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Le Haut Commissaire pour les réfugiés rencontre des déplacés internes et les autorités locales dans l'Ouest-Darfour

Le Haut Commissaire pour les réfugiés rencontre des déplacés internes et les autorités locales dans l'Ouest-Darfour

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Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, est arrivé dans la région de l'Ouest-Darfour, au Soudan, où il a exhorté les autorités locales à renforcer la sécurité et où il assuré les personnes déplacées par le conflit qu'elles ne tomberaient pas dans l'oubli.

« Nous avons convenu avec le gouvernement soudanais du renforcement de notre présence à l'Ouest-Darfour, en coopération avec les Nations Unies et le gouvernement », a-t-il annoncé dans un communiqué publié hier.

Au cours de la deuxième journée de sa mission au Soudan qui devrait durer quatre jours au total, António Guterres a rencontré des personnes déplacées internes dans le camp de Krinding, près de la capitale de l'Ouest-Darfour, El Geneina. Le Haut Commissaire avait précédemment rencontré des habitants de la région à El Geneina, pour discuter du futur rôle du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), dans la région.

Le Haut Commissaire a également fait part de sa reconnaissance aux autorités pour avoir accepté quelque 25 000 Tchadiens qui se sont réfugiés dans l'Ouest-Darfour après avoir fui l'insécurité qui règne dans la région orientale du Tchad voisin.

Plus de 4 800 réfugiés tchadiens se trouvent dans le camp de Um Shalaya, alors que les autres sont installés dans des camps de fortune proches de la frontière.

La violence au Darfour a provoqué le déplacement de près de deux millions de personnes. L'UNHCR est chargé de coordonner la protection d'environ 700 000 d'entre elles dans l'Ouest-Darfour, mais nombre d’entre elles sont encore hors d’accès du fait des problèmes d'insécurité.

Le Haut Commissaire a précisé qu'un renforcement de la sécurité était essentiel pour que les travailleurs humanitaires puissent accomplir leur tâche. Nombre d'agences humanitaires ne peuvent se déplacer que par hélicoptère dans l'Ouest-Darfour car les routes sont trop dangereuses et les embuscades fréquentes.

Après ses discussions avec les autorités locales, António Guterres a rencontré des déplacés internes au camp de Krinding, situé aux alentours d'El Geneina. Le camp a été ouvert en 2004 au plus fort de la crise de déplacement et il compte aujourd'hui 31 500 résidents.

Accompagné par des représentants de l'Union africaine et de la police civile des Nations Unies, il a d'abord rencontré un groupe de quelque 20 représentants de la population du camp.

« Notre principale préoccupation concerne la sécurité », a expliqué l'un des représentants. « Nous ne pouvons pas bouger. Les gens se font tirer dessus. De nombreuses femmes ont été victimes de viol... La situation sécuritaire est terrible et il n'y a personne auprès de qui se plaindre. »

Un autre a demandé au Haut Commissaire quelle force allait les protéger et a supplié l'UNHCR de leur apporter de l'aide.

« Régulièrement, nous sommes victimes de tirs dans le camp », a-t-il dit. « Nous ne savons pas qui est à l'origine de ces tirs et nous ne pouvons pas dormir, car nous avons peur d'être tués. »

« Tant que la paix n'est pas restaurée, il n'y a pas de solution », a indiqué António Guterres aux représentants. « Il faut que le monde entier travaille conjointement pour apporter la paix dans la région. Trouver une solution est la première étape, et la plus essentielle. »

Il a noté que la violence au Darfour provenait de plusieurs groupes, incluant des bandits, et qu'il était souvent difficile d'identifier les personnes responsables.

« Je suis vraiment désolé que vous soyez dans un camp », a-t-il dit aux représentants des déplacés, leur assurant qu'ils n'ont pas été oubliés. « Nous comprenons combien vous avez souffert. Je sais que rien ne remplacera la vie dans vos villages. »

António Guterres a aussi rencontré un groupe de femmes déplacées qui a exprimé des craintes sur la sécurité et les problèmes liés au coût de la scolarisation.

« Nos enfants ne vont pas à l'école depuis trois mois car nous n'avons pas les moyens de payer les professeurs », a indiqué une femme. Selon elle, le coût pour envoyer un enfant à l'école équivaut à 2,5 dollars par mois. António Guterres a promis d'étudier des solutions pour que leurs

enfants retournent à l'école le plus rapidement possible. Les femmes ont ensuite demandé davantage d'activités génératrices de revenus pour soutenir leurs familles. L'UNHCR et ses partenaires gèrent 34 centres pour femmes dans l'Ouest- Darfour, y compris à Krinding, où les femmes peuvent acquérir de nouvelles compétences.

Le Haut Commissaire a aussi visité un centre pour enfants, où des garçons et des filles lui ont montré des dessins, et notamment des scènes de guerre montrant des hommes armés en train de tirer sur des civils.

Mercredi, António Guterres devrait rencontrer des réfugiés tchadiens qui ont fui au Darfour durant ces 18 derniers mois pour échapper aux violences se déroulant actuellement dans l'est du Tchad.

Jeudi, il se rendra dans l'Etat du Kassala dans l'est du Soudan, où il visitera des camps de réfugiés hébergeant des Erythréens et des Ethiopiens. Les camps situés dans l'est ont été établis il y a près de 40 ans, en 1968. L'est du Soudan accueille une population d'environ 136 000 réfugiés.