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Controverse des caricatures : avec l'UE et l'OCI, Kofi Annan appelle au calme et au dialogue

Controverse des caricatures : avec l'UE et l'OCI, Kofi Annan appelle au calme et au dialogue

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Suite à la flambée de violence provoquée par la publication des caricatures du prophète Mahomet, le Secrétaire général, l'Union européenne et l'Organisation de la Conférence islamique ont appelé aujourd'hui au calme, soulignant que si la liberté de la presse devait s'exercer avec responsabilité, les récentes attaques dépassaient les limites des protestations pacifiques.

« Nous sommes profondément alarmés par les répercussions de la publication au Danemark, il y a de cela plusieurs mois, de caricatures insultantes du prophète Mohamet et de leur publication subséquente par plusieurs autres journaux européens, ainsi que par les actes de violence qui sont intervenus en réaction », ont affirmé le Secrétaire général, l'Union Européenne et l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), dans une déclaration conjointe publiée aujourd'hui.

« La détresse ressentie dans le monde arabe à la publication de ces caricatures choquantes est partagée par toutes les personnes et les communautés qui reconnaissent la sensibilité de convictions religieuses profondes. Dans toute société, il faut faire preuve de sensibilité et de responsabilité dans le traitement de questions qui peuvent revêtir une signification particulière pour les croyants de toute religion, même par ceux qui ne partagent pas les croyances en question », ont encore dit l'ONU, l'UE et l'OCI.

« Nous soutenons pleinement le droit à la liberté d'expression. Mais nous comprenons les profondes blessures et l'indignation profonde ressentie dans le monde musulman », déclarent les trois auteurs qui estiment que « la liberté de la presse emporte une responsabilité et exige une appréciation et devrait respecter les croyances et les piliers de toutes les religions ».

« Mais nous croyons aussi que les récents actes de violence dépassent les limites des protestations pacifiques. En particulier, nous condamnons fermement les déplorables attaques dirigées contre les missions diplomatiques intervenues à Damas, à Beyrouth et ailleurs. Les attaques contre les personnes et contre les biens ne peuvent qu'endommager l'image d'un Islam pacifique. Nous appelons les autorités de tous les pays à protéger tous les locaux diplomatiques et les citoyens étrangers contre de telles attaques arbitraires », ajoute-t-ils.

« Ces événements rendent la nécessité d'une reprise du dialogue entre communautés de différentes confessions et autorités de différents pays d'autant plus urgente. Nous les exhortons à lancer un appel au calme et à la retenue, dans un esprit d'amitié et de respect mutuel », conclut le message d'aujourd'hui.

« La colère ne justifie pas la violence », surtout « contre des personnes qui n'ont ni responsabilité ni contrôle sur des publications » qui peuvent être jugées offensantes, a déclaré dimanche dernier Kofi Annan (voir notre dépêche du 5 février 2006).

Vendredi dernier, les ambassades du Danemark et de la Norvège ont été incendiées à Damas, en Syrie. Samedi, c'est l'ambassade du Danemark à Beyrouth, au Liban, qui a été incendiée par une foule de manifestants (voir notre dépêche du 5 février 2006).

La semaine dernière, de nombreuses protestations, allant de boycotts économiques à des menaces d'attaques de la part de plusieurs groupes palestiniens, ont été émises dans le monde arabo-musulman, après la publication dans un journal danois de caricatures représentant le prophète Mahomet.

Saisi de demandes de plusieurs pays arabes visant à sanctionner le journal responsable de la publication, le gouvernement danois a objecté le principe de la liberté de la presse.

Après que le journal danois a présenté des excuses, le 31 janvier dernier, les caricatures ont été republiées dans plusieurs journaux européens, au nom de la liberté de la presse.

Aujourd'hui, la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a également fait part de sa préoccupation à l'égard des violentes manifestations qui se sont déroulées dans le pays (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

Voir aussi nos dépêches du 5 février, du et du 3 février 2006.