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L'accès humanitaire, clef de la protection des civils dans les conflits

L'accès humanitaire, clef de la protection des civils dans les conflits

Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires
La protection des civils dans les conflits passe en tout premier lieu par la garantie de l'accès humanitaire, a affirmé aujourd'hui le Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies devant le Conseil de sécurité, plaidant pour un renforcement des capacités d'actions d'une communauté humanitaire qui demande « bien moins que 1 % des dépenses militaires mondiales ».

« L'accès humanitaire aux civils dans le besoin se situe au cœur des dispositifs de protection. Afin de garantir un environnement plus sûr pour les victimes des conflits, l'accès de ceux qui peuvent porter secours doit être garanti en permanence » a déclaré aujourd'hui Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, lors d'une intervention devant le Conseil de sécurité réuni pour une séance sur le thème de la protection des civils dans les conflits armés.

Au fil d'un long exposé retraçant le tableau de la situation humanitaire dans de nombreux conflits dans le monde, Jan Egeland a notamment souligné certaines améliorations progressives de l'accès aux civils, notamment au Libéria ainsi qu' aux 1,6 million de civils déplacés dans le nord de l'Ouganda.

Ailleurs, comme au Darfour, les agences humanitaires continuent de rencontrer les « pires obstacles à l'accès humanitaire », lorsqu'elles ne sont pas prises pour cible comme cela été le cas récemment au Soudan (voir notre dépêche du 13 décembre) mais encore en Iraq et en Afghanistan.

« J'encourage le Conseil de sécurité à utiliser ses pouvoirs de manière plus énergique, quand cela est nécessaire, pour résoudre les problèmes d'accès afin de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et de la protection », a engagé le Coordonnateur humanitaire de l'ONU, notamment pour engager la responsabilité des auteurs responsables « de ces attaques » et « de la famine, des maladies et des morts qui en découleront certainement ».

En Afghanistan et en Iraq, a-t-il estimé, « nous pourrions bien être témoins d'une nouvelle évolution inquiétante avec les récentes prises d'otages, qui indiquent l'imbrication de motivations mercantiles et politiques ».

Le chef de la Coordination humanitaire a indiqué qu'il avait noué à cette fin « un dialogue avec des associations religieuses et de la société civile dans les régions où semblent peser des menaces sur le personnel humanitaire ».

« Je lance un appel aux chefs religieux et communautaires afin qu'ils prennent position énergiquement contre ceux qui s'en prennent au personnel humanitaire non armé en Afghanistan, en Iraq, en Somalie et ailleurs, en violation flagrante des valeurs religieuses et culturelles », a-t-il déclaré.

Jan Egeland a par ailleurs souligné l'impunité réservée le plus souvent aux auteurs d'actes de violence sexuelle dont les victimes subissent non seulement le traumatisme mais encore le risque d'infection par le VIH/sida et la détresse sociale et économique qui suit l'opprobre qui les accompagnent.

« J'espère que la Cour pénale internationale fera jouer sa compétence pour démontrer clairement que les crimes de violence sexuelle ne seront pas tolérés et que les auteurs de tels crimes seront châtiés. Et j'espère que le Conseil de sécurité insistera pour que leur responsabilité soit recherchée », a-t-il affirmé.

Au premier rang des priorités d'action, a estimé le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, vient le « renforcement de la capacité globale de la communauté humanitaire » pour fournir une assistance humanitaire et une protection efficaces en temps opportun.

« En tant que communauté humanitaire, nous demandons après tout bien moins que 1 % des dépenses militaires mondiales pour soulager toutes les souffrances entraînées par tous les conflits » a-t-il rappelé.

Ce renforcement de la capacité passe notamment par l'amélioration du système d'alerte, « afin de fournir au Conseil de sécurité des informations concrètes et objectives qui permettront une meilleure évaluation de l'ampleur et du degré d'urgence des préoccupations essentielles en matière de protection et une réponse adéquate ».

Ce système devrait notamment permettre d'attirer l'attention sur les situations d'urgence négligées, a espéré Jan Egeland.

Enfin, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a insisté sur la propre « responsabilité de protéger » des acteurs humanitaires, se déclarant « profondément troublé par les cas d'exploitation sexuelle et de mauvais traitements commis par le personnel de maintien de la paix et humanitaire au cours des six derniers mois ».

Il a souligné à cet égard que « l'engagement actif des pays qui fournissent le personnel » était vital pour que soient strictement appliquées les normes établies par le Secrétaire général dans ce domaine.

imageRetransmission de la séance du Conseil de sécurité [2 heures 40 mins]