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Iraq : le HCR sonne l&#39alarme sur un &#39exode régulier et silencieux&#39

Iraq : le HCR sonne l&#39alarme sur un &#39exode régulier et silencieux&#39

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Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) est de plus en plus inquiet face aux dizaines de milliers d&#39Iraquiens qui fuient désormais leur maison chaque mois pour se réfugier ailleurs, à l&#39intérieur ou à l&#39extérieur de l&#39Iraq, dans un exode qualifié de « régulier et silencieux ».

« Nombre d'entre eux se déplacent vers d'autres pays dans ce qui pourrait être qualifié d'exode régulier et silencieux », a estimé Ron Redmond, porte-parole du HCR, lors d'une conférence de presse donnée aujourd'hui à Genève.

Le gouvernement iraquien et le HCR estiment qu'il y a actuellement plus de 1,6 millions d'Iraquiens hors des frontières de leur pays, la plupart d'entre eux en Jordanie et en Syrie. Il y aurait déjà quelque 500 000 Iraquiens en Jordanie et quelque 450 000 en Syrie.

« Certains se trouvent hors d'Iraq depuis 10 ans ou plus, mais beaucoup ont fui depuis 2003 et nous voyons maintenant une augmentation régulière du nombre des arrivées », a estimé le porte-parole. « Les équipes de contrôle du HCR à la frontière en Syrie, par exemple, rapportent maintenant qu'au moins 40 000 Iraquiens arrivent chaque mois », a-t-il précisé.

D'autres Iraquiens, par dizaines de milliers, se déplacent vers l'Iran, la Turquie, le Liban, l'Egypte, les pays du Golfe et l'Europe.

Sur quelque 40 nationalités de demandeurs d'asile dans les pays européens pour le premier semestre 2006, les Iraquiens arrivent au premier rang avec plus de 8 100 demandes. Des statistiques reçues de 36 pays industrialisés pour les six premiers mois de 2006 ont montré une augmentation de 50% des demandes d'asile de la part d'Iraquiens par rapport à la même période, fait observer le HCR.

Le gouvernement iraquien compte plus de 1,5 million de personnes déplacées en Iraq même, incluant notamment plus de 365 000 nouveaux déplacés qui ont fui leurs communautés depuis les bombardements de la mosquée de Samara en février.

Selon les dernières estimations, plus de 50 000 personnes quitteraient leurs maisons chaque mois, rejoignant les 365 000 personnes qui sont devenues des déplacés internes depuis février. Certains gouvernorats ont enregistré une augmentation de 1 à 10 du nombre de déplacés internes depuis le début de cette année.

« Ces déplacements à cause de la violence permanente en Iraq représentent un immense défi humanitaire et un poids énorme aussi bien pour les déplacés que pour les familles iraquiennes qui essaient de les aider dans des communautés d'accueil », souligne le HCR.

« Les immenses besoins, la violence persistante et les difficultés pour atteindre les déplacés font qu'il s'agit d'un problème quasiment au-delà des capacités des agences humanitaires, y compris du HCR », a prévenu Ron Redmond.

« Nous lançons donc un appel aux pays voisins pour qu'ils continuent à faire preuve d'hospitalité et d'offrir une protection temporaire aux Iraquiens, et pour les pays plus éloignés que ceux de la région, de les aider à supporter le fardeau », a-t-il affirmé.

Lors d'une réunion des donateurs mercredi à Amman en Jordanie, le HCR a expliqué que sur les 29 millions de dollars pour son budget 2006 en Iraq, il manquait quelque 9 millions. « Certaines activités courent le risque d'être coupées avant la fin de l'année si les fonds ne rentrent pas », prévient l'agence.

Les donateurs ont également été informés que le HCR menait actuellement une nouvelle évaluation régionale face à l'augmentation des besoins d'un nombre de plus en plus grand de personnes déplacées.