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Somalie : le Secrétaire général recommande de "jeter un pont" entre Mogadishu et Baidoa

Somalie : le Secrétaire général recommande de "jeter un pont" entre Mogadishu et Baidoa

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Dans son dernier rapport sur la Somalie publié aujourd'hui, le Secrétaire général de l'ONU a demandé l'établissement d'un un cessez-le feu « durable » à Mogadishu, le renforcement des institutions fédérales de transition à Baidoa afin de « jeter un pont » entre les deux villes.

Dans son dernier rapport sur la Somalie publié aujourd'hui, le Secrétaire général de l'ONU a demandé l'établissement d'un cessez-le feu « durable » à Mogadishu, le renforcement des institutions fédérales de transition à Baidoa afin de « jeter un pont » entre les deux villes.

« La recherche d'une solution politique a bien progressé en Somalie, avec la convocation du parlement et la reconnaissance de Baidoa comme siège provisoire des institutions fédérales de transition », a estimé Kofi Annan dans son dernier rapport sur la situation en Somalie.

Le rapport décrit l'évolution de la situation politique depuis la tenue de la première session extraordinaire du parlement de transition, le 26 février, et la dernière vague de combats à Mogadishu.

« Les progrès accomplis au prix de tant d'efforts risquent cependant d'être compromis par les affrontements à Mogadishu et l'insécurité qui persiste à Baidoa », met en garde le Secrétaire général.

« Les conditions de sécurité, en particulier à Mogadishu, demeurent très préoccupantes », affirme-t-il.

Depuis le précédent rapport publié en février, la capitale a été le théâtre des affrontements les plus violents de ces 10 dernières années.

Ces combats opposaient les milices fidèles aux chefs de l'Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT) aux partisans de l'Union des tribunaux islamiques voulant imposer la charia en Somalie.

« L'ARPCT a été officiellement constituée le 18 février 2006. Elle comprend des ministres d'État, de puissants hommes d'affaires et des chefs de faction. Son objectif déclaré est d'extirper les éléments terroristes qui seraient associés à certains tribunaux de la charia à Mogadishu ou seraient protégés par eux », explique Kofi Annan.

« Sept tribunaux de la charia au moins ont été établis dans la ville ces dernières années. En l'absence de gouvernement central ou de municipalité, ce sont eux qui assurent la sécurité et les services sociaux de base dans certains quartiers de Mogadishu », rappelle-t-il.

« Si tous les tribunaux de la charia ne penchent pas vers l'extrémisme, certains ont été accusés d'être responsables des assassinats et des attentats terroristes commis à Mogadishu. Ils ont également été accusés de protéger des étrangers suspectés d'activités terroristes », précise-t-il encore.

Le rapport indique par ailleurs que « les dirigeants du gouvernement fédéral de transition ont déclaré maintes fois que l'ARPCT n'agissait pas à Mogadishu en leur nom ».

Le président Abdullahi Yusuf Ahmed et le Premier ministre Ali Mohamed Gedi ont soutenu que si « les chefs de l'ARPCT, en particulier les ministres, voulaient vraiment combattre le terrorisme, il leur faudrait venir à Baidoa et travailler avec le gouvernement sur la question ».

Mais certains des ministres qui appartiennent à l'ARPCT et certains de leurs adversaires des tribunaux de la charia ne reconnaissent pas l'autorité du gouvernement de transition.

Face à la reprise des combats et après l'accord de cessation des hostilités, Kofi Annan a demandé aux parties d'établir « un cessez-le-feu durable à Mogadishu » (dépêche du 23.06.06).

Le Secrétaire général recommande également de « renforcer les institutions fédérales de transition et de jeter un pont entre Mogadishu et Baidoa ».

« Si la communauté internationale ne peut imposer la paix aux belligérants, elle peut du moins aider à régler les divergences au sein du gouvernement fédéral de transition et à rallier l'appui de tous ses membres au processus politique à Baidoa », fait-t-il observer.

Kofi Annan rappelle à ce propos que son Représentant spécial, François Lonseny Fall, a engagé des consultations avec tous les dirigeants somaliens ainsi qu'avec l'IGAD (Comité de facilitation sur la Somalie), l'Union africaine, la Ligue des États arabes et les représentants des gouvernements concernés (dépêche du 27.06.06).

Le rapport fait également le point de la situation sur le plan humanitaire et dans le domaine des droits de l'homme « qui demeure très préoccupante ».

Les problèmes en matière de droits de l'homme sont accentués par le fait que « les institutions étatiques ne fonctionnent pas, que le droit n'est pas respecté et que les affrontements entre clans et factions se poursuivent depuis plus de 15 ans ».

« Les auteurs de violations ont ainsi la garantie de rester impunis », dénonce le Secrétaire général.

« La violence fondée sur le sexe est endémique, en particulier parmi les déplacés. Les droits des groupes minoritaires, notamment les Bantous, ne sont pas protégés”, dénonce-t-il encore.