L'actualité mondiale Un regard humain

Lutter contre « la faim ordinaire » en s'appuyant sur la biodiversité

Lutter contre « la faim ordinaire » en s'appuyant sur la biodiversité

media:entermedia_image:f46a6abe-a5c7-43a5-9e8f-8eb5a32ee759
Pour les responsables d'agences humanitaires de l'ONU, la Journée mondiale de l'alimentation, commémorée demain 16 octobre, est d'ores et déjà l'occasion de mettre en avant « la faim ordinaire » des pauvres qui constituent 90% des affamés de la planète et souffrent encore plus du détournement de l'aide vers les situations d'urgence « à haute visibilité » ou encore de souligner les ressources offertes par la biodiversité.

« Nous affamons Pierre pour sauver Paul », affirme le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), James Morris, dans un article communiqué à la presse un peu partout dans le monde à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation.

Le chef du PAM a cité en exemple le cas du Darfour où les victimes ont enduré des épreuves terribles et vivent dans un environnement d'une brutalité difficile à imaginer.

« Leurs souffrances ont choqué le monde », fait remarquer James Morris, cité dans un communiqué du Programme. « Nous savons tous ce qui se passe au Darfour et sommes unis dans notre détermination à protéger ces gens et à répondre à leurs besoins humanitaires. »

Mais, a-t-il souligné, « qui se souvient de la dernière fois que nous avons lu quelque chose sur les enfants affamés d'Azebaïdjan, de Guinée, du Sri Lanka ou du Tadjikistan ? »

A ses yeux, la Journée mondiale de l'alimentation est l'occasion de se rappeler, ne serait-ce qu'un bref moment, des 800 millions de personnes qui souffrent de la faim de façon chronique dans le monde.

Les bureaux du PAM, répartis un peu partout sur la planète, demandent que soit prêtée attention à la « faim ordinaire », à tous ces gens abandonnés à leur sort et qui n'ont pas assez de nourriture, non en raison de catastrophes naturelles ou de désastres, mais parce qu'ils sont trop pauvres pour assurer leur subsistance et celle de leurs familles.

Ces gens-là, qui représentent plus de 90% des affamés au niveau mondial, souffrent encore plus quand des urgences « à haute visibilité » détournent le plus gros des budgets de l'aide, indique James Morris.

Faisant référence au premier des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), qui est de réduire de moitié le nombre des personnes qui ont faim dans le monde d'ici à 2015, il fait remarquer que si l'on ne prend pas en compte la Chine, ce nombre s'est en réalité accru depuis l'entrée dans cette "spirale".

Nous pouvons casser cette spirale », affirme-t-il, « il y a d'ores et déjà suffisamment de nourriture pour tous dans le monde. C'est une question de volonté et de détermination, pas seulement le temps d'une Journée mondiale de l'alimentation, mais demain, le jour suivant et pendant les années à venir. »

Pour le responsable d'une autre agence de l'ONU, la FAO, (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) une des clés de l'éradication de la faim dans le monde est la diversité biologique (Voir, sur le site de la FAO, la page consacrée à la , Biodiversité.

"Pour de nombreuses familles rurales, l'utilisation durable de la biodiversité locale est la clé de leur survie. Elle leur permet d'exploiter des terres marginales et leur garantit une production alimentaire minimale, et ce, même dans des conditions particulièrement difficiles", a déclaré M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, lors de la cérémonie qui s'est tenue, aujourd'hui, au siège de l'Organisation à Rome pour célébrer la Journée mondiale de l'alimentation.

"La conservation de la biodiversité agricole mondiale doit être considérée comme un effort concerté, rassemblant agriculteurs, sélectionneurs commerciaux et scientifiques", a ajouté le Directeur général de la FAO, s'adressant au président de la République de Hongrie, Ferenc Màdl, invité d'honneur de la cérémonie, à des fonctionnaires de haut rang et à des représentants des Etats membres de la FAO, d'organisations internationales, d'autres institutions des Nations Unies, d'ONG, de la société civile et d'associations d'agriculteurs.

"La biodiversité au service de la sécurité alimentaire" est le théme, cette année de cette Journée, qui marque l'anniversaire de la fondation de la FAO en 1945 et est célébrée à Rome et dans environ 150 pays dans le monde, indique l'agence dans communiqué.