Darfour : 4 millions de personnes ont maintenant besoin d'une assistance humanitaire, selon Jan Egeland
« Jamais je n'aurais pu imaginer que le nombre de personnes nécessitant une assistance puisse passer de 1 à 4 millions entre ma précédente visite, il y a deux et demi, et ma quatrième et dernière visite », a déclaré le Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies, lors d'une conférence de presse donnée à Khartoum, à l'issue d'un voyage écourté au Darfour.
En tournée en Afrique pour la dernière fois en tant que Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Jan Egeland a été contraint la semaine dernière d'écourter de deux jours sa visite au Darfour, les autorités soudanaises ne l'ayant pas autorisé à y circuler librement (dépêche du 17.11.06)
« Et jamais je n'aurais pu imaginer que la peur et la colère, parmi les civils du Darfour, restent les mêmes qu'il y trois ans », a ajouté Jean Egeland.
« C'est un moment de vérité aujourd'hui pour le Darfour, un moment de vérité pour notre responsabilité de protéger », a estimé le Secrétaire général adjoint, rappelant qu'au Sommet mondial de 2005 les Chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier s'étaient engagés à protéger les populations civiles contre les génocides et les violations graves des droits de l'homme.
Jan Egeland a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle assume son devoir de protéger les populations mais aussi au gouvernement soudanais, aux milices et aux rebelles pour qu'ils cessent les combats au Darfour.
« J'ai un certain nombre d'appels à lancer. Le premier, à toutes les parties, les rebelles, les milices, le gouvernement : respectez le cessez-le-feu », a-t-il déclaré à Khartoum.
« Je pense que nous sommes en train de jouer avec un baril de poudre. La situation peut empirer pour tout le monde à moins que chacun y mette du sien », a-t-il ajouté.
Il a estimé qu'il y avait, avec l'accord de principe d'Addis Abeba sur le déploiement d'une force mixte Union africaine-Nations Unies au Darfour, une « occasion historique pour résoudre ce désastre causé par la main de l'homme (...) avec une force crédible sur le terrain capable de protéger les civils et les humanitaires ».
A l'issue d'une série de réunions à Addis Abeba entre les Nations Unies, l'UA et le gouvernement du Soudan pour relancer le processus de paix au Darfour, Kofi Annan a annoncé jeudi l'accord de principe sur le déploiement d'une force hybride au Darfour.
Le Secrétaire général adjoint a aussi rappelé que les auteurs des crimes seraient poursuivis en justice.
Jan Egeland a enfin appelé les autorités soudanaises à « aider » les Nations unies et les organisations non gouvernementales à faciliter l'aide humanitaire aux 4 millions de personnes qui sont dans le besoin, « la plus grosse opération humanitaire en cours ».
A ce sujet, il a regretté que le gouvernement n'ait pas annoncé publiquement comme prévu la prorogation du moratoire sur les restrictions imposées aux travailleurs humanitaires. « Les personnes qui délivrent les permis de travail et de voyage, les visas disent maintenant que personne ne bénéficiera de la prorogation dans les prochaines semaines », a-t-il dit.
Le conflit du Darfour qui oppose depuis 2003 le gouvernement du Soudan aux groupes rebelles a déjà fait plus de 200 000 morts et 2,5 millions de morts.