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Afghanistan : les Nations Unies demandent l&#39aide de l&#39OTAN pour détruire l&#39industrie de l&#39opium

Afghanistan : les Nations Unies demandent l&#39aide de l&#39OTAN pour détruire l&#39industrie de l&#39opium

Champs de pavot
Le chef de l&#39Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Antonio Maria Costa, a lancé aujourd&#39hui un appel en faveur d&#39une action militaire vigoureuse des forces de l&#39OTAN pour détruire l&#39industrie de l&#39opium dans le sud de l&#39Afghanistan, qui générera cette année 3 milliards de dollars.

Lors d'une présentation à Bruxelles de l'enquête annuelle 2006 de l'ONUDC sur le pavot à opium, le chef de l'ONUDC a affirmé que la culture et la production d'opium avaient connu une progression spectaculaire essentiellement dans les provinces du sud, Helmand et Kandahar, de plus en plus livrées à l'anarchie.

« Dans la région du sud, en proie à des troubles, les efforts de lutte contre l'insurrection et le trafic des stupéfiants doivent se renforcer mutuellement afin de briser le cercle vicieux qui consiste pour les terroristes à trouver leur source de financement dans les drogues, puis à protéger les trafiquants de drogues », a déclaré Antonio Maria Costa.

« J'invite les forces de l'OTAN à détruire les laboratoires d'héroïne, à démanteler les bazars à opium, à attaquer les convois d'opium et à traduire en justice les gros trafiquants », a-t-il ajouté.

La culture de l'opium en Afghanistan a augmenté de 59 % et atteint 165 000 hectares en 2006. La récolte a enregistré un niveau record de 6 100 tonnes d'opium, soit une augmentation de 49 % par rapport à 2005, ce qui fait pratiquement de l'Afghanistan le seul pays à approvisionner le monde, indique l'ONUDC.

Seules six des 34 provinces que compte le pays sont exemptes d'opium. Les cultures ont reculé dans huit provinces, essentiellement dans le nord du pays, plus stable. Le nombre de personnes s'adonnant à la culture de l'opium a augmenté d'un tiers, passant à 2,9 millions, soit 12,6 % de la population totale.

« La récolte génèrera des revenus de plus de trois milliards de dollars cette année et rendra extrêmement riches une poignée de criminels et de fonctionnaires corrompus », a dit Antonio Maria Costa.

Le chef de l'ONUDC a aussi attiré l'attention des pays consommateurs de drogues sur le fait que le boom de l'opium afghan risquait d'entraîner l'augmentation des décès par overdose chez eux lorsqu'en 2007, la nouvelle héroïne commencera à parvenir aux consommateurs.

« L'expérience montre qu'une offre excédentaire massive d'héroïne entraîne davantage l'écoulement de doses d'héroïne très pure qu'une baisse des prix, ce qui signifie plus de décès par overdose », a-t-il souligné. « Je crains qu'en 2007, une fois que le nouveau produit aura atteint le marché de détail, l'opium afghan tue un nombre plus élevé que les 100 000 personnes de ces dernières années », a-t-il ajouté.

Face à ce fléau, Antonio Maria Costa a préconisé de combiner « la carotte de l'aide au développement » au « bâton de l'éradication des cultures illicites ».

Il faut aussi accroître l'aide au développement, proposant aussi de « conditionner les programmes d'aide au respect de clauses sur la drogue et sur l'intégrité ».

Le directeur de l'ONUDC a encore insisté sur la nécessité de traduire les plus grands criminels en justice et d'encourager les pays voisins de l'Afghanistan à mettre un terme à l'arrivée de volontaires, d'armes et d'argent pour les insurgés, ainsi qu'à l'importation des produits chimiques nécessaires à la fabrication d'héroïne.

Il faut enfin enrayer la consommation d'héroïne. « Les pays membres de la coalition qui apportent leur assistance à l'Afghanistan sont également les plus gros consommateurs de cette héroïne. Ils doivent lutter contre la demande de cette substance avec plus de vigueur », a affirmé le directeur de l'agence des Nations Unies contre la drogue.