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La République Srpska, obstacle au destin européen de la Bosnie-Herzégovine

La République Srpska, obstacle au destin européen de la Bosnie-Herzégovine

Sur le chemin qui la mène de Dayton à Bruxelles, la Bosnie-Herzégovine bute sur un obstacle de taille : la République Srpska qui en neuf ans n'a livré aucun inculpé au Tribunal pour l'ex-Yougoslavie, a déclaré aujourd'hui le Haut Représentant chargé du suivi des accords de paix qui a demandé au Conseil de sécurité d'envoyer un message clair disant que « le temps des excuses était fini. »

« La Bosnie est en train de passer définitivement de l'ère de Dayton à l'ère de Bruxelles », a déclaré aujourd'hui, lors de son exposé devant le Conseil de sécurité, le Haut Représentant chargé d'assurer le suivi de l'application de l'Accord de paix, dit accord de Dayton, relatif à la Bosnie-Herzégovine, Paddy Ashdown.

Enumérant les progrès accomplis par le pays au cours des dix ans écoulés dans le domaines judiciaire, en matière de réforme de la police, dans la création d'institutions fiscales, Paddy Ashdown a demandé de se rappeler la situation en Bosnie-Herzégovine, en novembre 1994.

Le pays « se trouvait tout en haut de votre ordre du jour. Il ne se passait pas de jours sans que vous ne dénonciez les attaques à la bombe, et même ce qui semblait être l'usage de napalm ou de bombes à fragmentation dans la poche de Bihac, ou encore que vous réclamiez l'accès des convois humanitaires », a-t-il fait remarquer.

« En tout, vous avez adopté 14 déclaration sur la Bosnie au cours de 1994 », a rappelé M. Ashdown qui s'est attaché à mettre en évidence le contraste avec la situation qui prévaut aujourd'hui.

Au nombre des avancées récentes, il a cité le cas du Tribunal national qui commencent à produire des résultats. « Les mises en accusation et maintenant les procès, de ceux qui occupaient autrefois une position élevée et puissante, commencent à convaincre les citoyens que l'immunité n'existe plus pour les riches et les puissants de quelque communauté que ce soit », a-t-il déclaré.

Les progrès réalisés signifient à ses yeux que la Bosnie-Herzégovine a fait le choix de devenir membre de l'Europe et de l'OTAN « et de vivre la vie normale et paisible d'un pays européen. »

La fin du mandat de la SFOR (la Force internationale de l'OTAN) et le transfert de la mission militaire à des troupes européennes, le 2 décembre prochain, ne changera pas grand-chose pour la population dans la mesure où 80% des troupes de la SFOR sont déjà européennes et pourtant ce transfert signe, sans ambiguïté possible, le destin européen de la Bosnie-Herzégovine, a-t-il ajouté.

Pourtant M. Ashdown a reconnu que des problèmes demeuraient. En matière judiciaire, « nous sommes confrontés à des allégations de défaillances procédurales de la part d'une autre agence de l'ONU », a-t-il indiqué, faisant observer qu'il revenait à l'ONU d'apporter la preuve inverse. Or, de l'avis rendu par l'ONU, dépend la décision de procéder une réévaluation du mécanisme, a-t-il fait valoir.

Pourtant, de toutes les difficultés que connaît actuellement la Bosnie, financières et économiques notamment, celle sur laquelle il a exprimé la préoccupation « la plus immédiate » concerne la République Srpska (RS) et sa totale absence de coopération avec le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie.

« En neuf ans, la RS n'a pas remis au TPIY un seul inculpé, ne lui a pas fourni l'information dont il a besoin pour les retrouver, n'a pris aucune action significative pour s'en charger », a déclaré le Haut Représentant qui a ajouté que, neuf ans plus tard, Karadzic et Mladic étaient toujours en liberté.

Faisant observer que cette attitude barrait l'accès de la Bosnie-Herzégovine, malgré les « progrès remarquables » accomplies par celle-ci, Paddy Ashdown a estimé que que la communauté internationale et « ce Conseil de sécurité » devaient faire comprendre aux autorités de la République Srpska qu'ils ne permettront pas qu'elles continuent à contrevenir à la condition cardinale de Dayton sur l'impunité.

Paddy Ashdown a conclu en exprimant l'espoir que le Conseil enverrait un message ferme et dénué d'ambiguïté aux dirigeants de la République Srpska leur disant que « le temps des excuses était fini. »