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Conseil de sécurité : le Secrétaire général propose un plan pour sortir de la crise au Moyen-Orient

Conseil de sécurité : le Secrétaire général propose un plan pour sortir de la crise au Moyen-Orient

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Appelant de nouveau à une cessation des hostilités, le Secrétaire général a proposé aujourd'hui au Conseil de sécurité un ensemble de mesures concrètes pour rétablir la souveraineté du gouvernement libanais sur tout le pays et pour relancer le processus de paix israélo-palestinien qui sert de « prétexte » aux extrémistes de toute la région.

imageRetransmission de la séance du Conseil de sécurité[2h53mins]

« Le conflit sanglant qui a engouffré le Liban et le nord d'Israël, à la suite de la crise déclenchée par l'attaque du Hezbollah de l'autre côté de la Ligne bleue, le 12 juillet, continue de faire rage, chaque jour apportant une nouvelle escalade », a déclaré le Secrétaire général dans un discours prononcé lors d'une séance publique au Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient.

Kofi Annan présentait un bilan de la situation et un compte-rendu de la mission de médiation qu'il a envoyé sur le terrain (dépêche du 19.07.06).

Le Secrétaire général a précisé que plus de 300 Libanais avaient déjà été tués et plus de 600 blessés dans l'offensive israélienne, tandis que 28 israéliens sont morts et plus de 200 blessés du fait des tirs de roquette du Hezbollah. Il a aussi indiqué que le nombre de personnes déplacées au Liban s'élèverait à au moins 500 000 et pourrait doubler prochainement, tandis que 140 000 personnes ont déjà passé la frontière de la Syrie.

« L'attaque provocante du 12 juillet a été le déclencheur de la crise. Il est clair que le gouvernement libanais n'avait pas de connaissance préalable de cette attaque. Quel que soit l'objectif du Hezbollah, ses actions, qu'il décrit comme défendant les intérêts palestiniens et libanais ne font en fait ni l'un ni l'autre. Au contraire, ils tiennent une nation tout entière en otage et reculent la perspective de la négociation d'un accord de paix global au Moyen-Orient », a affirmé Kofi Annan.

« J'ai déjà condamné l'attaque du Hezbollah contre Israël et reconnu son droit à se défendre comme le prescrit l'article 51 de la Charte des Nations Unies. Je le refais ici aujourd'hui. Je condamne aussi le mépris manifeste du Hezbollah pour les souhaits du gouvernement élu du Liban et pour l'intérêt du peuple libanais et de la région dans son ensemble », a-t-il ajouté.

« Israël affirme qu'il n'a pas de conflit avec le gouvernement ou le peuple du Liban et qu'il prend des précautions extrêmes pour les épargner. Mais un certain nombre de ses actions ont blessé et tué des civils libanais et des membres de l'armée libanaise et causé de graves dommages à son infrastructure », a-t-il encore dit.

« Si les actions du Hezbollah sont déplorables, et si Israël a le droit de se défendre, le recours excessif à la force doit être condamné », a insisté le Secrétaire général.

Mais bien qu'Israël ait déclaré que ses objectifs militaires sont de « frapper l'infrastructure et la force matérielle du Hezbollah », il a, comme l'a dit le Premier ministre libanais Fouad Siniora, « réduit le pays en poussière ». Or selon ses propres termes, « aucun gouvernement ne peux survivre sur les ruines d'une nation », a rappelé Kofi Annan.

Le Secrétaire général a ajouté que de nombreux interlocuteurs dans la région estimaient que les actions israéliennes « faisaient peu, voire rien, pour réduire la popularité du Hezbollah au Liban ou dans la région, mais qu'en revanche elles faisaient beaucoup pour affaiblir le gouvernement du Liban ».

« En résumé, le gouvernement même dont Israël souhaite qu'il étende son contrôle est devenu l'otage de la crise et se trouve moins à même de déployer ses forces dans les zones contrôlées par le Hezbollah », a-t-il expliqué.

Kofi Annan a appelé à une « cessation immédiate des hostilités », à l'arrêt de « la prise pour cible des zones de populations par le Hezbollah » et « au recours disproportionné à la force et à la punition collective du peuple libanais par Israël ».

Il a aussi appelé à la libération des « soldats enlevés dès que possible et à ce qu'ils bénéficient d'un accès du Comité international de la Croix-Rouge ».

Le Secrétaire général a aussi demandé « au gouvernement israélien d'accorder l'accès des agences humanitaires aux civils » et à la communauté internationale de « soutenir le gouvernement démocratiquement élu du Liban ».

Parallèlement, un cadre politique doit être développé afin d'éviter un retour au statu quo ante, a-t-il estimé.

Kofi Annan a donc proposé concrètement que « les soldats israéliens capturés soient transférés aux autorités libanaises légitimes, sous les auspices de la Croix-Rouge, en vue de leur rapatriement et d'un cessez-le-feu ».

« Du côté libanais de la Ligne bleue, une force de maintien de la paix élargie aiderait à stabiliser la situation, en travaillant avec le gouvernement libanais pour renforcer l'armée et permettre son déploiement total dans cette zone. Parallèlement, le gouvernement libanais mettrait pleinement en oeuvre la résolution 1559 et 1680 afin d'établir la souveraineté libanaise et son contrôle ».

En outre, le Premier ministre du Liban « s'engagerait sans équivoque envers le Secrétaire général et le Conseil de sécurité à respecter la Ligne bleue dans son entier jusqu'à ce qu'un accord sur les frontières internationales définitives du Liban soit atteint ».

Autre proposition : une conférence internationale serait convoquée pour permettre la pleine application des accords de Taef - qui avaient mis fin à la guerre civile au Liban - y compris une délimitation des Fermes de Chebaa.

Le Secrétaire général a recommandé au Conseil de sécurité d'incorporer ces éléments dans une résolution.

Kofi Annan a par ailleurs proposé un cadre permettant d'apporter une aide d'urgence pour la reconstruction et le développement du Liban.

S'agissant par ailleurs du mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), « les conditions pour un maintien de la paix ne sont pas réunies » dans l'immédiat a estimé le Secrétaire général, soulignant que la poursuite de la FINUL dans sa configuration et avec son mandat actuel n'étaient « pas tenables ».

Le Secrétaire général a ensuite évoqué la situation à Gaza où plus de 100 Palestiniens ont été tués le mois dernier, dont de nombreux civils et d'où des roquettes continuent d'être tirés vers Israël, « heureusement sans faire de victimes le mois dernier ».

Il a appelé à une « cessation immédiate des violences indiscriminées et disproportionnées dans le conflit israélo-palestinien », à la « réouverture des points de passage fermés », sans lesquels « Gaza continuera d'être aspiré dans une spirale négative de souffrances et chaos ».

Kofi Annan a loué les efforts du président Mahmoud Abbas pour établir un gouvernement d'unité nationale respectant les principes du Quatuor pour le Moyen-Orient, appelant Israël à s'abstenir d'actes unilatéraux préjugeant du statut final et à accepter de négocier.

Des solutions « audacieuses et créatives » au règlement israélo-palestinien permettraient de mettre fin à un prétexte utilisé par les extrémistes de toute la région, y compris au Liban, a conclu le Secrétaire général qui a exhorté le Conseil de sécurité à parler « d'une « d'une seule voix » et à prendre des « mesures fermes ».