent, font des migrants et réfugiés des boucs émissaires.

Il est essentiel que les préoccupations sécuritaires ne l'emportent pas sur les droits humains des migrants – Experts indépendants de l’ONU

Deux experts indépendants de l’ONU ont appelé les Etats à placer les droits de l’homme au cœur du débat et de leurs politiques migratoires, à combattre les discours de haine et à mettre un terme à la criminalisation des migrants et de ceux qui leurs viennent en aide.

« À un moment crucial où les politiques migratoires sont en cours de révision dans de nombreuses régions et pays, il est essentiel que les préoccupations sécuritaires ne l'emportent pas sur les droits humains des migrants », ont déclaré le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des migrants, Felipe González Morales, et Can Ünver, le Président du Comité des Nations Unies sur les travailleurs migrants.

« Cela est particulièrement vrai pour les migrants dans les situations les plus vulnérables, y compris ceux qui sont sans papiers et en situation irrégulière », ont dit les deux experts. « Si la sécurité peut être une préoccupation légitime et invoquée pour justifier des limitations à certains droits de l'homme, elle ne peut pas conduire à la criminalisation de la migration ou de ceux qui soutiennent les migrants », ont-ils souligné.

Envisager la migration sous l’angle des chiffres est réducteur - António Vitorino, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations

Cette année, la Journée internationale des migrants met l'accent sur des récits de vie et de cohésion sociale.

« Trop souvent, quand nous parlons de la migration, c’est pour débattre de la question de savoir si elle est bonne ou mauvaise, si elle coûte trop cher ou rapporte trop peu, ou quelles contributions les migrants apportent concrètement à nos vies », a déclaré le Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), António Vitorino. « Or, envisager la migration sous l’angle des chiffres est réducteur. Il s’agit d’un phénomène évolutif et souvent complexe qui fait néanmoins partie intégrante de nos sociétés, les enrichissant de multiples façons qui ne peuvent être quantifiées », a-t-il expliqué. 

Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé que les migrants sont des membres à part entière de la société. « Ils favorisent la compréhension mutuelle et contribuent au développement durable dans les pays d’origine et de destination ».

Pour le chef de l’OIM, les communautés qui prospèrent sont celles qui acceptent le changement et s’y adaptent. « Les migrants sont un élément indissociable et positif de ce changement », a souligné M Vitorino.