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Soudan : le personnel humanitaire victime d'une grave escalade de la violence

Soudan : le personnel humanitaire victime d'une grave escalade de la violence

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L'escalade de la violence a tué plus de travailleurs humanitaires au Darfour ces deux dernières semaines qu'au cours des deux dernières années et menace désormais sérieusement l'assistance dans la région, affirme aujourd'hui la Coordination humanitaire des Nations Unies.

« L'accès humanitaire est à son point le plus bas depuis le début de l'opération au Darfour et les risques opérationnels qui pèsent sur les travailleurs humanitaires s'accroissent chaque jour. Un total de huit travailleurs humanitaires sont morts dans le cadre de leur mission au mois de juillet », indique un communiqué du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) publié aujourd'hui à Khartoum et à New York.

« Le niveau de violence auquel font face les travailleurs humanitaires au Darfour est sans précédent. De nombreuses attaques ont eu lieu alors qu'ils aidaient les populations dans le besoin », a dit Manuel da Silva, Coordonnateur humanitaire et Vice Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan.

« Cela est totalement inacceptable », a-t-il déclaré, appelant toutes les parties à respecter la neutralité du personnel humanitaire.

Parallèlement, la violence a aussi un impact sur les populations. « Si cela continue, nous risquons de perdre tous les acquis réalisés au cours de l'année dernière », a-t-il ajouté.

OCHA précise qu'outre la recrudescence des meurtres, on assistait aussi à une augmentation des détournements de véhicules, des pillages contre les convois et des tentatives d'embuscades.

« Cela inclut des attaques pendant les distributions de nourriture, les vols dans les entrepôts des ONG et une attaque contre une ambulance », indique le communiqué.

« En conséquence, de nombreux travailleurs humanitaires soudanais travaillant pour des ONG internationales et pour les Nations Unies sont réticents à entrer dans les camps et craignent pour leur sécurité », déplore OCHA.

Début juillet, Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, estimait que la situation au Darfour était « totalement intenable ».

Il soulignait l'urgence du déploiement d'une force de l'ONU dans la région où les factions rebelles sont maintenant principalement responsables des exactions.

L'ONU dispose d'une mission dans le Sud du Soudan, la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS selon son acronyme anglais), mise sur pied après un accord de paix qui a mis fin à vingt ans de guerre civile dans cette région du pays.

Mais le conflit au Darfour, région de l'Ouest du pays, continue de faire rage, et l'accord de paix signé en mai dernier à Abuja entre le gouvernement central et une partie des mouvements rebelles n'a pas mis fin aux combats (dépêche du 1.06.06).

Depuis février 2003, la guerre civile au Darfour a fait au moins 200.000 morts et plus de 2 millions de déplacés.

Une mission de l'Union africaine, forte de 900 hommes seulement pour un territoire grand comme la France, doit être remplacée par une mission de maintien de la paix des Nations Unies, mais le gouvernement soudanais continue d'opposer sa réticence à ce qu'il considère comme une ingérence de la part de la communauté internationale.