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RCA : à Bruxelles, l'ONU appelle la communauté internationale à soutenir la consolidation de la paix

Conférence de Bruxelles. De gauche à droite : Faustin-Archange Touadéra, Président de la République centrafricaine ; Federica Mogherini, Haute Représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne et  Jan Eliasson, V
Conférence de Bruxelles. De gauche à droite : Faustin-Archange Touadéra, Président de la République centrafricaine ; Federica Mogherini, Haute Représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne et Jan Eliasson, Vice-Secrétaire général de l’ONU. Photo : ONU/UNRIC Bruxelles

RCA : à Bruxelles, l'ONU appelle la communauté internationale à soutenir la consolidation de la paix

A l'ouverture jeudi de la conférence de Bruxelles pour la République centrafricaine (RCA), le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, a émis le vœu que la communauté internationale fasse preuve de solidarité en s'engageant à fournir « l'appui financier indispensable » pour appuyer les priorités et les réformes nécessaires pour le relèvement et la stabilisation du pays, ainsi que pour mieux soutenir l'aide humanitaire.

A l'ouverture jeudi de la conférence de Bruxelles pour la République centrafricaine (RCA), le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, a émis le vœu que la communauté internationale fasse preuve de solidarité en s'engageant à fournir « l'appui financier indispensable » pour appuyer les priorités et les réformes nécessaires pour le relèvement et la stabilisation du pays, ainsi que pour mieux soutenir l'aide humanitaire.

Co-organisateurs de cette réunion, l'ONU, le gouvernement centrafricain, l'Union européenne et la Banque mondiale visent une levée de fonds de 1,5 milliard de dollars afin d'assurer un plan de redressement et de consolidation de la paix en RCA pour les trois prochaines années.

Une situation sécuritaire toujours fragile

« Il y a moins de trois ans, la République centrafricaine était au bord de l'abime. Nous nous souvenons tous des images du bain de sang, qui ont inondé les medias et qui ont provoqué une onde de choc partout dans le monde », a rappelé M. Eliasson lors de la conférence organisée dans la capitale belge. « La communauté internationale a réagi en déployant des troupes provenant de la sous-région, de l'Union africaine, de la France, de l'Union européenne et des Nations Unies ».

Pour le Vice-Secrétaire général qui s'est récemment rendu à Bangui, les conditions sécuritaires en RCA demeurent fragiles.

« Les groupes armés continuent de représenter une menace pour les civils et de déstabiliser l'autorité de l'État. Les fauteurs de trouble recourent à la violence pour perturber le processus politique et mettre en avant leurs intérêts. Les violations des droits de l'homme demeurent endémiques et se sont multipliées avec la récente intensification de la violence », a-t-il fait remarquer.

M. Eliasson a également décrit un pays confronté à une situation humanitaire désastreuse. « 40% des habitants ont besoin d'une aide humanitaire vitale. Un cinquième de la population a été déplacé au sein du pays ou dans les pays voisins. Beaucoup de ces déplacé sont peur de retourner chez eux ».

Lors de son déplacement en RCA, le Vice-Secrétaire général a constaté que les blessures résultant du conflit sont encore bien visibles. « Le tissu social est déchiré. De nombreux Centrafricains sont profondément traumatisés et la réconciliation, dans certains cas, prendra certainement du temps », a-t-il reconnu.

« Un pays au potentiel énorme »

Le Vice-Secrétaire général reste toutefois optimiste quant à l'avenir de la RCA, se disant convaincu que le pays pourrait tourner la page, consolider la paix, parvenir à une vraie réconciliation et cohésion sociale et favoriser le développement.

« J'ai trouvé un pays au potentiel énorme, un pays avec beaucoup de vitalité et dynamisme », a-t-il dit, se disant impressionné par les ressources humaines et matérielles substantielles qu'offre la RCA. « Des hommes et des femmes de tous horizons m'ont fait part de leur désir de paix et de leur espoir d'un avenir différent », a-t-il dit.

Pour M. Eliasson, les vastes ressources naturelles du pays devront être exploitées en vue d'un développement durable. « L'investissement qui promeut l'intégration économique régionale contribuera à préserver la paix », a-t-il dit, soulignant qu'il faudra aussi mobiliser la diaspora centrafricaine pour les initiatives de relèvement.

Signature du Cadre d'engagement mutuel

M. Eliasson a souligné l'importance du Cadre d'engagement mutuel entre le Gouvernement centrafricain et la communauté internationale, que le Président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, et lui-même, devaient signé ce jeudi à Bruxelles. « Cet accord permettra d'appuyer les avancées politiques au plus haut niveau pour favoriser la paix et assurer la mise en œuvre du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix », a-t-il dit.

Pour le Vice-Secrétaire général, la paix et la sécurité, le relèvement, le développement à long terme, la stabilisation et les droits de l'homme doivent aller, main dans la main, et se renforcer mutuellement. « Des initiatives coordonnées et bien planifiées, comme celles articulées dans le Plan national pour le relèvement et la consolidation de la paix, seront primordiales », a-t-il déclaré. « Même si nous nous engageons sur tous ces fronts, la priorité de sauver des vies humaines doit demeurer essentielle ».

Soutenir un programme de DDR « holistique, inclusif et soutenu »

M. Eliasson a souligné que le progrès sur le front politique est « plus essentiel que jamais », surtout à la suite des violences récentes survenues à Bangui et ailleurs dans le pays. Il ainsi salué l'adoption récente par les autorités centrafricaines de réformes clés et des stratégies sur la démobilisation, désarmement et réintégration (DDR), le secteur de la sécurité, la réforme de la police ainsi que la réconciliation.

« Le dialogue et un engagement politique continu seront nécessaires pour mener la mise en œuvre de ces plans nationaux », a-t-il dit, précisant que le soutien politique et financier de la communauté internationale sera également essentiel pour la réussite de ces plans.

« Dans le même temps, il faut répondre aux revendications et à la marginalisation par un dialogue et des négociations continus et inclusifs et rejeter la violence », a rappelé le Vice-Secrétaire général. « Les groupes armés doivent être désarmés dans le cadre d'un programme de DDR holistique, inclusif et soutenu », a-t-il affirmé, tout en soulignant que les forces nationales de défense et de sécurité doivent être transformées pour être représentatives, équilibrées ethniquement, effectives et responsables. « La réconciliation nationale doit être facilitée à tous les niveaux », a-t-il précisé.

Pas de justice sans Etat de droit

Le Vice-Secrétaire général a tenu à souligner que l'absence d'Etat de droit en RCA rendra futiles tous les efforts de stabilisation entrepris.

« La justice devra être une composante essentielle de la réconciliation », a-t-il déclaré. « Il faut que la Cour pénale spéciale devienne rapidement opérationnelle, que les institutions judiciaires et pénitentiaires reprennent progressivement leurs activités à travers le pays et qu'une stratégie de justice transitionnelle soit mise en place tout en assurant la protection des victimes et témoins », a-t-il exhorté.

M. Eliasson a également rappelé que l'amélioration des services sociaux de base sera primordiale. « Les jeunes Centrafricains, aspirant désespérément à une vie meilleure, doivent être au cœur de cible de notre d'assistance », a-t-il dit.

15 millions de dollars pour consolider la paix

A Bruxelles, le Vice-Secrétaire général a assuré que « l'ONU fera sa part de travail » et a annoncé la mise à disposition immédiate par le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix de 15 millions de dollars pour couvrir les besoins clés de consolidation de la paix.

« Notre mission de maintien de la paix, la MINUSCA, continuera de contrer fermement les actions des fauteurs de troubles pour prévenir la violence, assurer la sécurité et protéger les civils », a-t-il prévenu, indiquant que l'ONU poursuivra également le dialogue politique avec le gouvernement autour des grandes priorités que sont le désarmement, la démobilisation et la réintégration, la réforme du secteur de la sécurité, la réconciliation et la cohésion sociale, le rétablissement de l'autorité de l'État et la lutte contre l'impunité.

« La République centrafricaine se trouve à un tournant », a affirmé M. Eliasson qui a souligné que tout devait être fait « pour soutenir et rassembler les forces du bien » sous peine de voir les fauteurs de trouble réussir à contrecarrer la marche du pays vers la paix, la réconciliation et le développement. « Nous sommes là à votre côté dans un moment crucial pour nous tous », a-t-il conclu.