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Le Conseil de sécurité doit travailler à mettre fin à l'impunité en Afrique centrale

Le Conseil de sécurité doit travailler à mettre fin à l'impunité en Afrique centrale

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La mission du Conseil de sécurité est revenue d'Afrique centrale « encouragée » par les progrès accomplis en un an mais aussi consciente des difficultés importantes qui subsistent, l'insécurité à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) notamment ainsi que le problème de l'impunité sur lequel le chef de la mission, l'ambassadeur de la France, qui présentait ce matin les conclusions de la mission, a estimé que le Conseil « devait travailler. »

Les membres de la mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale en sont revenus à la fois « encouragés » et conscient des pesanteurs qui subsistent, a exposé aujourd'hui, devant le Conseil de sécurité réuni pour entendre son compte-rendu, le chef de la mission, l'ambassadeur de la France, Jean-Marc de La Sablière.

Au chapitre des progrès réalisés, l'ambassadeur a mis en avant « le sentiment d'une détermination très largement partagée à aller aux élections aussi bien chez les responsables congolais que burundais. »

Lorsque l'on « compare la situation aujourd'hui à celle qu'elle était lors de notre précédente mission », en juin 2003, « on mesure l'ampleur des progrès accomplis », a fait valoir l'ambassadeur qui a cité, à l'appui de ses dires, la mise en place des institutions de la transition en RDC qui « ont commencé à se mettre au travail » et le fait que les incidents de mai et de juin dernier à Bukavu et Kinshasa aient été surmontés.

Quant au Burundi, a-t-il fait valoir, « un cessez-le-feu général a été conclu. Le calme règne sur 95 % du territoire en dehors de Bujumbura rural où sévit encore le FNL. » [Forces nouvelles de libération, un mouvement hutu ayant revendiqué le massacre de Gatumba. Voir à ce sujet notre dépêche du 25 octobre 2004].

« Le cadre de la fin de la transition et de l'après transition a été largement agréé et la Constitution doit être adoptée par le peuple par référendum le 22 décembre », a ajouté Jean-Marc de La Sablière.

Du côté des difficultés, il a souligné que les aspects encourageants de la visite ne devaient pas « camoufler notre sentiment que rien n'est joué » et que « les difficultés, les pesanteurs, ne doivent pas être sous-estimées. »

Il a cité en exemple le fait qu'en RDC, le texte de la Constitution ne fait pas encore l'objet d'un accord, ce qu'il a jugé préoccupant, ainsi que l'important travail législatif à accomplir, « plus avancé au Burundi » et l'établissement des listes électorales.

« En RDC, il est indispensable que l'espace présidentiel approfondisse son dialogue », a déclaré M. de La Sablière qui a ajouté que pour sa part la communauté internationale engagée dans les deux pays devait pouvoir « avec efficacité influencer les choses. »

Le chef de la mission du Conseil a insisté sur le fait qu'il était « essentiel » que les élections prévues l'an prochain, « ne soient pas d'ici-là compromises par de nouvelles flambées de violences. »

Pour éviter un tel scénario, le Conseil de sécurité a consenti au cours des six derniers mois au déploiement de l'ONUB (Opération des Nations Unies au Burundi) et au renforcement de la MONUC (Mission des Nations unies en RDC), a-t-il rappelé, ajoutant que des efforts étaient attendus des autorités de Kinshasa et de Bujumbura, dans le domaine du désarmement comme dans celui de la restructuration des forces de défense et de police et qu'il restait à cet égard beaucoup à faire en RDC.

Insistant par ailleurs sur le fait que la paix demeure fragile dans la région, il a mis en garde contre le risque que constituent « l'instabilité, particulièrement sensible dans l'Est de la République Démocratique du Congo » et le problème posé par la présence, sur le territoire congolais, des rebelles rwandais ex-Far et Interahamwes.

C'est, « en premier lieu, un problème pour les Congolais eux-mêmes car les populations en souffrent et la possibilité d'organiser des élections dans le Kivu dépend du règlement de ce problème. C'est devenu également un problème pour le Burundi car le FNL trouve un soutien au Congo de la part des Ex-Far et Interahamwes », a souligné l'ambassadeur.

Enfin, a-t-il ajouté, « cela est bien sûr toujours un problème pour le Rwanda. Nous l'avons reconnu, même si le Conseil n'a pas la même appréciation que les autorités rwandaises sur l'ampleur de cette menace. »

L'ambassadeur a également insisté sur le fait que « tous les peuples de la région méritent aussi que l'impunité soit combattue avec la plus grande détermination ».

« Cette région a connu trop de violations des droits de l'homme », a déclaré l'ambassadeur qui a précisé que c'était un défi qui était en train d'être relevé. »

« Et je suis d'avis personnel que le Conseil de Sécurité a du travail à faire sur ce point », a-t-il ajouté. « Il doit réfléchir aux mesures à prendre à l'égard du FNL, mouvement qui commet des atrocités et s'oppose au processus de paix. » L'ambassadeur a estimé que « le Conseil irait également dans la bonne direction en agissant dès qu'il aura reçu le rapport du Secrétariat concernant l'établissement d'une commission internationale d'enquête judiciaire au Burundi. »

Le rapport de la mission, a-t-il précisé, sera diffusé aujourd'hui ou demain au plus tard.

imageRetransmission de la séance du Conseil de sécurité [26 mins]