L'actualité mondiale Un regard humain

Iran : Mohamed ElBaradei regrette que la question nucléaire soit toujours aussi "floue"

Iran : Mohamed ElBaradei regrette que la question nucléaire soit toujours aussi "floue"

media:entermedia_image:5453c60a-1bc1-4274-a6b5-5d00a7f6e963
Présentant au Conseil des gouverneurs à Vienne son dernier rapport sur l'Iran qui sera transmis au Conseil de sécurité à New York, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a regretté aujourd'hui que la situation concernant la nature du programme nucléaire iranien soit « toujours aussi floue », laissant entrevoir une possible dimension nucléaire militaire.

« Aucune indication permettant de faire état d'une diversion du matériel nucléaire vers des armes nucléaires n'a été noté pendant les inspections de l'AIEA. Cependant, il y a toujours de grandes incertitudes qui ont besoin d'être clarifiées », a déclaré aujourd'hui Mohammed ElBaradei, directeur général de l'Agence, lors d'une conférence de presse donnée aujourd'hui à Vienne, avant la présentation de son dernier rapport sur l'Iran au Conseil des gouverneurs.

« Malheureusement, la situation est toujours aussi floue quant à l'étendue et quant à la nature du programme nucléaire iranien », a affirmé le directeur de l'AIEA devant les journalistes.

Mohammed ElBaradei avait transmis la semaine dernière aux Etats membres de l'AIEA son dernier rapport sur le dossier nucléaire iranien, présenté officiellement aujourd'hui au Conseil des gouverneurs de l'Agence (dépêche du 28.02.06).

Les 35 pays membres du Conseil des gouverneurs devraient se prononcer sur la question mardi après-midi ou mercredi matin. « Je ne m'attend pas à ce que le Conseil adopte une résolution sur la question iranienne à moins d'une découverte ou d'un accord positif », a précisé le directeur de l'Agence aux journalistes.

« Presque toutes les capitales sont engagées à essayer de trouver une solution. Tout le monde reconnaît que la question met gravement en cause la paix et la sécurité internationale. Le Moyen Orient dans son ensemble risque gros. Chacun sait qu'une escalade n'aidera pas une situation devenue extrêmement instable dans la région », a rappelé Mohammed ElBaradei.

« Ce que chacun voudrait voir, c'est un équilibre entre le droit de l'Iran à utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques et l'assurance pour la communauté internationale que le programme est bien poursuivi à des fins pacifiques uniquement. Arriver à un équilibre, c'est l'art de la diplomatie créative dans laquelle chacun est engagé aujourd'hui », a fait observer le directeur.

« Il y a plusieurs options mais seulement une solution, a estimé le directeur. La seule solution que je vois serait un accord qui couvre la question nucléaire, la question de la sécurité et les questions économiques et politiques, qui sont toutes liées », a estimé Mohammed ElBaradei.

« La confrontation pourrait être contreproductive. Elle ne nous fournira pas une solution durable. Le plus tôt les parties reviendront à la table des négociations, le mieux ce sera pour tout le monde », a estimé le directeur qui a appelé, dans le même temps, les parties à la retenue dans leurs déclarations publiques.

Comme le Conseil des gouverneurs le lui avait demandé en février, Mohammed ElBaradei va transmettre son dernier rapport sur l'Iran, ainsi que tous ceux qui concernent le dossier nucléaire iranien, au Conseil de sécurité.

A l'issue d'une réunion « extraordinaire » sur la question du nucléaire iranien, le Conseil des gouverneurs avait adopté, le 4 février dernier, une résolution demandant le transfert du dossier iranien, c'est-à-dire de « tous les rapports et résolutions relatifs à la mise en œuvre des garanties en Iran », au Conseil de sécurité.

Le texte demandait également à l'Iran de « rétablir pleinement et rapidement sa coopération avec l'Agence », ce qui permettrait de « clarifier les possibles activités qui pourraient avoir une dimension nucléaire militaire » (dépêche du 06.02.06).

Les membres du Conseil de sécurité avaient fait savoir, à plusieurs reprises, qu'ils ne prendraient pas de mesures avant la présentation du rapport de Mohammed ElBaradei (dépêche du 03.02.06).

César Mayoral, représentant permanent de l'Argentine auprès des Nations Unies et président du Conseil de sécurité pour le mois de mars, avait fait entendre vendredi dernier que ses membres pourraient tenir des consultations à huis clos sur la question dès cette semaine (dépêche du 02.03.06).

L'Iran avait provoqué, début janvier, une crise diplomatique en annonçant la reprise de ses activités liées à l'enrichissement de l'uranium qui sert à fabriquer du combustible pour les centrales nucléaires civiles mais qui peut-être utilisé pour la fabrication de l'arme atomique (dépêche du 11.02.06).