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L’ONU présente une stratégie et un plan d’action contre le discours de haine

Des enfants portant des t-shirts « United Against Hate » (Unis contre la haine) participent à un rassemblement interreligieux à la Park East Synagogue de New York en mémoire des fidèles juifs qui ont été tués à Pittsburgh. (31 octobre 2018)
Photo : ONU/Rick Bajornas
Des enfants portant des t-shirts « United Against Hate » (Unis contre la haine) participent à un rassemblement interreligieux à la Park East Synagogue de New York en mémoire des fidèles juifs qui ont été tués à Pittsburgh. (31 octobre 2018)

L’ONU présente une stratégie et un plan d’action contre le discours de haine

Paix et sécurité

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a présenté mardi une stratégie et un plan d'action sur le discours de haine lors d'un briefing informel à l'intention des États membres.

Le but de cette stratégie est de renforcer la compréhension de la part de toutes les entités des Nations Unies de l’impact insidieux du discours de haine et de la manière dont elles peuvent y faire face plus efficacement dans leur travail. Elle appelle à un soutien plus solide des États membres ainsi qu’à un engagement plus fort des entreprises privées, de la société civile et des médias.

La stratégie propose des idées sur la manière de s’attaquer aux causes profondes et aux facteurs du discours de haine et de réduire son impact sur les sociétés.

« Le discours de haine est en soi une attaque contre la tolérance, l'inclusion, la diversité et l'essence même de nos normes et principes relatifs aux droits de l'homme. Plus généralement, il fragilise la cohésion sociale, fragilise les valeurs communes et peut créer les fondements de la violence, en faisant reculer la cause de la paix, de la stabilité, du développement durable et du respect des droits de l'homme pour tous », a déclaré le chef de l’ONU aux États membres.

Au cours des dernières décennies, le discours de haine a été un précurseur de crimes atroces, notamment le génocide, du Rwanda à la Bosnie en passant par le Cambodge.

Plus récemment, il a été fortement lié à la violence entraînant des meurtres de masse dans plusieurs régions du monde, notamment en République centrafricaine, au Sri Lanka, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. Les gouvernements et les entreprises technologiques ont du mal à prévenir et à combattre la haine en ligne.

« Alors que le discours de haine a toujours existé, ce qui est nouveau, ce sont les communications numériques et plus particulièrement les plates-formes de médias sociaux. Elles rendent le discours de haine plus virulent que jamais, l’amplifiant et lui permettant de se déplacer plus rapidement et plus loin. Le contenu haineux atteint de nouveaux publics à la vitesse de l'éclair », a déclaré le chef de l’ONU lors d’un point de presse après la présentation de la stratégie et du plan d’action.

Face à ce discours qui atteint un public plus large que jamais, « nous tous - les Nations Unies, les gouvernements, les entreprises technologiques, les établissements d’enseignement - devons intensifier nos réponses », a affirmé le Secrétaire général.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (archives)
Photo : ONU/Manuel Elias
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (archives)

Pas de restriction de la liberté d'expression

Son Conseiller spécial pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a souligné pour sa part que « conformément à l'engagement de longue date des Nations Unies en faveur de la protection, de la promotion et de la mise en œuvre de toutes les normes internationales relatives aux droits de l'homme, la stratégie et le plan d'action n'appellent pas à des restrictions de la liberté d'expression et d’opinion pour faire face au discours de haine ».

« En revanche, ils adoptent une approche holistique qui vise à aborder tout le cycle de vie du discours de haine, depuis ses causes profondes jusqu'à son impact sur les sociétés. Ils considèrent également qu’il faut davantage de discours alternatif et positif et de contre-discours pour répondre à ce discours de haine », a-t-il ajouté.

« Les Nations Unies soutiennent la liberté d'expression et d'opinion partout. S'attaquer au discours de haine ne signifie pas limiter ou interdire la liberté d'expression. Cela signifie que les discours de haine ne doivent pas dégénérer en actes dangereux, notamment l'incitation à la discrimination, à l'hostilité et à la violence, interdites par le droit international », a renchéri le chef de l’ONU lors du point de presse.

Pour renforcer le soutien des Nations Unies aux États membres, le Secrétaire général a annoncé son intention de convoquer une conférence sur le rôle de l'éducation dans la lutte contre le discours de haine et le renforcement de la résilience.

Il a également désigné le Conseiller spécial pour la prévention du génocide comme point de contact des Nations Unies pour la mise en œuvre de la stratégie et du plan d'action. À ce titre, M. Dieng supervisera et facilitera l’élaboration de directives plus précises sur la mise en œuvre.