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Soudan : Jan Egeland persona non grata au Darfour

Soudan : Jan Egeland persona non grata au Darfour

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Le gouvernement soudanais a refusé d'autoriser la visite au Darfour du responsable des affaires humanitaires des Nations Unies, Jan Egeland, ajoutant qu'il n'était pas non plus bienvenu à Khartoum, la capitale.

« La Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS selon son acronyme anglais) regrette la décision du gouvernement du Soudan de ne pas accepter la visite de Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU », indique un communiqué publié aujourd'hui à Khartoum.

« Le vol de Jan Egeland vers le Soudan n'a pas reçu l'autorisation d'atterrir dans le pays hier ». De plus le Wali du Sud-Darfour a déclaré qu'il était strictement opposé à la visite de M. Egeland. La Représentation permanente du Soudan aux Nations Unies à New York a déclaré qu'il n'était bienvenu ni au Darfour ni à Khartoum où il avait eu l'intention d'avoir des entretiens avec les autorités », précise la Mission.

« Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires devait visiter le Soudan du 2 au 6 avril. Il en avait notifié les autorités soudanaises longtemps à l'avance et avait discuté de sa prochaine visite avec le ministre des Affaires étrangères lors de sa visite à New York début mars ».

L'UNMIS explique que cette visite avait pour objet d'évaluer l'opération humanitaire au Sud-Soudan ainsi qu'au Darfour, dont le fonctionnement s'élève à près de 1,5 milliards de dollars par an.

« Jan Egeland est le plus haut responsable des Nations Unies dans le domaine de l'assistance humanitaire, et donc pour cette opération. Il mène actuellement des efforts pour lever des fonds supplémentaires pour cette mission humanitaire ».

Jan Egeland alerte depuis plusieurs mois sur la dégradation de la situation au Soudan, où les restrictions à l'accès humanitaire sont désormais aussi graves qu'en avril 2004, date de son premier compte-rendu au Conseil de sécurité.

« Nous devons prendre conscience de la terrible réalité dont nos collègues sont témoins sur le terrain. Les meurtres n'ont pas cessé. Les viols, les déplacements forcés et les pillages, dont je vous avais parlé pour la première fois il y a 20 mois, continuent », avait déploré le responsable des affaires humanitaires devant le Conseil de sécurité, au mois de décembre dernier.

La semaine dernière encore, un employé du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), grièvement blessé lors d'une attaque au sud Soudan il y a deux semaines, est décédé des suites de ses blessures dans un hôpital de Nairobi (Kenya) (dépêche du 29.03.06).

Le HCR avait annoncé début mars une réduction de 44% du budget de ses opérations dans la région en raison de la détérioration des conditions de sécurité, qui limite considérablement son action.

« Dans le Sud du Darfour, les milices continuent leurs opérations de nettoyage, village après village », avait dénoncé pour sa part devant le Conseil de sécurité Jan Pronk, Envoyé de l'ONU pour le Soudan et chef de l'UNMIS.

Jan Pronk avait demandé un renforcement des forces de paix au Darfour et prévenu que l'insécurité dans cette région est une menace à la paix dans tout le pays.

Le Conseil de sécurité a prorogé le vendredi 24 mars la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS), demandant par ailleurs au Secrétaire général de prévoir le passage de la Mission de l'Union africaine au Soudan - opérationnelle au Darfour - à une opération de maintien de la paix des Nations Unies (dépêche du 27.03.06).

Le conflit entre les mouvements rebelles du Darfour et le gouvernement a débuté en février 2003. Il a déjà provoqué la mort de près de 100.000 civils et le déplacement de plus de deux millions de personnes. Le gouvernement est accusé d'avoir armé les milices arabes « janjaouites » qui terrorisent les populations.