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Côte d'Ivoire : la France espère une décision du Conseil demain sur un texte modifié

Côte d'Ivoire : la France espère une décision du Conseil demain sur un texte modifié

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Le Conseil devrait se prononcer demain sur un projet de résolution complété de propositions de diverses délégations dont l'une d'elle prévoit que les mesures envisagées ne seraient appliquées qu'à partir du 1er décembre en cas de non-respect de leurs engagements dans l'intervalle, a indiqué ce soir l'ambassadeur de la France tandis que l'ambassadeur ivoirien remettait en question la politique française.

Faisant observer qu'aucune des parties ne respectait ni les engagements pris à Linas-Marcoussis ni ceux d'Accra III, l'ambassadeur de la France Jean-Marc de La Sablière a indiqué ce soir, à l'issue de consultations sur la situation en Côte d'Ivoire, que le Conseil de sécurité était prêt à passer à l'action et qu'il espérait que le projet de résolution, complété de dispositions réclamées par différentes délégations, serait adopté dès demain.

L'ambassadeur a également évoqué la « nouvelle initiative » du Président de l'Afrique du Sud, Thabo Mbeki, qui, au nom de l'Union africaine, a convié l'ancien Président de la Côte d'Ivoire, Henri Konan Bédié et actuel chef du PDCI (Parti démocratique de Côte d'Ivoire) et Alassane Ouatara, leader du Rassemblement des républicains (RDR).

« J'espère que cette nouvelle initiative sera couronnée de succès et que ces parties respecteront désormais leurs engagements », a déclaré Jean-Marie de La Sablière. Toutefois, a-t-il ajouté, le Conseil estime que le moment est venu de passer à l'action et que l'adoption d'une résolution peut appuyer la tâche du facilitateur.

Il a cependant indiqué que, pour rassembler le consensus que la France souhaitait, les mesures prévues dans la résolution ne prendraient effet que le 1er décembre si, dans l'intervalle, les accords étaient à nouveau violés. Une nouvelle résolution sera donc nécessaire à ce moment-là, a-t-il confirmé en réponse aux questions de la presse.

L'ambassadeur a également indiqué qu'un nouveau paragraphe allait être inséré à la demande du Brésil, lequel réclamera que soit mis fin aux incitations à la haine propagées par la radio et la télévision ivoiriennes, émissions dont l'ensemble du Conseil a jugé qu'elles la « Radio Mille Collines » au Rwanda.

A la demande du Bénin, une disposition réclamera que soit assurée la protection de tous les étrangers en Côte d'Ivoire, a indiqué l'ambassadeur français.

Ces ajouts au projet initial font l'objet d'une mise en forme au niveau des experts, a précisé M. de La Sablière qui a indiqué à nouveau s'attendre à ce que le Conseil de sécurité prenne une décision sur le projet amendé dès demain.

L'ambassadeur de la Côte d'Ivoire, Philippe Djangoné-Bi, qui lui a succédé devant les micros à la sortie du Conseil de sécurité, a vivement réagi en faisant valoir qu'il n'y avait aucune raison de se hâter pour adopter une résolution alors que l'Union africaine s'était saisie de la question.

Déjà, lors d'une conférence de presse donnée en fin de matinée, l'ambassadeur, interrogé sur le projet de résolution du Conseil de sécurité qui prévoit des sanctions à l'encontre de la Côte d'Ivoire, avait jugé « suspecte » la décision de la France de « faire du forcing pour obtenir une résolution ». Il n'y a plus le feu, alors pourquoi se précipiter, si ce n'est pour casser les autorités du pays ? avait-il interrogé.

« Je pense que le Conseil de sécurité devrait donner du temps à la médiation » de M. Mbeki. « Donnez du temps à l'Afrique pour qu'elle règle les problèmes des Africains, à la manière africaine », a-t-il demandé, et que l'on prenne des sanctions après une enquête, et après avoir entendu le pays concerné.

Revenant sur la destruction de l'aviation ivoirienne qui a fait suite au bombardement de la position des troupes françaises, l'Ambassadeur a souligné que c'était ces avions qui faisaient la supériorité du gouvernement sur des rebelles, « composés à 70% d'étrangers ».

Interrogé sur le fait que l'envoi de troupes à travers la zone de confiance violait le cessez-le-feu qu'était chargé de maintenir la France, l'Ambassadeur a indiqué que les rebelles avaient refusé de désarmer à la date prévue, restant silencieux pendant que le pays était économiquement étranglé et que, devant choisir entre « deux maux », le « Gouvernement avait pris ses responsabilités ».

Quant à la propagation de messages de haine raciale, l'ambassadeur a affirmé ce matin que de tels messages de haine n'existaient pas, complétant ce soir en affirmant que la meilleure preuve en était « qu'aucun message de cette sorte n'avait été sanctionné » par le Gouvernement ivoirien.

M. Djangoné-Bi a fait valoir qu'il ne pouvait pas voir les forces françaises comme un bouclier pour le Président lorsqu'elles tiraient sur le palais présidentiel, lorsqu'elles détruisaient la flotte nationale et lorsqu'elles « humiliaient et frustraient » la population.

« Nous aimons les Français qui sont nos amis, mais nous ne souhaitons pas que les autorités françaises humilient la Côte d'Ivoire ».

Répondant à la question de savoir si la France voulait le départ de Laurent Gbagbo, l'Ambassadeur a indiqué que c'était son impression initiale, mais que le Président Chirac avait eu un discours apaisant. Les patrouilles communes de l'armée ivoirienne, des troupes de l'ONUCI et l'armée française en témoignent, a-t-il noté.