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Somalie : Kofi Annan inquiet de la rapide expansion des tribunaux islamiques

Somalie : Kofi Annan inquiet de la rapide expansion des tribunaux islamiques

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Dans son dernier rapport sur la Somalie publié aujourd&#39hui, le Secrétaire général a souligné que la rapide expansion de l&#39influence des tribunaux islamiques constituait une menace grave pour les institutions fédérales de transition.

« La situation en Somalie reste préoccupante, en dépit de certains progrès dans le dialogue entre les institutions fédérales de transition et les tribunaux islamiques », a estimé Kofi Annan dans son dernier rapport sur la situation en Somalie.

« En juin 2006, les milices fidèles aux tribunaux islamiques ont vaincu les forces de l'Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT) à Mogadishu », a rappelé le Secrétaire général.

« Depuis, les tribunaux islamiques ont intensifié leur contrôle sur la ville et rétabli un semblant de sécurité. Après la chute de Mogadishu, l'autorité des tribunaux islamiques s'est étendue aux régions du Moyen-Chebeli et d'Hiran et à certaines zones de Galgudud et de Mudug », a-t-il ajouté.

« La rapide expansion de l'influence des tribunaux islamiques représente une sérieuse menace pour les institutions fédérales de transition, qui peinent déjà à étendre leur autorité au-delà de Baidoa, siège provisoire du Parlement fédéral de transition », a-t-il insisté.

Pour tenter d'apaiser les tensions entre le gouvernement fédéral de transition et les tribunaux islamiques, la Ligue des États arabes a organisé une réunion à Khartoum le 22 juin 2006.

Les parties ont notamment convenu de reconnaître la légitimité des institutions fédérales de transition et l'existence des tribunaux islamiques. Mais peu après avoir signé l'accord de Khartoum, chaque partie a toutefois accusé l'autre d'en violer les dispositions.

« Le 10 juillet 2006, le gouvernement fédéral de transition a déclaré que les tribunaux islamiques avaient violé l'accord en menant une action militaire contre le dernier chef de l'ARPCT à Mogadishu », a rapporté Kofi Annan.

« Le 20 juillet 2006, les forces fidèles au Conseil suprême des tribunaux islamiques sont entrées à Burhakaba, à 60 kilomètres de Baidoa, dont elles seraient reparties le même jour. Le gouvernement fédéral de transition a considéré qu'il s'agissait là d'une autre violation de l'accord de Khartoum », a-t-il poursuivi.

« Dans le même temps, les tribunaux islamiques ont accusé le gouvernement fédéral de transition d'inviter des troupes éthiopiennes dans le pays. De leur avis, cela constituait une violation à la fois de l'accord de Khartoum et de la souveraineté du peuple somalien », a-t-il continué.

La deuxième série de pourparlers entre les parties s'est ouverte à Khartoum le 2 septembre 2006, sous les auspices de la Ligue des États arabes. Le 4 septembre 2006, le gouvernement fédéral de transition et le Conseil suprême des tribunaux islamiques ont signé un accord dans lequel ils consentaient notamment à reconstituer l'armée nationale somalienne et la force nationale de police.

Les parties s'engageaient aussi à s'employer à « la réintégration des forces des tribunaux islamiques, du gouvernement fédéral de transition et d'autres milices armées une fois que sera en place un programme politique ».

Le 18 septembre 2006, le Premier ministre Gedi a présenté au gouvernement fédéral de transition son nouveau gouvernement en même temps qu'un plan d'action. Le Parlement s'est prononcé en faveur du nouveau gouvernement par 174 voix contre 25.

Une voiture piégée a explosé au moment où le Président Yusuf quittait le bâtiment du Parlement, après son discours d'ouverture.

« Je condamne la tentative d'assassinat contre le Président Abdullahi Yusuf Ahmed à Baidoa le 18 septembre 2006. Cet incident inacceptable souligne la précarité de la situation en Somalie et l'importance qu'il y a à restaurer la paix et la stabilité dans l'ensemble du pays », a dit le Secrétaire général.

Kof Annan a aussi de nouveau invité les parties somaliennes à « redoubler d'efforts pour parvenir à une paix durable, étape indispensable si l'on veut restaurer l'état de droit, protéger les droits de l'homme et instaurer un ordre démocratique robuste qui bénéficie à l'ensemble du peuple somalien ».

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, François Lonseny Fall, sera à New York la semaine prochaine pour informer les membres du Conseil de sécurité de l'évolution de la situation dans ce pays, a par ailleurs annoncé le porte-parole de Kofi Annan.