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Pour Ibrahim Thiaw, le Sahel peut devenir la station solaire du monde

Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sahel, Ibrahim Thiaw.

Au Sahel, les changements climatiques ont un impact réel sur l’économie

Photo : ONU/Loey Felipe
Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sahel, Ibrahim Thiaw.

Pour Ibrahim Thiaw, le Sahel peut devenir la station solaire du monde

Climat et environnement

Le Sahel est confronté au quotidien par l’impact du changement climatique mais cette région d’Afrique vulnérable a aussi un grand potentiel en matière d’énergies renouvelables, qui peuvent à la fois aider à lutter contre le changement climatique et fournir des emplois à la jeunesse.

C’est le message du Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahel, Ibrahim Thiaw, lors d’un entretien avec ONU Info en marge d’une récente visite au siège de l’ONU à New York où il participait à une réunion consacrée au Sahel et notamment au lien entre l’instabilité et le changement climatique.

Lors de cette entretien, Ibrahim Thiaw décrit comment le changement climatique a un impact réel et quotidien sur la population du Sahel, une région qui est très dépendante de son économie rurale et est régulièrement frappée par la sécheresse et des inondations qui ont des conséquences énormes sur la sécurité alimentaire. 

« Ce qu’on constate c’est que le paysan ne peut plus se fier à la pluviométrie pour produire suffisamment, le pasteur parcourt des distances beaucoup plus longues pour la transhumance de ses animaux. La femme au foyer va sur des distances beaucoup plus longues pour chercher du bois ou pour chercher de la nourriture et donc l’impact, il est quotidien », explique M. Thiaw.

Selon le Conseiller spécial, les Sahéliens sentent que les choses ont changé en ce qui concerne les fluctuations de la pluviométrie. « Le Sahélien est très dépendant de son économie rurale et donc à chaque fois que la pluviométrie baisse ou qu’elle est irrégulière, la production agricole souffre et l’économie sahélienne est en chute. Il y a une corrélation directe qui a été faite. Au Sahel on peut dire que les changements climatiques ont un impact réel sur l’économie, sur le bien-être des populations et sur le bien-être familial », dit-il.

Un habitant du village de Dan Kada, dans la région de Maradi, au Niger en 2011.
Photo ONU/PAM/Phil Behan
Un habitant du village de Dan Kada, dans la région de Maradi, au Niger en 2011.

 

Selon Ibrahim Thiaw, il est toutefois difficile d’établir un lien direct sur le plan scientifique entre le changement climatique et l’instabilité des pays de la région. En revanche la rareté des ressources due à cette fluctuation de pluviométrie et à une croissance démographique élevée fait que l’environnement n’a pas la capacité de répondre aux besoins de la population.

« C’est ce qui entraîne beaucoup de chocs entre éleveurs et agriculteurs parce qu’il y a une compétition pour l’accès à des ressources de plus en plus rares », dit-il. « Aujourd’hui, on estime que les conflits entre éleveurs et agriculteurs, ces chocs répétés qui se passent dans plusieurs pays du Sahel, entraînent beaucoup plus de morts que les mouvements terroristes ». 

Au Sahel, si on ne s'adapte pas on meurt - Ibrahim Thiaw, Conseiller spécial pour le Sahel

Le Conseiller spécial estime que l’adaptation de la population et de l’économie sahéliennes au changement climatique est fondamentale. C’est particulièrement vrai pour le secteur primaire - l’agriculture, l’élevage et la pêche - mais aussi pour les activités d’infrastructures et la planification urbaine.

« Dans la région du Sahel, si on ne s’adapte pas, on meurt », affirme Ibrahim Thiaw, qui rend hommage aux populations sahéliennes pour leur résistance et leur résilience extraordinaires.

Mais il n’y a pas que des mauvaises nouvelles pour le Sahel, selon lui. La région a un grand potentiel en matière d’énergies renouvelables qui peuvent aider à lutter contre le changement climatique et fournir des emplois à la jeunesse.

« Le Sahel, c’est potentiellement la station solaire du monde », souligne-t-il. « La bonne nouvelle également, c’est que le coût d’acquisition des énergies renouvelables en particulier de l’énergie solaire a chuté de près de 80% au cours des dernières années ».

Les énergies renouvelables peuvent en outre permettre aux communautés locales de ne pas être dépendantes d’un réseau électrique national. « On peut générer de l’énergie, même dans les zones les plus reculées », dit Ibrahim Thiaw.

Et les énergies renouvelables peuvent créer des emplois pour les jeunes, note-t-il. Il y a en effet des panneaux solaires à commercialiser, des installations électriques à construire.