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Les abus du Nord-Ouganda dénoncés alors qu'au Darfour on attend l'Union africaine

Les abus du Nord-Ouganda dénoncés alors qu'au Darfour on attend l'Union africaine

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Au Darfour, les « humanitaires » six fois plus nombreux qu'en avril, se sentent menacés et « très seuls » et appellent de leur voeu le déploiement des forces de l'Union africaine, a indiqué le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU qui a également appelé à l'aide le Conseil de sécurité pour qu'il intervienne pour mettre fin au « scandale moral » du Nord de l'Ouganda et de ses 20 000 enfants enrôlés de force dans les rangs du « mouvement terroriste » de l'Armée de résistance du Seigneur.

S'exprimant aujourd'hui à sa sortie du Conseil de sécurité auprès duquel il a fait le point sur différentes situations humanitaires, dans le cadre de consultations à huis clos, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, Jan Egeland, a indiqué à la presse que les deux principaux dossiers qui lui tenaient à c?ur et sur lesquels il avait souhaité attirer l'attention du Conseil, était le Nord-Ouganda et le Darfour.

« Le Nord de l'Ouganda est à mes yeux un scandale moral », a-t-il déclaré indiquant qu'il avait demandé, « sans doute de façon un peu rhétorique », au Conseil « dans quel autre endroit du monde, 20 000 enfants étaient kidnappés, dans quel autre endroit du monde, 90% de la population de vastes districts avait été déplacée, dans quel autre endroit du monde, 80% des combattants d'un mouvement d'insurgés terroristes tel que celui de l'Armée de la résistance du Seigneur étaient des enfants. »

Jan Egeland s'est dit toutefois réconforté par le temps consacré par le Conseil à ce problème et par le fait que l'opinion générale au sein de ses membres, ait été qu'il était temps de mettre fin à « ces tueries et ces souffrances insensées. »

Il a ajouté que des signaux positifs provenaient également de l'action du Gouvernement ougandais qui, par une présence renforcée sur le terrain, avait réussi à sécuriser certains secteurs et à y protéger les travailleurs humanitaires, précisant par ailleurs « qu'une loi sur les personnes déplacées avait été adoptée » et qu'il existait désormais « une prise de conscience beaucoup plus large de l'importance du problème. »

« Nous espérons que, du point de vue humanitaire, nous allons enfin assister au début de la fin de ces 18 années marquées par une litanie d'horreurs, pendant lesquelles les enfants ont été à la fois des combattants et des victimes », a déclaré Jan Egeland

Il a indiqué que cet espoir se nourrissait de plusieurs facteurs, une attention internationale plus importante mais aussi le processus de paix enclenché au Soudan dont les effets pourraient rejaillir sur le Nord de l'Ouganda.

En venant à la situation au Soudan et plus précisément dans sa province occidentale du Darfour, Jan Egeland a indiqué que les progrès au plan humanitaire étaient tangibles avec maintenant plus d'un million de personnes bénéficiant d'une assistance, recevant des vivres, de l'eau, ayant accès à des équipements sanitaires.

Mais, alors que les agences humanitaires de l'ONU avaient dépassé les objectifs qu'elles s'étaient fixés, « l'objectif s'est lui-même déplacé de plusieurs kilomètres », a-t-il fait observer, soulignant que les prévisions antérieures étaient basées sur un effectif d'un million de personnes dans le besoin alors que cet effectif était aujourd'hui du double.

La seconde grande préoccupation exprimée par Jan Egeland a porté sur la dégradation de la sécurité. « Des collègues ont été tués, des collègues ont été harcelés, des collègues ont été kidnappés », a-t-il déclaré alors que la présence humanitaire au Darfour a été multipliée par six par rapport au mois d'avril.

« J'ai dit au Conseil de sécurité que la sécurité du personnel humanitaire aurait dû être assurée depuis longtemps et que tous les efforts doivent maintenant porter sur l'arrivée de personnel et de troupes de l'Union africaine supplémentaires », a indiqué le Coordonnateur des secours d'urgence, qui a jugé particulièrement bienvenus les signaux positifs reçus à cet égard. D'autant, a-t-il précisé, que la fin de la saison des pluies pourrait entraîner une recrudescence des combats.

Soulignant que le financement de l'aide humanitaire avait atteint en septembre des niveaux inégalés jusqu'alors et que la tendance semblait se poursuivre en septembre, il a toutefois indiqué que 119 millions de dollars continuaient à faire défaut « en partie en raison de la présence plus importante sur place. »

Ce que nous attendons maintenant, c'est le déploiement des forces de l'Union Africaine, a-t-il poursuivi. « Nous avons présents sur le terrain 7 80 employés internationaux et 5 500 employés locaux et nous nous sentons très seuls au Darfour en ce moment. Nous avons besoin de cette présence de l'Union africaine », a martelé Jan Egeland.

Et pour cela, il faut que la communauté internationale apporte une aide logistique à ce déploiement, a ajouté le Coordonnateur humanitaire de l'ONU qui a exprimé sa frustration face à la lenteur que mettait cette aide à se concrétiser. « Des promesses ont été faites par l'Amérique du Nord, par plusieurs pays européens, par l'Australie mais tout cela est trop lent. »

« S'il s'agit vraiment de l'un de trois problèmes les plus pressants figurants à l'ordre du jour des ministres des Affaires étrangères dans le monde, comme je l'ai entendu dire, comment se fait-il que des efforts plus importants ne soient pas déployés pour aider les soldats sur le terrain », s'est-il interrogé.

Jan Egeland s'est dit cependant particulièrement réconforté d'avoir trouvé auprès du Conseil de sécurité « l'un des alliés les plus importants, si ce n'est le plus important, dans cette aide à apporter à ces crises négligées et oubliées que le Soudan a été pendant longtemps et que le Nord de l'Ouganda est toujours. »

Interrogé sur Haïti, il a indiqué que des progrès avaient été réalisés dans l'acheminement de l'aide « grâce à l'excellente coopération existant entre les soldats du maintien de la paix et le personnel humanitaire. »

« Il est toutefois incompréhensible que Haïti, si proche de quelques-uns des pays les plus riches du monde, ait recueilli aussi peu d'investissement dans le domaine social et dans le relèvement du pays », a-t-il noté.