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L'enfer du Darfour brûle toujours, affirme Kofi Annan

L'enfer du Darfour brûle toujours, affirme Kofi Annan

Kofi Annan au Conseil de sécurité
Le Secrétaire général a appelé aujourd'hui instamment le Conseil de sécurité à agir pour empêcher la poursuite des crimes au Darfour et pour traduire en justice les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par le Gouvernement soudanais, les milices janjaouites et les rebelles, ainsi que l'a révélé le rapport de la Commission d'enquête sur le Darfour - un des plus importants de l'histoire récente des Nations Unies.

« Ce rapport est l'un des documents les plus importants de l'histoire récente des Nations Unies », a affirmé aujourd'hui le Secrétaire général, en référence au rapport de la Commission internationale d'enquête sur le Darfour transmis au Secrétaire général le 30 janvier dernier (voir nos dépêches sur le rapport et sur la réaction de Kofi Annan du 1er février 2005).

Kofi Annan intervenait aujourd'hui devant le Conseil de sécurité à l'occasion de la présentation du rapport par la Haute Commissaire aux Droits de l'Homme, Louise Arbour (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

La lecture de ce rapport « donne le frisson », et il appelle à prendre des mesures urgentes, a-t-il souligné, rappelant que la Commission avait « établi que de nombreuses personnes au Darfour avaient été victimes d'atrocités perpétrées à très grande échelle », et que le « Gouvernement du Soudan et les Janjaouites » étaient responsables « de crimes de guerre, et très vraisemblablement de crimes contre l'humanité ».

« La Commission a aussi obtenu des preuves crédibles selon lesquelles les forces rebelles sont aussi responsables de graves violations, pouvant être qualifiées de crimes de guerre », a-t-il rappelé.

Kofi Annan a rappelé que « la Commission avait recommandé que le Conseil de sécurité réfère immédiatement la situation du Darfour à la Cour pénale internationale (CPI), afin de garantir que soit recherchée la responsabilité des auteurs de ces crimes odieux », soulignant qu'il était vital que « ces crimes ne restent pas impunis ».

« Mais l'appel à l'action urgente ne s'arrête pas là », a-t-il affirmé.

« Alors même que la Commission menait son enquête, et depuis lors, les attaques contre les villages, le meurtre de civils, le viol, le pillage et le déplacement forcé de population se sont poursuivis au Darfour », a rappelé le Secrétaire général.

« Comme l'ont dit d'autres avant moi, si l'ONU ne peut ouvrir à l'humanité les portes du paradis, elle doit agir pour la sauver de l'enfer » affirmé Kofi Annan.

« Ce rapport, démontre, au-delà de tout doute possible, que les deux dernières années ont été rien moins que l'enfer sur terre pour nos camarades humains au Darfour. Et malgré l'attention donnée par le Conseil à cette crise, cet enfer brûle toujours aujourd'hui », s'est-il exclamé.

Le Secrétaire général a appelé « la communauté internationale, avec ce Conseil à sa tête, à trouver immédiatement des moyens d'arrêter les tueries et de protéger les plus vulnérables ». « Tout l'éventail des options devrait être envisagé, y compris des sanctions ciblées, le renforcement des efforts de maintien de la paix, de nouvelles mesures pour protéger les civils et l'accroissement des pressions sur les deux parties afin de trouver une solution politique ».

« Je jouerai mon rôle pour aider à développer une telle stratégie », a-t-il affirmé.

« Mais le pouvoir, et la responsabilité, d'agir dans cette crise est entre vos mains », a-t-il déclaré aux membres du Conseil de sécurité. « J'appelle le Conseil de sécurité à agir d'urgence pour arrêter la poursuite des tueries et des souffrances au Darfour, et pour rendre justice à ceux qu'il est déjà trop tard pour sauver ».

Le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Darfour rappelait que les attaques des milices janjouites dans l'Ouest de cette région du Soudan (carte) avait conduit au déplacement de plus de 2 millions de personnes au sein du Darfour et vers le Tchad, tandis que le conflit aurait fait plus de 70.000 victimes.

Au total, alors que l'assistance humanitaire parvenait en janvier à près de 1,5 millions de personnes c'est en réalité près de 2,3 millions de personnes ont à présent besoin d'une assistance humanitaire pour survivre, soit plus du tiers de la population totale de 6 millions d'habitants.