L'actualité mondiale Un regard humain

'Tsunami' : des millions de personnes affectées, selon Jan Egeland

'Tsunami' : des millions de personnes affectées, selon Jan Egeland

Jan Egeland
Si la « première vague » du raz-de-marée qui a frappé hier l'Asie du Sud Est a fait des milliers de victimes, la « deuxième vague » des effets secondaires liés à la pollution de l'eau et à la destruction des moyens de subsistance touchera des millions de personnes, a prévenu aujourd'hui le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, qui a engagé les contributeurs à faire preuve d'une « générosité sans précédent ».

Si la « première vague » du raz-de-marée qui a touché hier l'Asie du Sud Est a fait des milliers de victimes, la « deuxième vague » des effets secondaires liés à la pollution de l'eau et à la destruction des moyens de subsistance touchera des millions de personnes, a prévenu aujourd'hui le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, qui a engagé les contributeurs à faire preuve d'une « générosité sans précédent ».

« Ce n'est pas le plus grand raz-de-marée jamais enregistré, mais ce sera probablement celui dont les conséquences seront les plus graves car il a touché des zones peuplées comme jamais auparavant » au Sri Lanka, en Indonésie, en Inde, en Thaïlande, en Malaysie et aux Maldives, a déclaré aujourd'hui Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au Siège de l'ONU à New York.

« Les effets de ce raz-de-marée pourront ne pas être connus avant des semaines », a-t-il indiqué précisant qu'il était en liaison constante avec les équipes de pays, alors que de nombreuses régions n'étaient pas encore accessibles et coupées des communications (voir notre dépêche d'aujourd'hui sur les efforts de OCHA et du HCR).

Jan Egeland a estimé que le « tsunami » - terme d'origine japonaise qui désigne un raz-de-marée causé par un tremblement de terre ou une éruption volcanique - ne constituait que la première « vague » de cette catastrophe qui a déjà provoqué la mort de milliers de personnes.

Jan Egeland qui s'est montré très réservé quant à une estimation chiffrée du nombre de personnes touchées a néanmoins, en réponse à la question d'un journaliste, établi une liste temporaire. Selon lui, le nombre de victimes s'élèverait à 5 700 en Inde, 4 900 au Sri Lanka, 4 500 en Indonésie, 839 en Thaïlande, 44 en Malaisie, 32 aux Maldives, 10 au Myanmar et 2 au Bangladesh, soit un total d'environ 16 000 personnes.

Mais la deuxième vague de dévastation portera sur les effets secondaires, qui toucheront des millions de personnes, a prévenu Jan Egeland estimant que « le plus grave concernait l'eau et l'assainissement » car l'eau potable de millions de personnes a été polluée et que l'on peut s'attendre à la diffusion de nombreuses maladies liées à cette pollution, y compris des problèmes respiratoires.

Précisant l'état des efforts actuellement mis en place, le Coordonnateur humanitaire de l'ONU a mis en lumière les efforts accomplis au niveau local, notamment en Thaïlande, en Malaisie, en Inde, au Sri Lanka. « La réponse internationale est toujours surestimée, tandis que les réponses nationales sont toujours sous-estimées, alors qu'elles ont été remarquables », a-t-il souligné.

Il a ajouté qu'environ 2 000 experts appartenant aux équipes des Nations Unies pour l'évaluation et la coordination en cas de catastrophe ( UNDAC) devaient être dépêchées sur place.

Jan Egeland a estimé que les coûts de la catastrophe se chiffreraient en plusieurs milliards de dollars, sans qu'il soit possible d'estimer combien de milliers de pêcheurs pauvres ont été touchés ni combien de millions de personnes ont perdu leurs moyens de subsistance.

« Une catastrophe de cette ampleur sans précédent devrait être suivie d'une générosité également sans précédent», a affirmé Jan Egeland, qui s'est déclaré pessimiste quant aux contributions pour l'année à venir.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a souligné que, « dans une économie en croissance », aucun pays n'avait atteint un taux d'aide publique au développement correspondant à 1% de son PNB, seuls les pays nordiques et les Pays-Bas ayant dépassé le taux de 0, 7%.

« Nous étions moins avares lorsque nous étions moins riches » a-t-il souligné, estimant que « les hommes politiques ne comprennent pas leurs propres populations, qui veulent donner plus ».

Pour l'heure, le Coordonnateur a rappelé qu'une réunion avait déjà eu lieu à Genève avec les gouvernements touchés, et qu'une autre réunion aurait lieu aujourd'hui à 14 heures avec les directeurs de toutes les agences des Nations Unies concernées, dans le cadre du Comité inter-institutions des Nations Unies, auquel participent aussi le Comité international de la Croix-Rouge et des représentants des principales organisations non gouvernementales (ONG). Une autre réunion avec les gouvernements affectés doit avoir lieu demain à New York.

Soulignant l'importance de la coordination, Jan Egeland a indiqué qu'il était important que dans chaque pays il y ait un ministère chargé de la direction des efforts, notamment pour coordonner l'évacuation des populations et l'arrivée de l'assistance, précisant que la fourniture d'une assistance non demandée pouvait entraver les efforts, en bloquant par exemple les aéroports.

Jan Egeland a rappelé que cette réunion intervenait exactement un an après la catastrophe de BAM (voir notre dépêche d'aujourd'hui) qui a tué près de 26 000 personnes en l'espace de quelques secondes, mais dans une zone très limitée, alors que le tsunami de dimanche affectera des millions de personnes.

Interrogé sur l'absence de système d'alerte rapide aux tsunamis en Asie du Sud, Jan Egeland a souligné que les raz-de-marée se déplaçaient extrêmement vite. « Un système d'alerte vraiment efficace demanderait un effort considérable », a-t-il estimé, précisant que les systèmes d'alerte à la mousson et aux ouragans mis en place grâce à OCHA, et qui sont appelés à s'aggraver du fait des changements climatiques, s'étaient révélés en revanche très efficaces.

Dans une conférence de presse donnée aujourd'hui à Genève, Mme Yvette Stevens, Coordonnatrice adjointe des secours d'urgence, a indiqué que la Commission européenne, par l'intermédiaire de sa branche humanitaire, ECHO, avait apporté une contribution de 3 millions d'euros et que la Fédération internationale de la Croix-Rouge avait lancé un appel à contributions à hauteur de 7,5 millions de francs suisses.

imageRetransmission de la conférence de presse de Jan Egeland [48mins]

- Dossier spécial ‘tsunami’ sur le site de l'ONU