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Elargir au plus vite le mandat de l'Union africaine, recommande le rapport mensuel sur le Soudan

Elargir au plus vite le mandat de l'Union africaine, recommande le rapport mensuel sur le Soudan

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Au terme d'un mois que l'on peut qualifier au mieux de consolidation et qui a vu la sécurité se dégrader dans plusieurs secteurs du Darfour et du Soudan, une version préliminaire du rapport du Secrétaire général, présenté au Conseil de sécurité plus tard ce matin, recommande de procéder au plus vite à l'élargissement des forces et du mandat de l'Union africaine qui pourrait être autorisée à désarmer les milices.

Dans une version préliminaire communiquée par son porte-parole hier soir, le nouveau rapport du Secrétaire général basé sur les conclusions de son Représentant spécial pour le Soudan, Jan Pronk, pour le mois écoulé, indique qu'aucune amélioration majeure ne s'est produite au Darfour depuis le précédent rapport et qu'au mieux il s'est agi d'une période de consolidation.

Dans son compte-rendu des entrevues successives du mécanisme conjoint de vérification qui réunit son Représentant spécial et le ministre des Affaires du Soudan, il apparaît que le Gouvernement soudanais est prêt à accueillir une assistance internationale plus large notamment sous la forme de forces supplémentaires de l'Union africaine auxquelles seraient confiées des tâches supplémentaires.Cette procédure a été acceptée dans son principe lors d'une réunion le 24 septembre.

Il a toujours été entendu par les participants au Mécanisme conjoint que les progrès réalisés en matière de sécurité dans les secteurs initialement sélectionnés ne devaient pas s'accompagner d'une détérioration de la sécurité dans d'autres secteurs. Or, indique le rapport, c'est exactement l'inverse qui s'est passé.

Pendant le mois de septembre, la sécurité s'est détériorée dans d'autres secteurs du Darfour, et en particulier dans le Nord. Les informations reçues par le Représentant spécial du Secrétaire général, Jan Pronk, en provenance des acteurs humanitaires sur le terrain, font état d'affrontements, d'attaques, de vols à main armée, d'actes de banditisme et de conflits tribaux.

Même s'il n'a pas toujours été possible de vérifier chaque rapport, indique le rapport, un schéma émerge des informations reçues et il est clair que le cessez-le-feu n'est pas respecté dans de nombreux secteurs du Darfour. Des affrontements ont été signalés du 8 au 12 septembre à Sayyah, au Nord d'El Fasher et le Gouvernement a mis en place des milices pour attaquer l'ALS (Armée de libération du Soudan) à Abu Dalek le 7 septembre (carte).

Le 11 septembre, des mortiers ont été tirés par des soldats gouvernementaux à Golo dans l'Est du djébel Mara. Les mortiers qui n'ont pas explosé étaient dirigés vers le centre du village de Golo ce qui suggère que l'attaque avait pour but d'intimider les civils ou de servir de prétexte à une réaction d'auto-défense contre des forces rebelles cantonnées à proximité.

Le rapport du Secrétaire général énumère ainsi une série d'attaques contre les villages du Darfour, certaines attribuées aux forces gouvernementales, d'autres à l'ALS comme celles qui se sont produites à Oum Kaddada au Sud d'El Fasher, le 12 septembre ou, le même jour à Militt, à Jabir-Oum-Hosh et à Medo contre les positions de la police, dans le Nord-Darfour.

Les actes de banditisme et de violences isolées sont également en augmentation, souligne le rapport qui cite parmi d'autres exemples, le cas d'une femme tuée, le 12 septembre, dans un bus lorsqu'un soldat gouvernemental a ouvert le feu sur un autre passager.

Le même jour, à Kilalil dans le Sud-Darfour, un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) a été forcé de s'arrêter et a été pillé. Un incident de même nature s'est produit le 14 septembre entre Nyala et Kass et un convoi de l'ONU a subi le même sort le 21 septembre à 25 Km à l'est d'Oum Kaddadah dans le Nord-Darfour.

A l'heure actuelle un nombre croissant de la population du Darfour est exposé sans protection de leur gouvernement, à la faim, à la peur et à la violence. Le nombre des personnes affectées par les conflits va croissant et leurs souffrances sont prolongées par l'inaction. Dans une portion significative du territoire, l'insécurité s'est aggravée, indique le rapport qui conclut : « Au mois de septembre, le gouvernement n'a pas été capable d'assumer ses responsabilités et les engagements pris pour créer les conditions susceptibles de protéger la population du Darfour. »

Pour reprendre les termes de la résolution de la 1556 et de son paragraphe 1, indique-t-il, le Gouvernement n'a pas réussi à établir « des conditions de sécurité crédibles pour la protection de la population civile et du personnel humanitaire. » De même, le rapport indique qu'il semble n'y avoir aucune progrès « vérifiable et concret » dans le désarmement des milices et que là encore, le gouvernement n'a pas rempli ses engagements et obligations aux termes du paragraphe 6 de la résolution.

Alors que faire ? Même si le rapport détaille la longue liste des engagements qui n'ont pas été satisfaits au cours du mois écoulés, il indique également que les progrès accomplis au cours du mois précédent subsistent.

Le rapport du Secrétaire général conclut par conséquent sur deux recommandations. La plus importante à ses yeux est le déploiement le plus rapide possible d'une force de l'Union africaine qui soit à la fois de bonne taille et dont le mandat ne se limite pas à la surveillance du cessez-le-feu de N'Djamena mais incluse la protection des droits des personnes déplacées, le contrôle de l'action de la police et le désarmement des combattants, qu'il s'agisse des Forces de défense populaire, des Janjaouites et des autres milices.

Le second effort doit porter, selon le Secrétaire général, sur les pourparlers politiques entre le Gouverment et le MPLS/A (Mouvement populaire de libération du Soudan et son armée.) Si ces pourparlers aboutissent, ils contribueront à la conclusion d'un règlement politique au Darfour lors des discussions qui doivent reprendre à la fin d'octobre.

Si le processus Nord-Sud échoue, c'est le Soudan et toute la région qui sont menacés, affirme le Secrétaire général qui exhorte la communauté internationale à faire en sorte de « maintenir la dynamique, d'envoyer les bons signaux et de s'exprimer d'une voix unie et forte. »