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Sahel : course de vitesse engagée entre les essaims de criquets et les actions de lutte

Sahel : course de vitesse engagée entre les essaims de criquets et les actions de lutte

Criquet pèlerin
Alors que dans les pays sahéliens d'Afrique de l'Ouest, les essaims de criquets pèlerin se déplacent vers le Nord, la campagne de lutte contre ces acridiens ravageurs des plantes prend de l'ampleur, indique aujourd'hui l'agence de l'ONU pour alimentation et l'agriculture.

On les a vus dans le ciel des pays du Sahel se déplacer en essaims nombreux, certains se dirigeant vers le nord, le sud-ouest de la Libye, le sud de l'Algérie et la frontière avec le Maroc ; d'autres ont été aperçus dans le Sud-ouest du Sahara, indique aujourd'hui l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans un communiqué.

Depuis l'automne 2003, en octobre exactement, date à laquelle la FAO avait lancé une mise en garde contre la crise qui s'amorçait, les insectes ont fait subir des dégâts importants aux cultures et aux pâturages dans les pays qu'ils ont traversés, dégâts en cours d'évaluation par une équipe FAO/PAM (Programme alimentaire mondial de l'ONU) et par le Comité régional permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).

Au cours des dernières semaines, les ressources nécessaires pour lutter contre ce que Jan Egeland, le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, a qualifié le 7 octobre dernier, de fléau « de proportion biblique », commencent à arriver.

Lors de sa conférence de presse à Genève, Jan Egeland avait indiqué qu'alors qu'il aurait fallu 9 millions de dollars il y a quelques mois, et qu'il en fallait 100 actuellement pour prétendre enrayer l'infestation par ces « centaines de milliards de criquets pèlerin qui dévastent le Nord de l'Afrique. »

Si le problème n'est pas pris à bras le corps dans les cinq prochaines semaines, avait-il prévenu, il sera multiplié par 10 (voir notre dépêche du 7 octobre.)

Or, les ressources nécessaires commencent à arriver, selon la FAO. Sur les 100 millions de dollars nécessaires, à la mi-septembre, l'agence n'avait reçu que 2 millions de dollars. Au 12 octobre dernier, un peu moins de 20 millions de dollars étaient reçus auxquels la FAO a ajouté 6 millions de dollars puisés sur ses fonds propres. Puis, 38 millions de dollars ont fait l'objet d'accords et les négociations se poursuivent entre la FAO et les bailleurs de fonds pour 9,8 millions de dollars supplémentaires.

Les bailleurs de fonds ont également effectué des dons bilatéraux. Les pays d'Afrique du Nord - Maroc, Libye, Tunisie, Algérie - ont fait don ou prêté à leurs voisins du Sud des pesticides, des équipes de lutte et de surveillance, des avions agricoles, du carburant, des véhicules et des équipements. Les Etats-Unis ont envoyé six avions.

"Six avions à ailes fixes arrivent cette semaine pour se joindre aux quatre autres appareils qui opèrent déjà pour nous dans la région. Ils seront suivis prochainement de quatre hélicoptères", confirme Clive Elliott, le chef du Groupe acridien de la FAO.

"Des centaines de milliers de litres de pesticides ont été commandés et de grandes quantités ont déjà été livrées pour protéger les récoltes dans les pays sahéliens. Dans les prochains jours, les opérations devraient se concentrer plutôt sur les parties nord du Sahara afin de protéger les pays nord-africains", ajoute-t-il.

Les pays et institutions qui ont jusqu'ici apporté leur soutien financiers à la FAO sont le Canada, les Etats-Unis, le Japon, le Royaume Uni, les Pays-Bas, la Banque africaine de développement, la Norvège, la France, l'Italie et le Programme de développement des Nations Unies (PNUD).

Les bailleurs de fonds qui ont promis des contributions mais qui ne les ont pas encore versées sont la Commission européenne, l'Arabie saoudite, le Fonds international de développement agricole, la Banque islamique de développement, l'Autriche, l'Australie, le Luxembourg et l'Organisation arabe pour le développement agricole.

image  Radio de l'ONU, Conférence de presse du Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf (audio)