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Au Darfour, les opérations de nettoyage continuent, village après village, dénonce Jan Pronk

Au Darfour, les opérations de nettoyage continuent, village après village, dénonce Jan Pronk

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« Dans le Sud du Darfour, les milices continuent leurs opérations de nettoyage, village après village », a dénoncé aujourd'hui devant le Conseil de sécurité Jan Pronk, l'Envoyé de l'ONU pour le Soudan, qui demande un renforcement des forces de paix au Darfour et qui prévient que l'insécurité dans cette région est une menace à la paix dans tout le pays.

« Les assassinats, les viols et les abus des droits de l'homme, commis au Darfour, en violation directe des accords existants et des résolutions du Conseil de sécurité, constituent une menace à la paix dans l'ensemble du Soudan », a répété aujourd'hui Jan Pronk, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, qui dressait un nouveau bilan de la situation au Darfour et, plus généralement, au Soudan, devant le Conseil de sécurité réuni en séance publique.

image• Retransmission de la séance publique [29mins]

« Dans le Sud du Darfour, les milices continuent leurs opérations de nettoyage, village après village. Le gouvernement ne les a pas désarmées. Bien au contraire », a dénoncé le Représentant spécial.

Jan Pronk a ainsi souligné que l'accord de cessez-le-feu de N'Djamena – signé en avril 2004 - était violé jour après jour. « Le cessez-le-feu ne fonctionne pas, le Comité mixte ne se réunit pas, les sanctions prévues avec l'établissement du Groupe d'experts du Conseil de sécurité n'existent qu'en théorie », a-t-il déploré.

Dans la mesure où la stratégie de paix des Nations Unies ne fonctionne pas, il faut selon lui, adopter une nouvelle stratégie « en trois étapes ».

Le Représentant pour le Soudan avait déjà reconnu, au mois de janvier dernier, que la « stratégie de paix » des Nations Unies au Darfour avait « échoué » dans la mesure où les attaques contre les civils continuent et que les milices janjaouites, responsables des pires atrocités, ne sont pas désarmées (dépêche du 13.01.06).

« Tout d'abord, il convient de conclure rapidement un accord à Abuja sur le pouvoir et le partage de la richesse, lequel serait suivi d'un dialogue inclusif sur le Darfour : un dialogue sur le Darfour entre toutes les parties prenantes, y compris la société civile, afin de le rendre durable », a estimé Jan Pronk.

Un accord de paix entre les mouvements rebelles du Darfour - Armée/Mouvement de Libération du Soudan (A/MLS) et Mouvement pour la Justice et l'Egalité (MJE) – et le gouvernement est actuellement en négociation à Abuja.

« Il faut ensuite, a ajouté le Représentant du Secrétaire général, un nouvel accord de cessez-le-feu qui puisse tenir, ce qui exige notamment un texte sans équivoque, des sanctions très claires pour les violations ».

Jan Pronk a enfin plaidé pour « une force de paix énergique, suffisamment large pour être présente partout où cela est nécessaire et suffisamment forte pour dissuader toutes les attaques, et ayant une durée suffisante pour assurer la confiance entre tous au Darfour, y compris les réfugiés potentiels ».

Le Secrétaire général avait plaidé, le mois dernier, pour l'envoi d'une force des Nations Unies - plus importante, plus robuste et plus mobile - que l'actuelle force de l'UA déployée en 2004 - qui compte actuellement 7000 hommes (dépêche du 23.01.06).

Dans la foulée, le Conseil de sécurité avait demandé au Secrétaire général d'étudier « différentes options » dans la perspective d'une transition (dépêche du 13.01.06).

Le conflit entre les mouvements rebelles du Darfour et le gouvernement a débuté en février 2003. Il a déjà provoqué la mort de près de 100.000 civils et le déplacement de plus de deux millions de personnes. Le gouvernement est accusé d'avoir armé les milices arabes « janjaouites » qui terrorisent les populations.

image• Jan Pronk interrogé par la presse à l'issue de la séance du Conseil de sécurité [16mins]

Poursuite des assassinats, des viols et des abus des droits de l'homme dans le Darfour, violence, insécurité et pauvreté dans le sud, tension dans l'est, le Soudan fait face à de nombreux défis, a indiqué l'Envoyé de l'ONU.

Egalement Chef de la Mission préparatoire des Nations Unies au Soudan (MINUS), Jan Pronk a dressé aussi le bilan de la situation dans la région du Sud-Soudan.

« Même si l'Accord de paix global est encore sur les rails, un climat de méfiance s'accroît sur le terrain entre le parti du Congrès national et le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) », a-t-il indiqué.

Un accord de paix global a été signé, le 9 janvier 2005, entre le gouvernement du Soudan et le MPLS, après 21 ans de guerre civile.

« Le Sud-Soudan souffre d'une grande pauvreté, d'une grande insécurité tandis qu'aucun projet de reconstruction ni de désarmement n'a été mis en œuvre, a précisé le Chef de la Mission. Ainsi, l'absence de projets visant la reconstruction des communautés locales et leur développement est le plus grand défi que connaît la paix à l'heure actuelle ».

« Les mécanismes de sécurité prévus dans l'Accord de paix global ne sont toujours pas fonctionnels et le gouvernement du Soudan a par ailleurs réduit la marge de manœuvre de la MINUS dans la zone d'Abyei », a-t-il déploré.

« Il s'agit à nos yeux d'une violation de l'Accord de paix global », a-t-il insisté.

Le Conseil de sécurité était saisi des deux derniers rapports mensuels du Secrétaire général sur la situation dans le pays – le rapport mensuel sur le Darfour et le rapport mensuel sur le Soudan.

Des consultations à huis clos entre les membres du Conseil ont eu lieu après la réunion publique.

Voir l'ensemble des déclarations de la séance publique dans le communiqué de l'ONU.