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A Tokyo, le Secrétaire général appelle à renforcer le régime de non-prolifération nucléaire

A Tokyo, le Secrétaire général appelle à renforcer le régime de non-prolifération nucléaire

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Abordant les crises en Corée du Nord et en Iran, le Secrétaire général a appelé aujourd'hui à Tokyo à renforcer le régime de non-prolifération nucléaire et à rétablir le pacte du TNP, qui repose sur le désarmement des pays qui ont l'arme atomique et le partage de l'énergie nucléaire pacifique et sur la vérification de ceux qui affirment ne pas posséder d'armes nucléaires.

« Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) fait face aujourd'hui à une crise ? crise dans sa mise en oeuvre, crise de confiance », a déclaré le Secrétaire général, lors d'une allocution prononcée aujourd'hui à l'Université de Tokyo où il s'est vu décerner un diplôme honoris causa.

« Le TNP est fondé sur un contrat entre les pays qui possèdent l'arme atomique et le reste de la communauté internationale. Les premiers promettent de progresser dans le désarmement et de s'abstenir de menacer d'utiliser l'arme atomique contre les pays qui ne l'ont pas, tout en facilitant l'accès à l'énergie nucléaire. En échange, le reste de la communauté internationale s'engage à ne pas acquérir d'armes nucléaires et à accepter les vérifications sur le terrain », a rappelé le Secrétaire général.

« Aujourd'hui ces deux piliers sont remis en cause », a déploré Kofi Annan qui a souligné le fait que des milliers d'armes nucléaires sont encore en activité, prêtes à être déclenchées à tout instant et que la « doctrine politico-militaire » actuelle semble prête à accepter le recours à des armes plus puissantes lors de conflits.

Rendant hommage au Japon, le Secrétaire général a rappelé que « cette nation était parvenue au succès tout en s'engageant à ne pas fabriquer ni posséder d'armes nucléaires », envoyant un message fort au monde entier.

« Vous avez montré qu'un Etat n'a pas besoin d'armes nucléaires pour être 'normal' et qu'il n'a pas besoin d'être armé jusqu'aux dents pour avoir une influence », a dit Kofi Annan.

« Les sources de la véritable grandeur sont ailleurs. J'ai peur néanmoins que le monde soit en train de perdre de vue cette vérité première », a-t-il ajouté.

Comme il l'a déjà fait à de nombreuses reprises, le Secrétaire général a déploré le fait que la communauté internationale avait échoué à deux reprises, l'année passée, de renforcer le régime de non-prolifération du TNP : lors de la conférence d'examen du TNP et lors du sommet mondial 2005 (dépêche du 01.02.06).

« Tel un somnambule, la communauté internationale paraît se diriger » vers un monde « où un nombre croissant d'Etat se sent obligé d'acquérir des armes nucléaires et dans lequel les acteurs non étatiques peuvent acquérir les moyens de commettre des actes de terrorisme nucléaire », a dit Kofi Annan.

Le Secrétaire général a engagé à renforcer le régime de vérification, en convenant de faire du Protocole additionnel de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) le standard mondial pour la vérification du respect des obligations en matière de prolifération nucléaire.

Sur la situation en République populaire démocratique de Corée (Corée du nord), Kofi Annan a estimé que les espoirs soulevés en septembre, lorsque ce pays a accepté d'abandonner ses programmes nucléaires et de rejoindre le TNP et que les Etats-Unis ont affirmé qu'ils n'avaient pas l'intention d'envahir la Corée du nord, rendaient « l'impasse actuelle d'autant plus décevante».

Sur la situation en Iran, le Secrétaire général a estimé « très préoccupant » que l'AIEA n'ait toujours pas été en mesure de vérifier que le programme nucléaire iranien avait des fins purement pacifiques.

« L'Iran doit lever le nuage de suspicion qui pèse sur ses activités nucléaires », a-t-il affirmé.

Kofi Annan a estimé qu'il était « dans l'intérêt de l'Iran de saisir les propositions » faites par l'Union européenne et la Russie.

Il a aussi réitéré son appel à « baisser le ton » et à « s'abstenir de recourir à des mesures ou à une rhétorique de nature à exacerber la situation » (dépêche du 12.05.06, dépêche du 10.05.06 et dépêche du 12.04.06).