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Ebola en RDC : sans financement, la riposte risque d’être compromise (OMS)

Le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros, lors d'une visite à Butembo, dans l’Est de la RDC (archives).
OMS/Junior Kannah
Le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros, lors d'une visite à Butembo, dans l’Est de la RDC (archives).

Ebola en RDC : sans financement, la riposte risque d’être compromise (OMS)

Santé

En visite en République démocratique du Congo (RDC), le chef de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé mardi la communauté internationale à « combler l’important déficit de financement » de la riposte à Ebola dans un contexte sécuritaire difficile et alors que le nombre de cas augmente.

Dix jours après l’attaque contre un hôpital de Butembo participant à la riposte à Ebola, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, s’est rendu sur place. Le 19 avril, le Dr Richard Mouzoko, épidémiologiste de l'agence onusienne, a été tué par des hommes armés alors qu’il œuvrait avec ses collègues à la riposte au virus mortel dans l’est de la RDC.

« La mort du Dr Mouzoko m'a profondément émue. Lors de cette mission, il était dans mon esprit tout le temps alors que nous rencontrions d’autres collègues dévoués », a dit le Dr Tedros qui était accompagné du Dr Matshidiso Moeti, la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Avec l’attaque de l’hôpital de Butembo, le personnel de l’OMS « a traversé quelque chose d'inimaginable et souhaite néanmoins poursuivre ce travail vital », a dit le Dr. Moeti. « Nous avons besoin que la situation en matière de sécurité soit maîtrisée pour eux et pour la population locale », a-t-elle ajouté.

A Butembo, le chef de l’OMS a exprimé sa profonde préoccupation concernant l’insécurité et le manque de financement auxquels est confrontée la riposte a Ebola. « Les cas augmentent en raison d'actes violents qui nous retardent à chaque fois », a déploré le Dr Tedros, précisant que l’agence onusienne a déjà commencé à ajuster sa réponse.

Le Dr Tedros a exhorté la communauté internationale à renforcer son financement de la riposte à Ebola. A ce jour, seulement la moitié des fonds demandés ont été reçus. Ce déficit de financement pourrait amener l'OMS et ses partenaires à annuler certaines activités au moment même où elles sont le plus nécessaires et menace d’anéantir les efforts déployés pour mettre fin à l’épidémie.

La plupart des activités de riposte au virus Ebola, notamment la sensibilisation de la communauté, la vaccination et les enquêtes sur les possible cas de maladie, ont été relancées après un ralentissement provoqué par l'attaque qui a coûté la vie au Dr. Mouzoko et fait deux blessés.

Mais le nombre croissant de cas d’Ebola signalés ces dernières semaines est une source de profonde préoccupation et pèse encore davantage sur les ressources limitées. « Cette augmentation inquiétante du nombre de cas est un autre appel à l’action », a dit le Dr Moeti.

« Nous entrons dans une phase où nous aurons besoin de changements majeurs dans la riposte », a déclaré le Dr Tedros. « L’OMS et ses partenaires ne peuvent pas relever ces défis sans l’intervention de la communauté internationale pour combler l’important déficit de financement », a-t-il prévenu.

Vue aérienne de Butembo, en République démocratique du Congo. Le 19 avril 2019, des hommes armés ont attaqué un hôpital de la ville participant à la riposte à Ebola et tué le Dr Richard Mouzoko, un épidémiologiste de l'OMS.
OMS/Junior Kannah
Vue aérienne de Butembo, en République démocratique du Congo. Le 19 avril 2019, des hommes armés ont attaqué un hôpital de la ville participant à la riposte à Ebola et tué le Dr Richard Mouzoko, un épidémiologiste de l'OMS.

Mobiliser les partenaires, redoubler d’efforts, ajuster la réponse dans chaque communauté

À Butembo, les deux hauts responsables de l’OMS ont évalué les prochaines étapes nécessaires pour renforcer à la fois la sécurité et les efforts des personnes et infrastructures participant à la lutte contre Ebola.

Ils ont également exprimé leur gratitude et leur soutien au personnel des agences onusiennes et des organisations partenaires. Les Dr. Tedros et Moeti ont également rencontré des responsables politiques, dont le maire de Butembo, Sylvain Kanyamanda Mbusa, ainsi que des responsables d'entreprises, religieux et et d’ONG actifs dans la riposte au virus et les ont invités à redoubler d'efforts pour stabiliser leur environnement.

« Nous avons eu des discussions fructueuses avec les partenaires qui fournissent une couverture sécuritaire pour voir ce qui pourrait être fait de plus. En attendant, nous continuerons à travailler avec divers groupes et à intégrer notre réponse au niveau de la communauté », a dit le Dr. Moeti.

Le chef de l’OMS et sa Directrice pour l’Afrique se sont également entretenus avec l'Ambassadeur des États-Unis, Michael Hammer et le Représentant spécial adjoint de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC (MONUSCO), David Gressly.

« Nous continuerons d'ajuster la réponse, comme nous l'avons fait pour chaque contexte, dans chaque communauté », a déclaré le Dr Moeti. « En fin de compte, l'épidémie ne prendra fin que grâce à l'appropriation par toutes les communautés touchées. Certains voudraient que le virus Ebola nous sépare. Nous ne pouvons le vaincre que si nous travaillons tous ensemble », a-t-elle souligné.