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Conférence de presse du Secrétaire général : une rétrospective pour l'ONU

Conférence de presse du Secrétaire général : une rétrospective pour l'ONU

Répondant aux nombreuses questions posées à l'issue de sa conférence de presse de ce matin, Kofi Annan a pu aborder les principaux champs d'activité de l'ONU, et exposer son vœu pour l'année prochaine : « moins d'assassinats d'innocents, moins de personnes déplacées ».

«Il y a trop de gens qui meurent. Il y a trop de personnes déplacées». «Et si l'on pouvait au moins constater une amélioration» notamment au Soudan et en Iraq, « cela me paraîtrait bien plus satisfaisant » a déclaré aujourd'hui Kofi Annan lors de la conférence de presse qu'il a donnée au Siège de l'ONU à New York, en réponse à l'une des multiples questions posées par les membres de la presse, celle-là portant sur « son vœu personnel pour l'an prochain ».

« Sans aucun doute, cette année a été particulièrement difficile. Je suis soulagé qu'elle touche à sa fin » a-t-il affirmé d'emblée en réponse à une question portant sur l'existence d'une campagne organisée par les « néo-conservateurs de Washington » qui souhaiteraient se débarrasser de lui.

« Je sais que certains, avec constance, attaquent l'ONU et ma personne. Mais il y a eu des critiques constructives que nous acceptons », a-t-il affirmé.

A la question de savoir s'il était « d'accord pour dire que les examens, les allégations etc, constituent une chasse aux sorcières », Kofi Annan a répondu : « Non, je ne suis pas d'accord ».

Il a aussi rappelé qu'il avait « reçu la confiance et le soutien des Etats Membres » et que lors de ses entretiens avec le Secrétaire d'Etat Powell et à Condoleeza Rice, il avait eu « de très bonnes et positives discussions à Washington » et que la « question de sa démission n'avait pas été soulevée.

Répondant à une journaliste qui l'interrogeait sur le lien entre cette campagne et sa position sur l'Iraq, Kofi Annan a estimé qu'en tant que Secrétaire général, il avait la responsabilité non seulement de « suivre les événements de par le monde qui ont une incidence importante sur la paix et la sécurité » mais aussi « de faire des commentaires, de faire entendre son point de vue ».

« Souvent, je le fais pour faire avancer le processus ou pour exprimer des préoccupations au sujet de l'évolution d'une situation et dans la plupart des cas, j'essaye de rapprocher les Etats Membres pour qu'ils aboutissent à un consensus. Cela fait partie, à mon avis, du rôle du Secrétaire général. J'accepte le fait que les Etats Membres ne soient pas forcément toujours d'accord avec les propos du Secrétaire général », a-t-il déclaré.

Sur l'enquête sur le programme « pétrole contre nourriture », réitérant, comme il l'avait indiqué dans son exposé (voir notre dépêche d'aujourd'hui), son espoir que le rapport d'enquête de Paul Volcker, “tirerait les choses au clair”, le Secrétaire général s'est déclaré très étonné des allégations d'un membre de la presse selon lequel des membres du personnel « auraient subi des pressions pour les empêcher de faire des dépositions » dans cette affaire et dans l'enquête menée par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI).

« Celui-ci s'est entretenu avec de nombreux membres du personnel. Je ne crois pas qu'ils aient été intimidés et qu'on les ait empêchés de déposer ».

« Pour ce qui est du rapport Volcker, je pense que M. Volcker a signalé qu'il est possible que dans certains cas, non pas pour protéger certaines personnes mais pour ne pas faire obstacles à d'éventuelles poursuites ultérieures, certains noms pourraient ne pas être divulgués, mais seulement dans ces conditions », a-t-il ajouté.

Sur la question de l'Iraq et de la forme que prendra le futur Etat, le Secrétaire général a souligné que l'ONU et les Etats Membres souhaitaient que l'intégrité territoriale de l'Iraq soit respectée. « Nous souhaitons un Etat neutre, uni, ayant retrouvé la paix à l'intérieur du pays et avec ses voisins ».

« Nous ne comptons pas sur un éclatement de l'Iraq. Au contraire, nous travaillons sur la base de l'unité du pays. La plupart des voisins et des pays dans le monde souhaitent voir un pays réconcilié où les groupes peuvent mener un dialogue positif et vivre ensemble, comme par le passé », a affirmé Kofi Annan.

Quant à « l'armée iraquienne et son rôle futur », le Secrétaire général a ajouté que cela dépendrait de la Constitution préparée par le Gouvernement iraquien.

Répondant à la question d'un journaliste sur son « interprétation du niveau de violence en Iraq », le Secrétaire général a souligné que « différents groupes étaient actifs dans le pays », dont les extrémistes, mais aussi « des gens qui ne sont pas nécessairement violents et qui ont d'autres points de vue et c'est ceux-là qu'il faut essayer d'amener à s'exprimer davantage ».

« Mais la violence, si elle continue, aura des répercussions sur les élections. Les élections n'ont pas lieu dans le vide », a-t-il souligné, rappelant une fois encore que « la décision de savoir si elles doivent ou non avoir lieu est une décision qui sera prise par les autorités iraquiennes », de même que leur date.

Interrogé par ailleurs sur les actes d'abus sexuels commis en République démocratique du Congo par des employés de l'ONU et des casques bleus, le Secrétaire général a affirmé qu'il avait été « choqué » par cette situation.

« On a déjà renvoyé certaines personnes chez eux, y compris des militaires », a-t-il affirmé.

Il a précisé que le Bureau des services de contrôle interne avait déjà fait une enquête et que le rapport devait bientôt sortir, et qu'une deuxième équipe était sur place.

« Mais on ne va pas en rester là. Nous sommes en train d'élaborer un plan qui pourra nous aider à contrôler ce genre de situation », a-t-il affirmé.

Il a ajouté qu'il avait eu « une réunion avec 19 Etats fournisseurs de troupes pour des opérations onusiennes » pour discuter du problème, et pour discipliner les troupes.

Interrogé, à propos de la réforme du Conseil de sécurité, sur la réaction du Japon, de l'Inde, du Brésil et l'Allemagne, et sur le fait que les pays d'Afrique seraient « laissés pour compte », le Secrétaire général a rappelé que les deux propositions du Groupe de personnalités de haut niveau, dans leur rapport sur les menaces, les défis et le changement , visaient à améliorer la représentativité au Conseil et à le rendre plus démocratique.

« Oui, à ce stade, un nombre de pays ont joué un rôle actif en matière de réforme du Conseil de sécurité mais les recommandations du Groupe vont au-delà de la réforme du Conseil de sécurité », a-t-il souligné, estimant que le fait que « l'Afrique ne se soit pas manifestée, ne veut pas dire que l'Afrique soit laissée pour compte. Le débat n'est toujours pas tout à fait lancé, les mois à venir promettent d'être importants ».

Il a par ailleurs salué le rôle de l'Union africaine, « qui est très active pour un organisme relativement jeune ». « Elle commence à mettre en place des institutions. Elle est active au Soudan. Elle est active également à l'occasion d'autres crises en Afrique, par exemple au Burundi, en Côte d'Ivoire, en collaboration avec nous », a souligné le Secrétaire général.